Le Timbre-PosteAnnée 1864

Journal du collectionneur, de Moens en février 1863.

https://archive.org/details/timbreposteetlet18631brus

 

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N°13
8 pages
Janvier 1864

 

Page 1 - Chronique

Page 4 - ÉTUDE SUR LES TIMBRES SUISSES DE PREMIÈRE ÉMISSION, par E.R.

Page 6 - LA NOUVELLE-CALÉDONIE.

 

 

Le timbre que nous reproduisons ici est maintenant très
connu. On sait que l'artiste qui en est l'auteur n'a trouvé rien
de mieux à faire que de dessiner sur sa planche cinquante timbres
l'un à la suite de l'autre.
C'était attacher à la possession de ces 50 timbres, tous différents, un attrait, un piquant que
ne leur aurait pas valus l'exécution la plus soignée. Aussi se les dispute-t-on ces timbres ! On
compte ceux qui en ont quelques-uns, mais pour la collection complète le nombre des heureux possesseurs
s'en réduit jusqu'ici , croyons - nous , à l'unité.

La Nouvelle-Calédonie, ainsi qu'une foule d'autres contrées d'Amérique et d'Océanie, n'est guère
connue en Europe — par le gros du public, bien entendu — que depuis qu'on en possède des timbres-poste.
On rit de ces grotesques ébauches qui veulent prétentieusement rendre les traits
de l'Empereur des Français, mais de même que nous le disions un jour à propos des timbres
turcs, leur existence seule est déjà le témoignage du triomphe de la civilisation sur la barbarie. A la
Nouvelle-Calédonie, il n'y a pas bien longtemps, les indigènes y mangeaient encore un peu les Européens,
et aujourd'hui même on n'oserait répondre que l'occasion se présentant leurs instincts
naturels ne prévaudraient pas. Mais que la France parvienne à prendre pied pour de bon sur cette
terre, et la barbarie disparaîtra et l'administration coloniale n'ayant plus à disputer chaque pouce
de terrain, trouvera bien le temps de nous gratifier de timbres-poste sérieux. Nous en nourrissons
l'espoir en notre double qualité d'amis de l'humanité et de timbromanes.

Voici quelques détails touchant la géographie de cette île, et ce que nous en ont appris les relations
des principaux navigateurs qui l'ont visitée.
Le 5 septembre 1774 à huit heures du matin, le capitaine Cook découvrit la Nouvelle-Calédonie.
Il en longea les côtes pendant quelque temps et entrevit les îles qui bordent son extrémité. Il
débarqua sur une plage sablonneuse, dans un havre qu'il appela Balade, où il fut reçu aux acclamations
des sauvages. Il se borna ce jour là à faire sa provision d'eau et ne s'avança que peu avant
dans l'île. Forster, le naturaliste attaché à l'expédition et Sparman , le docteur, poussèrent plus
loin leurs investigations et entrent dans leurs relations, dans quelques détails sur les mœurs
des naturels. Nulle part, pourtant, il n'y est question d'antropophagie. Durant cette relâche, Cook
prend aussi connaissance d'une des îles voisines, Il ne resta que peu de temps au havre de Balade
et continua son voyage en suivant à dislance la côte de la Nouvelle-Calédonie - Le 23 septembre,
il atteint le point S. E. formé par un promontoire fort élevé et apperçoit l'île des Pins, qu'il nomme
ainsi à cause du grand nombre d'arbres de cette espèce qui la couvraient.
Quelques années auparavant, Bougainville faillit le devancer dans la découverte de ces îles. Il dit
dans sa relation qu'en passant dans ces parages, il trouva une mer parfaitement tranquille et que plusieurs
morceaux de bois flottants, passant près de son navire, il augura qu'une terre inconnue devait
être dans la direction d'où venaient ces bois.
D'Entrecasteaux, envoyé à la recherche de l'infortuné La Pérouse, atteignit le 16 juin 1792 l'île des
Pins nommée plus haut, et reconnut la côte S. 0. de la Nouvelle-Calédonie, que Cook n'avait
pas vue.
Les récifs qui la protègent l'empêchèrent de débarquer et il poursuivit son voyage sans avoir pu
se renseigner mieux sur cette île. Depuis lors la Nouvelle-Calédonie a été visitée fréquemment par
différents navigateurs, mais sans qu'aucun d'eux en dise rien de remarquable. Ce n'est qu'en 1850
qu'elle acquiert une sorte de notoriété, par un de
ces sombres drames comme on en compte quelques
uns dans l'histoire des navigateurs.

(La suite prochainement.
)

 

 

N°14
8 pages
Février 1864

 

Chronique.

