Le Timbre-PosteAnnée 1870

Journal du collectionneur, de Moens en février 1863.

https://archive.org/details/timbreposteetlet18631brus

 

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N°85
8 pages
Janvier 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.

Un de nos confrères s'étonne de voir admis à la circulation les timbres non dentelés signalés par
nous le mois dernier. Nous ne comprenons pas cet étonnement. Il n'est à notre connaissance aucun
décret stipulant que, pour être valables, les timbres doivent être piqués. Un tout autre accueil est fait
par ce même confrère aux 15 cent, chiffres-taxes, percés. D'où lui vient cette divergence d'idées ? De
la facilité pour lui d'obtenir ces derniers timbres par l'entremise d'un Directeur des Postes de la province
et de la difficulté d'avoir les premiers. Ils sont trop verts dirait le renard de la fable.
La Correspondance générale de Paris contient les lignes suivantes qui peuvent intéresser les limbrophiles
si elles sont vraies; mais la date du 1er avril qu'on assigne à l'exécution du projet permet d'en douter.

« Un ordre significatif vient d'être envoyé à la Monnaie. Cet ordre porte que, à dater du 1er avril prochain,
la double effigie de Napoléon III et de son fils figureront (.sic) sur toutes espèces de monnaie. Nous disons
qu'il est significatif, parce qu'il semble indiquer, conformément à nos renseignements d'hier, que l'association
du prince impérial à l'empire aura lieu dans le courant du mois d'avril. Sur le projet de modèle, joint à l'avis
qu'on nous dit avoir élé adressé à la Monnaie, le profil du jeune prince figure à la droite de celui du chef de
l'État : la couronne de laurier traditionnelle ceint les deux fronts. »

Le Prince Impérial couronné de lauriers, ce sera magnifique !

...

Page 5 - Les timbres douteux.

Page 5 - Les timbres Post Office de Maurice, par le Dr Magnus.

 

N°86
8 pages
Février 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.
On nous dit que les 30 et 40 cent, ont été vus non dentelés.

...

Page 13 - Timbres Télégraphe.

La France, dit M. H. Boyer (Timbrophile n° 62) a cinq catégories de timbres mobiles fiscaux, c'est-
à-dire destinés à constater la perception de droits autres que les droits de poste, savoir: les timbres
d'effets de commerce, de dimension, de droits fixes, télégraphe et de journaux.
En comprenant les timbres-télégraphe parmi les timbres fiscaux, M. Boyer perd de vue ce que c'est
qu'un timbre fiscal. Fiscal est synonyme d'impôt, charge, contribution, mais n'a jamais signifié taxe,
port. Nous comprenons que les timbres d'effets, de dimension, de droits fixes et de journaux qui payent
l'impôt obligé de certains objets, soient considérés comme timbres fiscaux, mais les timbres-télégraphe
qui acquittent le port des dépêches comme, les timbres-poste acquittent celui des correspondances et
imprimés, ne peuvent pas, ne doivent pas être classés dans la catégorie des timbres fiscaux.
Les timbres télégraphe ont avec les timbres-poste un tel rapprochement qu'il nous semble qu'on ne
peut collectionner l'un sans l'autre. N'acquittent-ils pas tous deux les frais d'envoi de la pensée écrite?
Au reste, les postes et télégraphes ne font généralement qu'un. En Espagne, par exemple, on paye
les télégrammes au moyen de timbres-poste. On fait de même aujourd'hui en Angleterre.
Nous ne troublerons pas leur incognito puisqu'ils y tiennent, mais nous connaissons des collectionneurs
qui admettent dans leur album les timbres taxe de journaux de Parme, Toscane, Autriche,
Lombardie, etc., qui n'ont aucun rapport avec le timbre-poste, destinés qu'ils sont ou qu'ils étaient
à constater l'impôt dont sont ou étaient frappés les journaux et qui refusent les timbres télégraphes
sous prétexte que ce sont des timbres fiscaux !
Espérons que ces lignes les feront revenir de leur erreur; cependant nous n'y comptons pas trop : ce
sont des pécheurs endurcis.

...

Page 15 - Le 10 kopeck noir de Finlande, par le Dr Magnus.

 

N°87
8 pages
Mars 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.
Outre les 30 et 40 cent., tête laurée, nous avons vu le 10 cent, non dentelés.

...

Page 20 - Variétés du 5 Reis de Don Pedro, par le Dr Magnus.
(Portugal).

Page 23 - Timbres d'Espagne et colonies, avec la marque : HABILITADO par Mariano Pardo de Figueroa,
(de l'Académie d'histoire).

Page 24 -Les timbres de Zurich.

 

N°88
8 pages
Avril 1870

 

Chronique.

Page 28 - A propos du timbre de Koorshedjah.

Page 28 - Des enveloppes timbrées, par le Dr Magnus.
(Suite. — Voir le n° 82.)

Page 30 - Ce qu'est le timbre-poste, par E. L.h.

 

N°89
8 pages
Mai 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.
Le 1 cent tête laurée est paru depuis quelque temps, nous écrit-on. Et on ne nous le disait pas ! Le type
est semblable aux 2 et 4 cents, c'est-à-dire avec chiffres placés aux angles inférieurs.

...

Page 35 - Le sobre porte sur papier blanc, de la Nouvelle-Grenade.

Page 36 - Le 50 milesimas 1867 d'Espagne.

Page 37 - Des enveloppes timbrées, par le Dr Magnus.
(Suite. — Voir le n° 88.)

Page 38 - Les timbres " Post Office " de Maurice, par J.P.

Suivi d'une réponse du Dr Magnus.

Page 40 - Bibliothèque des timbrophiles.

Il a paru ces jours-ci, à Madrid, un opuscule de 24 pages signé docteur Thebussen, nom de guerre
de notre collaborateur Mariano Pardo de Figueroa.
C'est le premier écrit, traitant les timbres-poste, qui ait été publié en langue espagnole. La presse
a daigné s'occuper de cette brochure et a bien voulu lui décerner des éloges certainement mérités. Nous
espérons que l'auteur n'en restera pas là et qu'il trouvera en Espague des imitateurs, malgré tout le
bonheur qu'on y éprouve pour la vie contemplative.
Nous recommandons tout particulièrement cette brochure aux timbrophiles espagnols et à ceux qui
possèdent la langue comme un de nos savants confrères.
La brochure a pour titre : Kpankla ou Cul para encalar. C'est-à-dire : Chaux pour blanchir. Il n'y a eu que 150 exemplaires de tirés !

 

N°90
8 pages
Juin 1870

 

Chronique.

Nouvelles timbrophiliques.

La cinquième édition du catalogue Gray, revue et corrigée par Overy Taylor, vient de paraître.

Les éditeurs, MM. Alfred Smith et Co, ont intercalé dans le texte une grande quantité de types, ce
qui donne un certain attrait au livre.

Nous n'avons fait que le parcourir rapidement, mais il nous paraît renfermer tout ce qui a paru
jusqu'à ce jour.

On ne saurait assez encourager les éditeurs à persévérer dans leur entreprise, les catalogues prix-
courants ayant tué les catalogues tels que celui que nous annonçons, cependant très utiles.

On nous dit que le Continental Philatélie Magazine est mort de langueur.
Partisan de la métempsycose, M. Van Rinsum a fait passer l'âme de son journal dans le corps du
General Stamp Advertiser, dont il vient de faire paraître le premier numéro, dans des limites plus
étroites que le défunt. Souhaitons-lui longue vie.

En parlant de journaux, on nous demandait pourquoi le Collectionneur de timbres-poste était considéré
comme le plus malade des journaux timbrophiliques. Mais nous l'avons déjà dit, répondîmes-nous.

Il est le plus malade, répartit-on, parce que c'est un journal Maury bon, depuis la perte de son collaborateur.

 

N°91
8 pages
Juillet 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.
« Paris a appris à la Belgique et à l'Angleterre que certains de ses timbres avaient un filigrane »
(Timbrophile n° 41); il importe aujourd'hui à Bruxelles d'apprendre à la France que son timbre
de 5 francs est frappé d'un chiffre 5 où nous avons reconnu plusieurs variétés.
...

DE LA FALSIFICATION DES TIMBRES-POSTE ou nomenclature de toutes les imitations et falsifications ainsi que des divers timbres d'essais de tous pays,
Par J.-B. Moens, PRIX : UN FRANC, FRANCO.

 

N°92
8 pages
Aout 1870

 

Chronique.

...

France.

Le Timbrophile annonce que les 30 centimes, ont le fond ligné horizontalement au lieu de l'avoir uni.
...