Grande nouvelle ! Le gouvernement belge, à la recherche depuis près de deux ans d'un nouveau
timbre, et ayant usé pendant ce laps de temps 32 commissions qui ont examiné un nombre incalculable
de projets, vient en désespoir de cause de rendre l'arrêté suivant :

« Le ministre des travaux publics porte à la connaissance des intéressés qu'un concours est ouvert
à son département pour la gravure d'un nouveau coin destiné à l'impression typographique des timbres-poste.

« Tous les graveurs belges ou étrangers, sont admis à participer à ce concours.

« Les concurrents devront se faire inscrire avant le 1 er mars prochain, à la direction des postes (station
du Nord), où il leur sera remis un exemplaire du programme réglant les conditions du concours.
Ils devront remettre leur travail, entièrement terminé, avant le 1er juillet prochain, au secrétaire du
département des travaux publics, où il leur en sera délivré copie. »

Page 10 -

ÉTUDE SUR LES TIMBRES SUISSES DE PREMIÈRE ÉMISSION (l). 
(Suite et fin. — Voir le numéro du 15 janvier.) 
TIMBRE DE NEUFCHATEL. 

Page 11 -

LA NOUVELLE CALÉDONIE.
(Suite. — Voir le numéro du 15 janvier.)

La frégate VAlomène , capitaine comte d'Harcourt, quittait l'île de Taïti le 20 avril 1850 pour
visiter les îles Pomotou, des Navigateurs, Wallis, d'Anatou, des Pins et surtout la Nouvelle-Calédonie.
Elle alla séjourner deux mois à Sydney et partit de là pour l'île des Pins où elle arriva en
septembre 1850. Elle reste mouillée quelques jours devant celte île et fait route enfin pour la Nouvelle-
Calédonie, distante de vingt lieues.

Le capitaine avait l'intention de faire le tour des îles et d'en lever le plan : ce qui n'était pas chose
facile, les bancs de coraux les entourant de partout.

Il fit jeter l'ancre à Balade et envoya le canot à la recherche d'une passe. Le canot portait M. de
Varennes, officier commandant, M. Saint -Phal, Perrot, maître, le pilote et onze matelots. Ils s'en
allèrent pourvus d'armes et de vivres. La passe était trouvée le troisième jour. Le lendemain l'équipage
de l'embarcation descendit dans l'île de Sequeba, voisine, pour y faire provision d'eau et
déjeûner.

Jusque là les naturels avaient témoigné aux Européens les protestations de l'amitié la plus vive.

Cependant M. de Varennes ayant remarqué que le nombre d'insulaires augmentait graduellement
et surtout qu'il dépassait la population qu'il pouvait raisonnablement attribuer à cet ilôt, conçut
quelques craintes, et donna assez vivement l'ordre du départ. Ce fut le signal de l'attaque : l'officier
tombât d'abord frappé d'un coup de massue, Perrot, le maître, est frappé mortellement ainsi que tous
les autres, sauf trois matelots qui se sauvent à la nage, mais qui repris le jour même sont amenés
prisonniers dans l'île où ils voient dévorer leurs amis. Un pareil sort leur était réservé, quand heureusement
le capitaine de Varennes appréhendant les événements qui ne s'étaient que trop réalisés,
envoya une seconde embarcation à la recherche de la première. Un membre de la mission catholique
établie à l'île des Pins depuis 1844, le frère Jean, accompagnait l'équipage. 11 descendit seul à terre
et fut assez heureux pour ramener sains et saufs, au milieu de leurs amis, les trois matelots restés
prisonniers.

Grâce à Dieu des scènes semblables ne sont plus à redouter. Le contre-amiral Febvrier-Despointe,
commandant les forces navales françaises en Océanie aborda le 24 septembre 1853 à Balade et en
prit possession au nom de son gouvernement; il en fit autant le 29 du même mois à l'île des Pins.

Les Français ont établi un blockaus à Balade, qui est devenu la capitale administrative de tout
l'archipel. Plusieurs établissements fondés par eux présentent les plus belles espérances d'avenir. La
baie de Moraré, qui a environ 8 kilomètres de circuit, semble destinée à devenir le point commercial
le plus important : ses côtés ne sont qu'une couche très riche de charbon et de fer d'une extraction
très facile. Un autre port, celui de Mou, convient parfaitement par sa situation, à l'hivernage
des vaisseaux, principalement des navires de guerre qui passent l'hiver dans ces contrées.

Telle est, en résumé, l'histoire de ce groupe d'îles; il ne reste qu'à jeter un coup d'oeil sur sa
position géographique.

La Nouvelle Calédonie est située dans la Mélanésie, une des trois subdivisions de l'Océanie. A
l'E du continent Australien, entre 20° 22° 30' de lat. S., 161° 45' et 164° 31' long. E. Elle a 360
kil. de long sur 48 à 60 de large et est entourée de récifs, formés par les madrépores, qui se prolongent
au S. jusq'au tropique du Capricorne et au N. jusqu'au 18e degré.