Page 59 - Des enveloppes timbrées, par le Dr Magnus.
(Suite. — Voir le n° 89.)

Page 61 - La carte-correpondance.

Page 61 - A propos de lunettes.

 

N°93
8 pages
Septembre 1870

 

Chronique.

...

ALSACE ET LORRAINE.

Les tristes événements
dont souffrent aujourd'hui
les deux malheureuses pro-
vinces françaises occupées
par les troupes prussiennes,

nous obligent à parler d'une émission de timbres créés par les soins de l'administration
des postes de la Prusse.

Le service des postes ayant été rétabli, les timbres ont été mis en circulation depuis peu.
Guerre, révolution, changement de gouvernement se traduisent maintenant par : émission de timbres-
poste. Personne ne sera donc surpris de cette émission.
Lorsqu'en 1864 la Prusse poussa une reconnaissance dans le duché de Holstein, elle émit des timbres-
poste dont le dessin ne différait des timbres danois remplacés, que par la suppression des armoiries
suspectes de ce pays ; mais dans le fond se détachait un petit P, à peine visible, qu'il était permis
de prendre pour la première lettre de Poste, mais qui signifiait clairement : Prusse, pour qui
voyait le jeu de ce pays. Six mois après, suppression du timbre, au petit P. Les idées d'annexion
ayant grandi, la dimension du P devait être inévitablement doublée sur le nouveau timbre. C'est ce
qui fût. Le grand jour de l'escamotage arriva à son tour: passez muscade; ni vu ni connu, disparu.
Nous ne voyons rien de semblable sur les timbres de l'Alsace et de la Lorraine, ce qui nous rassure un
peu sur le sort réservé aux deux provinces. Il n'y a ni nom de pays ni quoi que ce soit, que pour déterminer
la valeur du timbre. Un gros chiffre occupe le centre ; au-dessous, le mot : centime ou centimes
avec une S; en haut, le mot : Postes et non Bostes comme le prononcent généralement les Allemands.
Chaque timbre est séparé par une ligne de couleur de deux millimètres, tant dans la largeur que dans
la hauteur, au milieu de laquelle est le piquage, contrairement au dessin que nous donnons et qui
est ici en dehors de la ligne de couleur.
L'impression est sur papier blanc burelé de la couleur du timbre ; piquage 14 1/2.
Les couleurs des timbres français ont été conservées pour cette émission, qui n'est que provisoire,
quelles que soient les destinées de ces provinces :

1 centime vert
2 centimes brun
4 centimes gris
10 centimes bistre
20 centimes bleu

Les feuilles de timbres en portent 150 sur 15 rangées. Ce chiffre permet une comptabilité facile,
tant en monnaie française qu'en monnaie allemande et donne en plus, une juste réduction.

 

N°94
8 pages
Octobre 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.

Nous apprenons que l'administration des postes est autorisée à expédier par la voie d'aérostats montés
les lettres ordinaires à destination de la France, de l'Algérie et de l'étranger. Le poids des lettres expédiées
par les aérostats ne doit pas dépasser quatre grammes. La taxe à percevoir pour le transport de
ces lettres reste fixée à vingt centimes. L'affranchissement en est obligatoire. L'administration des
postes est, de plus, autorisée à transporter par la voie d'aérostats libres et non montés, des cartes-
poste portant sur l'une des faces l'adresse du destinataire et sur l'autre la correspondance du public.
Les cartes-poste sont en carton velin, du poids de 3 grammes au maximum et de 11 centimètres de
long sur 7 centimètres de large. L'affranchissement des cartes-poste est obligatoire. La taxe à percevoir
est de 10 centimes pour la France et l'Algérie. Le tarif des lettres ordinaires est applicable aux cartes-
poste à destination de l'étranger. Le gouvernement se réserve la faculté de retenir toute carte-poste qui
contiendrait des renseignements de nature à être utilisés par l'ennemi.

...

Page 76 - Les Habilitados d'Espagne.

Page 77 - Timbres de Moldavie et de Roumanie.

Page 78 - Des enveloppes timbrées, par le Dr Magnus.
(Suite. — Voir le n° 92.)

Page 80 - La franchise des lettres en Espagne en 1716, Mariano Pardo de Figueroa.

Page 80 - VARIA.

 

N°95
8 pages
Novembre 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.

Une note publiée par le Journal Officiel de Paris, annonce qu'à partir du 1er novembre courant les timbres-
postes à l'effigie impériale cesseront d'avoir cours et seront remplacés par un nouveau modèle,
portant une figure de la République, avec l'exergue : Liberté, Egalité, Fraternité.
En appelant notre attention sur cette note, un de nos correspondants trouve la mesure arbitraire.
Arbitraire, en effet, si la chose était fesable, mais l'est-elle? Nous ne le pensons pas.
L'impression des timbres se faisant à l'hôtel des monnaies de Paris, il n'est guère probable que l'administration
générale des postes de cette ville ait pu trouver un moyen d'approvisionner de nouveaux timbres
les différents bureaux des postes départementales. La mesure ne doit donc concerner que Paris,
où chacun aura pu échanger les timbres à l'effigie impériale contre ceux au nouveau type.
Des raisons d'économie ont déterminé depuis, dit-on, l'administration des postes de France à
épuiser les anciennes figurines qu'elle possède en grand nombre, avant de mettre en circulation les
timbres nouveaux. Est-ce bien la raison d'économie ou est-ce devant l'impossibilité d'approvisionner les
départements que cette mesure a vu le jour ? Mais nous y songeons. Est-ce que par hasard l'image de
Sa Majesté.... l'Empereur.... Napoléon III, couronné de.... lauriers(l) effaroucherait nos fiers républicains ?
Dans ce cas, ils ont tort. Cette image, aussi glorieuse qu'elle puisse être ou qu'elle paraisse être
ne saurait nuire à l'état actuel des choses; au contraire. Nous ne voyons donc pas qu'il y ait nécessité
absolue de tant hâter rémission des timbres à l'effigie de la République, alors que la France n'a pas
encore fait cboix d'un gouvernement.
M. Ch. Roussin, le premier de tous nos correspondants parisiens qui ait eu quelque souvenir de nous
depuis l'investissement de Paris, nous a communiqué, en date du 15 octobre dernier, deux timbres,
les seuls parus à cette date, qu'il croit provisoires et qui appartiennent au type émis en 1849.
L'impression a eu lieu sur les anciennes planches des timbres de la République conservées à l'hôtel
des Monnaies. Les timbres ont été piqués 13 1/2.
II n'y a que deux valeurs :
10 centimes, bistre.
20 centimes, bleu.
Donc, point de liberté, d'égalité, ni de fraternité sur les timbres, mais par contre sur tous les monuments.
Ça fait bien, ça sonne agréablement aux oreilles et puis c'est tout. C'est l'absence de ces
mois qui fait dire probablement à M. Roussin que les timbres ne sont que provisoires.
Il est possible qu'il s'urgisse dans les départements d'autres timbres provisoires, là où certaines
valeurs manqueront.
A propos de timbres de la République M. W. en possède un fort rare, type 1849. C'est un 20 centimes
bleu qui a passé par la poste. Il porte le n° du bureau d'origine.
On sait qu'il fut question, lors de l'émission du 25 cent, bleu, d'émettre provisoirement un timbre
de 20 centimes, de cette couleur, avec la surcharge ¦ en rouge 25 cent. On craignait à cette époque de ne
pouvoir livrer les timbres pour la date fixée, les planches du 25 centimes n'étant pas prêtes. On imprima
donc des 20centimes bleu et on en surchargea une partie. Le 25 centimes ayant pu paraître à sa
date, les 20 centimes bleus devenaient inutiles : on les détruisit. Une feuille de 20 centimes passa
probablement avec celles de 25 centimes, dont les timbres avaient la couleur; elle fut débitée en tout
ou en partie par le bureau n° 7280.

...

Page 85 - Le siège de Paris et la timbrophilie.