Le sol est presque partout d'une grande fertilité et abondant en plantes de tous genres, principalement
les espèces que l'on trouve en Australie.
Il est aussi, dans les régions des montagnes, très propres à l'acclimatation des arbres d'Europe. Les
fruits tropicaux y abondent ; la partie méridionale est couverte de magnifiques forêts qui n'attendent
que l'exploitation. La Nouvelle-Calédonie est assez riche également en produits minéraux,
et sur ses côtes, qui sont très-poissonneuses, on pêche l'huître perlière. On y trouve aussi beaucoup
de tortues.

La population de tout l'Archipel est à peu près de 60,000 habitants. Les indigènes sont des nègres
de la race des Papous. De haute taille, de belles formes, les cheveux laineux , le front large et
fuyant, le nez épaté, le Calédonien est en général un beau type de la race nègre, à part sa couleur qui
est plutôt chocolat que noire.

Au moral on lui remarque les mêmes défauts qu'aux autres peuplades de l'Océanie, c'est-à-dire
la paresse, les goûts belliqueux et la manie du vol.
Les femmes qui n'ont guère quelque beauté que vers 10 ou 12 ans, y sont seules chargées de tous
les travaux.

Les hommes se tatouent affreusement; ils se percent la partie inférieure de l'oreille et y introduisent
des morceaux de bois ou autres ornements. Leur principale arme est la massue ; ils
ont aussi la sagaie et la fronde. Leurs pirogues sont faites de deux troncs d'arbres creusés et réunis
par les côtés; avec ce frêle esquif ils naviguent très adroitement au milieu des brisants qui
bordent leurs îles. Quant à leur nourriture, elle est des plus grossières. N'ayant aucune idée de
culture ils ne savent retirer de la terre que ce qui s'en obtient sans travail : ils se nourrissent
des fruits de quelques arbres, tels que la noix de coco et l'igname. Ils ont encore une espèce de
coquillage et une sorte d'araignée.

Au reste, le Calédonien est intelligent. Son esprit est comme son sol : il contient le germe de brillantes
qualités, et nul doute que des maîtres intelligents ne sachent faire produire à l'un et à l'autre
d'heureux fruits. Le christianisme, qui est introduit dans cette contrée depuis peu, adoucira leurs
mœurs naturellement féroces, et le contract de la civilisation française, en améliorant leur position
matérielle ne peut manquer d'améliorer aussi leur position morale et de les rendre à la dignité
d'homme.

Page 13 - TIMBRES ET CONTREFACTEURS.

Page 14 - LES JOURNAUX DE LA TIMBROMANIE.

Petit à petit les timbres font leur chemin. Qui eut dit, lorsque, il y a de cela sept ou huit ans, quelques collégiens
trouvèrent plaisant de réunir une vingtaine de timbres de couleurs différentes, ainsi qu'ils auraient collectionné
des papillons, qui eut dit que cette fantaisie d'écolier ne devait pas avoir le sort de toutes les fantaisies qui
éclosent dans un cerveau de douze ans, mais serait le point de départ d'un commerce important ? Personne
assurément. Contrairement à une foule de modes aussi profondément oubliées le lendemain qu'elles ont eu de
vogue la veille, les timbres voient s'accroître tous les jours le nombre de leurs prosélytes, jusqu'à étonner
même les plus anciens amateurs sérieux.

Il y a aujourd'hui dans toutes les villes d'Europe, des négociants ayant pignon sur rue, qui vendent cet article,
les uns, concurremment avec une autre spécialité, d'autres qui ne tiennent absolument que celui-là. mais ce qui
prouve mieux que tout ce que nous pourrions dire, la vitalité de cette collectiomanie, ce sont les divers journaux
qui s'en occupent exclusivement et instruisent leurs lecteurs de tous les faits et nouvelles qui peuvent les
intéresser.

L'Angleterre a donné le signal. Le 1er février de l'année dernière y a paru le premier journal de l'espèce : Le
Stamp Collector's Magazine, très-estimé, très-souvent intéressant et toujours bien renseigné. Nous lui avons
emprunté deux articles dont nos lecteurs se souviennent sans doute : La Biographie de M. Mulready, l'auteur des
enveloppes de ce nom et une partie du précis historique sur la maison de Tour et Taxis.

Indépendamment de celle feuille, il paraît en Angleterre quelques autres petites revues, mais de très-minime
importance.

Vint ensuite, traitant du même sujet, la présente feuille : Le Timbre-poste, qui est parvenue à se faire une assez
jolie place dans le monde collectionneur. Nous aurions, certes, mauvaise grâce à en faire l'éloge. Le seul mérite
que nous revendiquions pour elle, c'est la sûreté et la promptitude des renseignements et sa franchise d'appréciation.
Le cas échéant, elle appelle un chat un chat. (Voir plus haut Timbres et Contrefacteurs.)