Paris, le 6 novembre 1870.
Monsieur le Directeur,
Depuis que l'invasion en France de l'armée allemande, en appelant sous les armes toute la population
valide du pays, a suspendu toutes les affaires, l'étude des timbres s'est gravement ressentie pour nous de
cette perturbation violente. Tandis que notre ami B. L. subissait à Strasbourg un siège épouvantable
dont nous ignorons encore les résultats pour lui, d'autres à Paris fuyaient précipitamment devant
l'invasion ou le renversement du gouvernement impérial. Le plus grand nombre restait dans la ville et
concourait à sa défense dans les rangs de la garde nationale. Sans parler des nombreux dérangements
occasionnés par les exercices de tous les jours, les gardes sur le rempart, qui ont été communes à tout
le monde, il nous a fallu à nous, habitants de la banlieue, quitter précipitamment nos pénates, emportant
nos effets les plus précieux. Comme vous le pensez bien, ma collection n'a pas été oubliée ; mais elle
est emballée dans quatre ou cinq caisses ou cartons, où il n'est guère facile de la consulter pour le
moment. Impossible donc de continuer la révision de mon manuscrit sur les enveloppes timbrées
et de vous en envoyer la copie. C'est un travail que nous reprendrons à la paix. Je veux seulement vous
apprendre, si vous ne les connaissez pas, certaines particularités qui pourront intéresser vos lecteurs.
L'investissement de Paris par l'armée allemande a été, dès le début, aussi complet que possible et
quelques individus isolés ont seuls pu franchir les lignes ennemies pour pénétrer dans la ville. Impossible
de compter sur des moyens aussi restreints pour communiquer avec le dehors. Il a donc fallu
songer à des procédés plus réguliers qui ont été les aérostats et les pigeons. A la date du 26 septembre,
le gouvernement de la défense nationale rendait les deux décrets suivants :

PREMIER DÉCRET.

Art. 1 er . L'administration des postes est autorisée à expédier par la voie d'aérostats montés les
lettres ordinaires à destination de la France, de l'Algérie et de l'étranger.
Art. 2. Le poids des lettres expédiées par les aérostats ne devra pas dépasser 4 grammes.
La taxe à percevoir pour le transport de ces lettres reste fixée à 20 centimes.
L'affranchissement en est obligatoire.
Art. 3. Le ministre des finances est chargé du présent décret.
(Suivent les signatures.)

DEUXIÈME DÉCRET.

Art. 1er . L'administration des postes est autorisée à transporter, par la voie d'aérostats libres et non
montés, des cartes-postes portant sur l'une des faces l'adresse du destinataire et sur l'autre la correspondance
du public.
Art. 2. Les cartes-postes sont en carton vélin du poids de 3 grammes au maximum, et de 11 centimètres
de long sur 7 centimètres de large.
Art. 3. L'affranchissement des cartes- postes est obligatoire.
La taxe à percevoir est de 10 centimes pour la France et l'Algérie.
Le tarif des lettres ordinaires est applicable aux cartes-postes à destination de l'étranger.
Art. 4. Le gouvernement se réserve la faculté de retenir toute carte-poste qui contiendrait des renseignements
de nature à être utilisés par l'ennemi.
Art. 5. Le ministre des finances est chargé de l'exécution du présent décret.
(Suivent les signatures.)
Le lendemain, le nouveau directeur des postes faisait publier le règlement suivant :
» En exécution des décrets qui précèdent, le directeur général des postes a l'honneur d'informer le
public que l'ascension des ballons montés ne pouvant avoir lieu qu'à des époques indéterminées, des
ballons libres seront lancés à partir de demain, 28 septembre, si le temps le permet.
» Les correspondances que le public voudrait tenter de faire parvenir par ce moyen devront être écrites
sur carton-vélin, du poids de 3 grammes au maximum, et ne dépassant pas les dimensions d'une enveloppe
ordinaire, savoir : longueur, 11 centimètres; largeur, 7 centimètres. Cette carte sera expédiée à
découvert, c'est-à-dire sans enveloppe, et l'une des faces sera exclusivement réservée à l'adresse.
» L'affranchissement en timbres-postes desdites cartes, fixé à 10 centimes pour la France et l'Algérie,
sera obligatoire ; celles qui seraient adressées à l'étranger devront être affranchies d'après le tarif
des lettres ordinaires.
» Le public comprendra qu'il n'est possible de confier aux ballons non montés que des correspondances
à découvert, à cause du défaut de sécurité de ce mode de transport et du risque que courent ces ballons
de tomber dans les ligues prussiennes.

Les lettres fermées que le public entendra réserver pour être acheminées par les ballons montés devront
porter sur l'adresse la mention expresse : par ballon monté. L'affranchissement en sera également
obligatoire, d'après les tarifs actuellement en vigueur, tant pour l'intérieur que pour l'étranger.
» Le poids desdites lettres ne devra pas dépasser 4 grammes.
» Dans le cas où toutes les lettres recueillies ne pourraient être expédiées par le ballon monté en
partance, la préférence sera donnée aux lettres les plus légères. »
Paris, 27 septembre 1870.

G. Rampont.
De ces deux moyens, les ballons libres et les ballons montés, je crois qu'il a été fait très peu usage
des premiers, le départ des seconds n'ayant pas tardé, grâce aux soins de MM. Godard et Nadar, à
prendre une régularité et une fréquence qui satisfaisaient amplement tous les désirs du public.
La carte-poste a donc été employée en France pour la première fois pendant le siège de Paris;
mais comme la carte de la Confédération de l'Allemagne du Nord, elle ne porte pas son affranchissement.
On s'est servi de simples morceaux de carton vélin du poids et de la dimension réglementaires ou
de morceaux de ce même carton portant la formule imprimée par les soins de particuliers, sur lesquels
on appliquait les timbres-postes en usage. L'expédition par les ballons montés a pris au contraire une
très grande extension. La lettre close qu'on pouvait leur confier ne devant pas dépasser le poids de quatre
grammes, on a préparé divers papiers fins, mais non transparents, qui permettent aux défenseurs de
Paris de donner à leur famille certains détails que les Prussiens ne doivent pas connaître ou que le
gouvernement a intérêt à cacher. Une de ces formules est constituée par un petit feuillet double
de 13 centimètres sur 10 environ. La première page porte en tête, imprimé : Paris, le 1870.
La quatrième Par ballon monté — Placer ici le timbre-poste. — Affranchissement: France et Algérie,
20 centimes ; étranger, taxe ordinaire. En pliant le feuillet, suivant les lignes tracées, on obtient le
billet réglementaire.
Une deuxième formule sur papier azuré (celle où j'écris) porte sur la page destinée à l'adresse les
armes de la république, soit une sorte de pierre funéraire, portant les mots : Liberté, Egalité, Fraternité;
au-dessus, République française dans une gloire, et une main dont les deux derniers doigts
sont fermés; au-dessous deux mains qui s'étreignent, comme sur les anciens timbres de la République
argentine ; le tout entouré de drapeaux et de branches de chêne et de laurier et appuyé sur une
ancre. Des sentences en allemand et en français sont imprimées sur le surplus de la page. Est-ce
une satire que cette épitaphe de la République française, un projet de monument funèbre conforme à
sa modestie ? Je laisse à vos lecteurs le soin de décider.
Enfin, un troisième type est à la fois une lettre et un journal. Deux pages imprimées contiennent le
récit succinct des événements des derniers jours; la troisième est destinée aux épanchements de la
famille; la quatrième porte l'adresse du destinataire.
L'idée ayant paru bonne, elle a donné lieu à la Lettre Journal, à la Gazette des absents.
Quoi qu'il en soit, les ballons montés ont emporté toutes nos lettres pour nos chers absents.
Un avis de l'administration nous apprenait il y a peu de jours qu'au moment de l'investissement, il
existait à Paris un stock de plus de 1800 kilos de lettres; que les ballons partis ont enlevé non seulement
toutes les dépêches remises chaque jour à la poste, mais une partie des anciennes et qu'aujourd'hui
tout est parti et parvenu sans doute à sa destination. Les succès obtenus par l'arrivée en lieu
sûr de tous les ballons ont engagé l'administration à recevoir les mandats de poste ne dépassant pas la
somme de trois cents francs, mais la délivrance se fait par les procédés ordinaires.
Voilà pour l'expédition; mais pour la réception, combien avons-nous à désirer. Les dernières lettres
reçues l'ont été le 17 ou le 18 septembre. Depuis cette époque, à un petit nombre d'élus ont été distribuées
les lettres apportées par de rares courriers échappés à la vigilance prussienne. Le gouvernement
ne correspond avec Tours qu'à l'aide des pigeons voyageurs qu'emportent les ballons et qui
nous rapportent des dépêches photographiées microscopiques. Ce n'est pas là de la correspondance
régulière, et si nos amis nous écrivent, au petit bonheur, quelle masse de wagons faudra-t-il employer
pour nous apporter ces lettres qui doivent encombrer tous les bureaux de poste des principales directions.
Je ne vous ai parlé que des lettres. Des journaux et des imprimés, il n'en est plus question. Le journal
officiel seul est emporté par les ballons montés.
Nous avons vu comment le troisième type de lettres a cherché à y suppléer.
Parlons maintenant des timbres-postes. Quelque temps avant l'investissement de Paris, la direction
générale avait en magasin des timbres pour une valeur d'environ 15 millions. Par les soins de M. Vandal,
ce stock fut disséminé dans tous les chefs-lieux de département de la France pour servir à leur approvisionnement
pendant l'interruption des communications et empêcher messieurs les Prussiens de s'en emaprer.
Car ils sont très friands de nos timbres et mettent la main sur tous ceux qu'ils trouvent dans
les caisses de nos bureaux de poste envahis. L'em- pire tombé, les républicains farouches ont trouvé
mauvais qu'on fît usage des timbres à l'effigie de l'ex-empereur. On aurait pu les satisfaire, à la plus
grande joie des collectionneurs, en faisant subir aux timbres une petite addition dans le genre de celle
qui embellit les timbres habilitados d'Espagne. Mais les inventions étrangères sont longues à s'acclimater
en France. Cependant il ne faut pas désespérer d'apprendre quelque jour que le secrétaire en herbe
d'un de nos proconsuls, propriélaire d'une collectionnette de timbres a suggéré à son patron celle
idée sublime!! Mais le nouveau directeur n'eut qu'à se rappeler (ou à apprendre?) qu'il avait existé
déjà en France, une série de timbres-postes à l'effigie de la République, dont les planches de cuivre
conservées pouvaient encore servir. Or, cette série, on se le rappelle avait été émise comme suit :