Peu de temps après, parut le « Magazin fur Briefmarken-Sammler. »
Il est écrit en allemand et se publie à Leipsick. Cette publication est surtout remarquable par
sa bonne exécution typographique et par le fini des types qu'elle reproduit.

Enfin, le 15 du mois dernier a paru un nouveau journal allemand, le « Borzenblatt fur Briefmarken handel »
(feuille de bourse pour le commerce des timbres). Le titre est un peu long, mais en allemand cela est très harmonieux.
Ce journal, publié à Kaufbeuren, est fondé sur une base toute différente des autres journaux analogues. Il
est avec primes à recevoir mensuellement. Ce système nous parait devoir entraîner dans la pratique plus d'un
inconvénient, tant pour l'abonné que pour l'administration; quoiqu'il en soit, nous désirons nous tromper, et
souhaitons la bienvenue à notre nouveau confrère.

Pour ce qui regarde le journal lui-même, nous nous permettrons seulement une légère critique de son exécution
matérielle, ce a quoi il faut attacher plus de soint qu'on ne pense. Nous eussions préféré lui voir adopter le
format et le caractère de la feuille de Leipsik. Le format de cette dernière est plus commode et son caractère
est de beaucoup préférable à ce type nommé à si juste titre « gothique » qui donne à presque toutes les
publications allemandes l'aspect de livres d'heures du moyen âge. Heureusement le fond rachète largement les
légers vices de la forme.

D'après le premier numéro qui nous est parvenu, nous avons été à même de voir qu'il est rédigé avec une parfaite
entente de la partie. Enjolivé de plus par des vignettes dans le texte, il ne tardera pas sans doute à être
remarqué des collectionneurs, maintenant si nombreux en Allemagne.

Indépendamment des feuilles que nous venons de citer, il y a encore le Magasin Pittoresque qui publie, déjà depuis
quelque temps, une série d'arlicles de M. Nathalis Rondot, dénotant de la part de leur auteur une connaissance
plus approfondie des timbres que n'en ont, nous ne dirons pas les profanes, mais même beaucoup de collectionneurs.

Nous apprenons avec plaisir que les articles de M. Nathalis Rondot vont se succéder rapidement, pour étre
terminés cette année.

Page 14 - CORRESPONDANCE.

Dans notre spécimen, lancé au commencement de janvier, nous avons dit que nous ferions la revue
de toutes les publications se rattachant aux timbres, qui viendraient à paraître, nous réservant, comme
de raison, le droit de critique. Se prévalant de cette intention exprimée, un correspondant de Lyon nous
adresse, avec prière de l'insérer, la longue lettre qui suit, dans laquelle il établit une sorte de parallèle
entre notre Album de Timbres-poste et celui d'un éditeur parisien Sa critique est parfois plus acerbe
qu'il ne faudrait; cependant nous publions sa lettre, afin de prouver que si nous prétendons exercer le
droit de critique sur autrui nous ne le dénions pas aux autres lorsqu'il s'exerce sur nous. Le défaut
d'espace nous empêche de réfuter aujourd'hui les assertions erronées qu'avance notre correspondant à
propos de notre album ; notre réponse paraîtra le mois prochain. Nous devons seulement le prévenir,
que nous n'entendons assumer aucune responsabilité du jugement qu'il porte sur l'album de M. Lallier;
et que si la nature des deux ouvrages les met directement en concurrence, nous repoussons néanmoins
formellement, de notre côté, jusqu'à l'ombre d'une rivalité malveillante.

Après quelques mots trop élogieux pour être reproduits, à propos des changements apportés au
journal, le format, les vignettes, le titre, etc., etc., notre correspondant entre en matière.

Lyon, le 10 janvier 1864.
Monsieur J.-B. Moens, à Bruxelles,

... Vous vous proposez, dites-vous, dans votre prospectus, de passer en revue les diverses publications qui
ont rapport aux timbres-poste et d'exprimer franchement votre opinion à leur égard. J'approuve hautement cette
idée ; cependant comme vous ne pouvez la mettre à exécution pour vos propres publications, je prends la liberté
de faire la critique de votre album, vous priant, si vous l'en jugez digne, de bien vouloir insérer cette lettre dans
votre prochain numéro.

Permettez-moi d'abord, Monsieur, de vous faire un reproche justement mérité : celui d'avoir tardé si longtemps
à publier cet album et d'y avoir apporté une lenteur désespérante.

M. Lallier, tout membre des sociétés archéologiques de l'Orléanais et de la ville de Sens, et de la société française
pour la conservation des monuments historiques, qu'il puisse être, ne pouvait certes donner les renseignements
précis que vous êtes à même de donner. Il n'a pas hésité cependant à faire ce travail, dont le succès était assuré.
Il a fallu trois éditions de cet album, pour vous décider enfin à publier celui qui vient de paraître. Quoique vous
ayez mis grandement le temps de la réflexion, peut-être même celui de l'exécution, votre travail est loin d'être
parfait; mais avant d'énumérer ses défauts, il est juste d'examiner d'abord celui de votre devancier. A tout
seigneur tout honneur.