1er janvier 1849 20 centimes, noir.
  1 franc, vermillon, puis carmin.
Décembre 40 centimes, orange.
1er juillet 1850 25 centimes, bleu.
12 juillet 1850 15 centimes vert
12 septembre 1850 10 centimes bistre


Puis en 1862, les dits timbres avaient été réimprimés en mêmes couleurs, sinon identiques, plus un
20 centimes bleu, dont le correspondant n'avait servi qu'à supporter une surcharge destinée à en faire un
timbre provisoire de 25 centimes, dont on peut trouver des exemplaires dans les collections, mais
qui n'a jamais été émis par l'administration avec ou sans surcharge. Les timbres de 10, 20 et 40
centimes, valeurs encore employées, pouvaient être réimprimées de suite. Les deux premières valeurs,
10 et 20 centimes, trouvent leur usage pour l'acquittement de la taxe des lettres pour Paris et pour
les déparlements. La troisième ne Rappliquant qu'à la taxe étrangère de pays (Italie, Portugal) avec lesquels
la correspondance doit être en ce moment à peu près nulle, pouvait être négligée. On l'a donc laissé
de côté, ainsi que les valeurs de 15, 25 centimes et 1 franc, qui n'entrent plus dans notre système. Cependant
nous ne voulons rien préjuger pour l'avenir.
Les timbres de 10 et 20 centimes ont été émis vers le 14 octobre, ainsi que le constate l'article suivant
du Petit Moniteur universel, du 14 octobre (paru la veille) :

« Depuis hier on a mis en vente au bureau central de l'hôtel des postes les nouveaux timbres de la
République. Les bureaux d'arrondissement de la capitale vont être successivement approvisionnés des
mêmes timbres et avant quelques jours M. Rampont aura satisfait aux aigres réclamations qui lui
ont été adressées à ce sujet par certains républicains. »
Ce qui distingue à première vue ces timbres des anciens et de la réimpression, c'est la présence de
la dentelure. Les timbres de 1849-1850 et de 1852 n'étaient pas piqués. Les timbres actuels le sont et
comme on s'est servi de la même machine que sous l'empire, ils sont comme ceux de cette époque, piqués
13 1/2. La couleur diffère très-peu pour le 20 cent, avec certains exemplaires pâles de la réimpression.
Cela tient surtout à la teinte du papier, qui est plus pâle sur le nouveau timbre ; mais il serait possible de
trouver parmi ceux-ci des exemplaires identiques.
Quand au 10 centimes, la couleur est complètement différente. Le timbre de 1850 est bistre foncé jaune,
le timbre de 1862 est bistre jaune plus pâle. Celui de 1870 est bistre rougeâtre. Comme pour le 20 centimes,
la teinte du papier est totalement différente.
L'ancien papier était jaunâtre; le dernier est presque blanc.
Que vous dirai-je maintenant que vous ne connaissiez mieux que nous ? Les journaux ont parlé
de timbres-postes allemands employés dans nos provinces envahies, où la valeur est exprimée en monnaie
française. Ce n'est pour nous qu'un bruit, car les derniers journaux de timbres reçus ont été les
journaux du 1er septembre. Quand donc finira cet isolement qui pèse si lourdement sur nos fronts ?