L'album Lallier a toutes les apparences pour lui, et présente un agréable volume; l'impression en est fort
bien soignée, et la reliure ne laisserait rien à désirer si les onglets étaient plus nombreux. Quant à la variété des
nuances, M. Lenègre en a fait pour tous les goûts ; sous ce rapport, l'album est parfait.
La troisième édition que
j'ai sous les yeux, contient quantité d'erreurs excusables à peine dans une première édition, mais tout à fait impar-
donnables dans une troisième. Jugez-en :

1» L'ordre qu'il veut bien appeler géographique, est un véritable dédale dont on se tire difficilement, même
avec la table. Ainsi : Les États du Nord se trouvent avec ceux du Sud, la Prusse est complètement séparée de la
Confédération germanique dont elle fait partie, par les Etats d'Italie; après la Russie vient la Sicile, puis la
Suède, la Suisse, la Toscane et la Turquie; une partie de Hambourg se trouve égarée à la fin de l'Europe ;

2» La préface de sa première édition annonce qu'il suivra l'ordre ci-après : Europe, Asie, Afrique, Amérique et
Océanie. Jusqu'à présent l'Océanie s'est trouvée, avant l'Amérique dans toutes ses éditions ;

3» Je ne puis comprendre la malencontreuse idée qu'a eue M. Lallier de ne laisser aucune marge aux enveloppes
et de faire couper même celle de certains timbres adhésifs.

Serait-ce pour nous donner un simulacre du massacre des Innocents ? dans ce cas, il a parfaitement réussi;
aussi, voyez comme il vous arrange, les Autrichiens, les Anglais, les Prussiens, etc. et en général tous ceux qui
ont eu l'audace d'émettre des timbres d'enveloppes.

Sauf la Pologne, dont il a eu pitié sans doute, personne n'a échappé a cette extermination générale, si ce n'est la
Russie à qui il n'a osé se frotter.

Voyons maintenant les renseignements qu'il donne sur les timbres et les dimensions qu'il leur a assignées :

Autriche: Les soi-disant timbres de retour, auxquels il donne une forme toute particulière, sont maintenus dans
l'album, quoiqu'il soit prouvé depuis longtemps qu'ils sont sans signification aucune.

Espagne : Je vois figurer le 2 cuartos (ours) qui n'a jamais existé.

1831. Le 10 réals est vert et non pas bleu.

Italie : Veuillez remarquer la forme élégante du chiffre-taxe 10 centimes.

Portugal : Le 10 reis jaune se plaint de la forme bizarre qu'on lui a donnée.

Suède : Ces timbres demandent à être moins à l'étroit, on leur a mesuré l'espace trop parcimonieusement.

Genève : On a donné en trop à ceux-ci. ce qu'on a pris aux précédents; c'est de l'injustice.

Zurich : Même prodigalité que pour les Genève.

Moldavie : Ceux-ci ont été également bien partagés.

Hambourg : Les facteurs demandent à être réunis à leurs confrères de Hambourg. A cette condition, ils abandonneront
volontiers leur habitation carrée.

Parme : La place réservée à un timbre carmin 1839, est désignée au verso comme étant celle d'un 5 cent. vert.
Il paraîtrait aussi que le 10 cent, de la même émission est jaune-clair; moi, je l'ai toujours regardé comme brun.

Etats de l'Eglise : Ces timbres sont tous dans un piteux état.

Finlande : Connaissez-vous le timbre bleu 1843 ?

Modèle : Connaissez-vous le timbre 10 cents bistre gouvernement provisoire ?

Indes : Les timbres Smith Elder et Co, se plaignent de la parcimonie de M. Lallier et de la discrétion qu'il met
à ne pas faire connaître leur valeur et couleur. Je ne trouve pas leur réclamation fondée, ces timbre étant assez
connus, on peut s'abstenir de les désigner.

L'absence du 2 annas vert de la 2 e émission se fait remarquer.

Hong-Kong : Ces timbres, dont la nuance doit sans doute rester un mystère, paraissent tout heureux de garder
l'incognito ; voyez-les comme ils se promènent en long et en large dans le parc qui leur est réservé.

Victoria : Les registered et Too late demandent un compagnon, leur habitation étant trop grande, parait-il, pour
l'occuper seuls.

Brésil : Les grands chiffres désirent être réunis, ils ne peuvent vivre ainsi éloignés les uns des autres.

Etats-Unis : Les deux timbres : Government City dispatch, sont tout à fait déplacés parmi les timbres officiels.

Les Etats confédérés séparent les Etats-Unis. Une partie de ces derniers se trouve encore à la fin de l'album. Pourquoi
augmenter la désunion déjà si grande parmi les enfants de cette république ?