Veuillez agréer mes sincères salutations.

D r Magnus.

 

N°96
8 pages
Décembre 1870

 

Chronique.

...

FRANCE.

De nouveaux timbres-poste à
l'effigie de la République française
s'impriment à Bordeaux depuis
le mois dernier. Ce travail s'opère
à l'hôtel des monnaies, sous la
surveillance de la direction des
postes de la Gironde et pour les

besoins de tous les départements non envahis.
Paris se trouvant dans l'impossibilité de remplir actuellement cet office, le gouvernement de la défense
a dû se résoudre d'émettre provisoirement ces timbres, qui ont été livrés à la circulation en remplacdement
des mêmes valeurs, épuisées, à l'effigie impériale.
Les nouveaux timbres-poste sont absolument semblables, pour le dessin, à ceux émis en 1849 et
qu'on a remis en usage à Paris, mais dentelés, ainsi que nous l'avons annoncé dernièrement; seulement
ceux qui s'impriment à Bordeaux sont lithographies au lieu d'être gravés sur cuivre.
Il existe à notre connaissance deux types du 20 centimes; un seul de chacun des 10 et 80 centimes,
seules valeurs parues selon le type 1849.
Voici les signes caractéristiques qui distinguent les deux types du 20 centimes :

Premier type :

Inscriptions et chiffres. Sont mal faits et très irréguliers ; étant plus maigres paraissent de dimensions plus grandes
qu'au 2eme type. Le C de 20 c, placé à droite, incline du bas vers ce coté.
Couronne et cheveux. La feuille plus maigre à droite s'étend davantage vers le bas; les raisins plus nombreux,
sont plus petits, ils se trouvent ainsi distribués : deux au premier rang, puis 6, 1, 4, 3 et 2. Les bandeaux de cheveux sont unis.
Ombres. Celles de la figure Les ombres de la figure sont poinlillées; celles qui simules les cheveux sont très rapprochés

Cercle perlé. Irrégularité de Régularité de grosses perles.

Le cercle est à un millimètre du cercle supérieure.

Deuxième type :

Régularité plus grande qu'au 1er type. Inscriptions et chiffres plus prononcés. La feuille de droite est plus
courte; les raisins occupent l'ordre suivant : 2, 4, 1,4, 3 et 2; les bandeaux sont ondulés.

Cette dernière remarque est la principale pour reconnaître à première vue les deux types, dont le
premier n'existe déjà plus.

Les 10 et 80 centimes ont le type qui se rapproche beaucoup du 2 e type 20 centimes; mais il n'y a pas
nécessité d'en décrire les différences, puisqu'il n'y a qu'un type de chaque valeur.
L'impression de ces timbres est sur papier blanc uni; ils ne sont point dentelés :
10 centimes, bistre pâle; bislre jaunâtre; bisfre foncé.
20 — bleu vif, bleu terne (1er type).
20 — bleu pâle, bleu foncé (2eme type).
80 — carmin vif.
Ces nuances prouvent l'irrégularité de l'impression.

Le 1 centime que nous faisons figurer ici forme un type complètement nouveau pour la série des
timbres de la République. Il est également lithographie. On ne manquera pas de faire cette remarque,
c'est qu'à part l'effigie, le timbre est semblable au 1 centime de l'Empire dont il a même la couleur :
restant d'habitude de laisser penser pour soi.
Il y a des points devant et après chaque chiffre ou inscription : c'est la négation même que ce timbre.
L'impression est couleur sur papier verdâtre; point de dentelure :
Il nous arrive à l'instant deux autres valeurs semblables au 1 centime, mais différent par les détails,
chaque valeur étant gravée séparément. Ce sont :
2 cent brun clair sur paille.
4 cent gris sur blanc.
Le contrôle des timbres se fait encore de la même façon que jadis. Chaque feuille porte un petit timbre
ovale large de 8 X 15 millimètres ayant sur deux lignes les mots suivants, imprimés , en bleu : contrôle
— T. P.

Page 92 - Les timbres de Guadalajara.

Page 94 - La poste aux pigeons en 1870.

Page 94 - Timbres locaux de Russie.

Page 95 - Le siège de Paris et la timbrophilie.
(2eme article)