Le 80 cents enveloppe existerait-il ? On le donne pour brun et rouge.

Guyane : Très-incomplète.

Océan pacifique : En coupant les timbres en ovales, on parviendra, je crois, à caser ces malheureux : c'est le seul
moyen que j'entrevois.

Paraguay : Timbres-poste inconnus, même et surtout dans ce pays.

Nicaragua : Posez deux timbres 5 cents noir l'un au-dessus de l'autre et vous aurez l'espace rempli.

Costa Rica : Profusion de valeurs et couleurs inconnues, format idem. C'est le seul reproche que l'on puisse
adresser à la page Costa-Ricaine.

J'ai exprimé franchement mon opinion sur l'album Lallier, j'agirai de même avec le vôtre, persuadé, Monsieur,
que vous ne verrez dans ma critique que le désir que j'ai de posséder un album qui remplisse toutes les
conditions voulues, de solidité , d'élégance et surtout d'exactitude.

Votre album, contrairement à celui de M. Lallier, n'a pas les apparences pour lui, en un mot : la reliure laisse
à désirer, les nuances ne sont pas flatteuses, et les onglets, si nécessaires, font complètement défaut, comme à
celui de votre devancier.

Je ne sais si tous les albums ressemblent au mien, mais dans ce cas, je vous engage fortement à en faire mieux
soigner l'impression. L'encadrement de deuil que vous lui avez choisi, n'est pas heureux. Il est beaucoup trop
massif et écrase les armoiries que vous auriez dû généraliser comme faisant le plus bel ornement de votre album.

Une table générale de monnaies étrangères, en rapport avec le franc, ne serait pas déplacée dans votre prochaine
édition.

L'ordre géographique serait certes préférable, mais devant les difficultés qu'on rencontre à obtenir un classement
facile, je préfère l'ordre alphabétique que vous avez suivi. Cet ordre, vous l'avez malheureusement interverti
pour les pays suivants : Iles Ioniennes, Sainte-Hélène, Sierra-Leone, Réunion, Nevis, Prince Edouard, Terre-
Neuve et Lueon qui ne se trouvent pas à leur place respective et pour lesquels il n'y avait pas de motif, je pense,
à un déplacement.

Voici maintenant les erreurs que j'ai rencontrées en votre album :

Allemagne Nord : 2 sgr. bleu n'existe pas encore. Vous lui avez réservé une place au détriment du 3 sgr. bistre
qui n'en a pas.

Autriche : Vous faites place pour le 2 kr. orange , 2e émission, et vous-en refusez une au 1 kr. orange,
1ere émission ; je demande justice pour ce dernier.

Bade : 6 kr. bleu, armoiries sur fond blanc n'existe pas ainsi, mais bien sur fond de couleur.

Danemark : Le 2 sk. bleu dentelé ne peut exister, ce système n'étant pas encore adopté en ce pays.

Espagne : Mêmes reproches qu'à l'album Lallier.

Colonies françaises : Le 20 et 80 cent, n'existent que dans votre imagination et dans votre album.

Grande-Bretagne : Si 2 ou 500 maisons anglaises imitaient Smith Elder, Smith et Sons que feriez-vous ?

Lubeck : Des enveloppes dentelées, cela doit être magnifique ! Le 1/2 sch. 1ere émission n'est pas vert, mais
lilas, l'ignorez-vous ?

Modène: Le Tassa Gazelle n'aura pas lieu de se plaindre de la place que vous lui avez octroyée. Le 15 cent. G. P.
n'est pas noir, mais brun.

Portugal: Je connais un 25 reis de Don Pedro avec cheveux lisses, mais le 5 reis n'est-il pas imaginaire ?

Les 50 et 100 reis de Don Luis qui ne sont pas en usage, vous sont-ils apparus sous les couleurs vertes et lilas ?

Saxe : Je cherche en vain le 2 sgr. bleu-clair à l'effigie de Frédéric-Auguste.

Indes Orientales : Le 2 annas vert de la 2eme émission vous est-il inconnu que je ne l'aperçoive pas ?

Réunion : On demande la nuance du 15 cent, s'il vous plait.

Canada : De quelle manière avez vous examiné le 10 p. et 17 cents qui représentent selon vous, l'effigie à droite
d'une Colombe. J'ai beau les examiner je ne vois que l'effigie de Jacques Cartier.

Costa-Rica : Le timbre bleu non dentelé, vaut-il 1 1/2 réal ou 1/2 réal ?

Etats-Unis : Où est allé l'aigle bleu 1 cent., vous a-t-il échappé ?

Etats Confédérés : Le type E. U. de Colombia n'a pas de 20 cents jaune, mais je connais un 20 cents jaune représenté
par le type Conféd. Granadina.

Guyane : N'oubliez pas les manquants.

Nicaragua : Le 2 cents noir est un essai.

Océan Pacifique : Avez-vous vu le 1 réal brun, que vous le donniez comme existant ?

Uruguay : Ce que vous leur avez pris en largeur, vous le leur avez rendu en hauteur; mais cela fait-il leur affaire ?

Australie Occidentale : Les cygnes 1ere émission peuvent nager à l'aise dans la pièce d'eau que vous leur avez assignée.

Nouvelle Galles : Le 2 pence vert, vue de Sidney, existe-t-il ?

Queensland : Deux places sont suffisantes au I p. carmin et registered jaune; rendez, je vous prie, la troisième
au 1 p. orange et au 6 p vert-olive qui n'en ont pas.

J'ai fini, Monsieur, l'exposé de mes griefs. Il ne me reste plus maintenant qu'à former des vœeux pour que les
irrégularités que je viens de signaler dans les deux albums, disparaissent au plus tôt.

A M. Lallier, nous demanderons d'avoir pitié pour les malheureuses enveloppes,qu'il a si maltraitées, à M. Moens.
nous demanderons surtout la suppression du deuil pour la deuxième édition.

Recevez je vous prie, Monsieur, etc. B. T...

 

N°15
8 pages
Mars 1864

 

Chronique.

Page 20 - TIMBRES ET CONTREFACTEURS.

(Suite et fin. — Voir le numéro du 15 février.)

Page 22 - LES COLONIES ANGLAISES.

Page 23 - A PROPOS DE NOTRE ALBUM.

On a vu avec quelle franchise nous avons ouvert nos colonnes à une critique assez verte de notre propre Album
Timbres-poste. Si nous sommes sortis un peu par cette condescendance des us et coutumes du commerce , c'est
pour deux raisons. La première, que nous avions l'intention de réfuter les reproches de notre correspondant ou de réduire
à leur véritable valeur ceux qui avaient quelque apparence de fondement ; la seconde, que pour notre album
comme pour nos manuels, nous ne désirons rien tant que d'arriver à la perfection, et que si experts que nous puissions
être dans ce genre de travail, par suite d'une longue pratique, nous sommes toujours heureux d'accueillir des
conseils dictés par la bienveillance.

Examinons les différents points qui ont mérité la censure de notre correspondant. :

Allemagne du Nord. Une place restait disponible sur cette page. Au moment du tirage les 2 et 3 silb. n'étaient pas encore
parus. Nous comptions sur l'apparition prochaine d'un 2 silb. et c'est le 3 que a été émis le premier. Nous ne
sommes donc pas en défaut, puisque pour être exacts au pied de la lettre, il suffisait de ne mettre ni 2 ni 3.

Autriche. Le 2 kr. est bien une variété de nuance ; il n'y a pas d'erreur.

Grande-Bretagne. Nous sommes tout à fait de l'avis de notre correspondant, seulement il en est de ces timbres
comme de ceux des offices de Hambourg: nous les supportons; si nous leur avons réservé une place, c'est pour obliger
les collectionneurs qui tiennent à ces vignettes et qui ne sauraient ou les caser.

Modéne. Le 15 cent. G. P., il est vrai est plutôt brun que noir, mais ce n'est pas là une erreur à signaler.

Portugal. Le 5 reis cheveux lisses n'est pas imaginaire.
Les 50 et 100 reis D. L. nous ont été signalés sous les couleurs que nous donnons. Méritons-nous des reproches pour
avoir devancé une émission de quelques mois ? Nous ne faisons jamais de fantaisie, lorsque nous parlons de timbres à
paraître ; et si les renseignements officiels nous manquent nous avons, presque toujours, des renseignements officieux
dignes de foi.

Canada. Les 10 et 17 n'ont pas été désignés comme étant à l'effigie d'une colombe, mais bien à celle de C. Colomb.
C, initiale de Christophe, quant à l'e de Colombe c'est une erreur lithographique. Notre correspondant prétend que
c'est l'effigie de Jacques Cartier ; nous le voulons bien, mais les avis sont très partagés.

Costa-Rica. Erreur lithographique. C'est le 1/2 real bleu et non le 1 1/2 real.

Nicaragua. Le 2 cent, nous avait été donné comme ayant cours dans ce pays ; ce n'est qu'après l'impression de l'Album
que nous avons su le contraire.

Telles sont les principales des inexactitudes relevées dans notre ouvrage. Elles ne sont pas bien graves, comme on en
peut juger, et sont déjà réparées. Il serait oiseux de s'appesantir sur les autres.

Pour ce qui regarde la partie graphique de l'Album, gravure et impression, quoi qu'en dise notre correspondant, elle
était très-soignée; mais quiconque a vu de près une imprimerie, sait que dans les ateliers il est impossible d'éviter
qu'il n'y ait de temps en temps une feuille de souillée ; or une feuille fait huit pages, c'est plus qu'il n'en faut pour
gâter un album. Si l'on s'en aperçoit en temps, il est retiré de la vente, s'il est vendu, on est toujours reçu à l'échanger.

Malgré notre désir nous n'avons pu donner les armoiries de tous les pays : des renseignements précis nous manquaient.
Du reste, ces pays sont rares et sans importance, ce sont la plupart des pays d'outre-mer qui n'ont que des
armoiries fictives et de fantaisie et non encore des armoiries historiques comme ceux d'Europe.

L'ordre alphabétique n'a été interverti que lorsque, pour économiser de l'espace, on a réuni sur la même page deux
pays ayant peu de timbres. En agissant différemment nous eussions augmenté le papier et le tirage et par conséquent
le prix.

La nouvelle édition contiendra un tableau des monnaies.

Quant à l'encadrement, nous ne craignons pas d'avouer qu'il a eu ses détracteurs comme il a eu ses approbateurs.
Celui de la nouvelle édition est d'un charmant dessin fleuronné aux angles. Il est évidemment plus mignon que le
premier , lequel, de l'avis de beaucoup de collectionneurs, avait le mérite de la simplicité.

Nous croyons avoir rencontré tous les chefs d'accusation; nous n'ajouterons que quelques mots à notre justification.
Etablir un album timbres-poste aussi complet que le nôtre, n'est pas chose facile — les collectionneurs le croiront
sans peine. — Distribuer de seize à dix-huit cents timbres, en observant à la fois des principes d'ordre géographique,
de symétrie et de bon goût; en donner une description concise et claire; mesurer chaque timbre avec une précision
mathématique et lui tracer sa case ; recueillir mille renseignements ; s'occuper d'une foule de détails les plus hétérogènes :
dessins, gravures, cartes, reliure, etc., etc., réunir l'exactitude à une certaine harmonie : tout cela ferait reculer
les plus entreprenants. Aussi notre correspondant — pour autant que son observation ne soit pas une ironie, il en est
bien capable — ne doit-il pas s'étonner que nous nous soyons décidés si tard à tenter l'entreprise. Nous ne regrettons pas
nos peines, pourtant; le public nous en a amplement dédommagés par le bienveillant, accueil qu'il a fait à notre ouvrage,
dans lequel il a trouvé, nous osons le dire sans crainte d'être démentis, l'Album-type paru jusqu'ici. Nous en sommes à la
seconde édition ; la première a eu deux tirages enlevés avec une rapidité qui nous était une preuve irréfragable du mé-
rite de l'ouvrage et de sa juste appréciation par les amateurs.

La 2éme édition, maintenant eu vente, a été revue avec un soin extrême ; nous mentionnons plus haut les modifications
heureuses que nous y avons introduites. Elle est augmentée de tous les timbres parus dans l'intervalle et épurée
des quelques inexactitudes qui déparaient sa devancière.

Que le public, instruit par nous, bien volontairement et sans que rien nous y forçât, d'un petit acte d'accusation
pour la lecture duquel nous pouvions invoquer le huis-clos, veuille bien examiner notre album avec attention, avec sévérité
même : nous lui en savons gré d'avance, ne doutant pas que cet examen ne vaille à notre seconde édition le
même succès qu'à la première.

 

N°16
8 pages
Avril 1864

 

Chronique.

Page 26 - LES ANCIENS TIMBRES D'ESPAGNE.

Page 28 - LES FUTURS TIMBRES DE BELGIQUE.

Page 28 - RECEPTION DES CORRIENTES A PARIS, par E.R.

Il y a environ sept ou huit mois, par une riante matinée qui semblait
être de nature à faire éclore toute chose , excepté ce dont nous
allons entretenir le lecteur, apparut au jour, pour la première fois
dans Paris, une grossière caricature de timbres de la république française, imprimée en noir sur du
papier gris-bleu. On lisait en haut : Corrientes; en bas : un réal M. C. Ce timbre était laid, si laid
et inspirant si peu de confiance que personne n'en voulut. Enfin, il se présenta un amateur qui, après
bien des hésitations, l'acquit au prix de huit francs. Ce nouveau venu fut bientôt connu de
tous, et il devint le sujet de la conversation de tous les amateurs, dès que l'un d'eux eut révélé
qu'il n'ignorait pas l'existence, de ce timbre et qu'il en connaissait un spécimen a Londres. Dès ce moment,
on se prépara à tomber à bras raccourcis sur les premiers Corrientes qui paraîtraient. Mais
comme on n'en voyait pas venir, on pria, on supplia la personne qui avait fourni le premier et
qu'on savait avoir habité le pays natal de ces timbres, et peu à peu, à force de le presser de plus en
plus vivement, on put en arracher, grâce à des instruments d'un métal très-précieux, un, deux, trois,
quatre, cinq et six Corrientes, sur lesquels les amateurs se jetèrent avidement, joyeux d'échanger un
napoléon contre une de ces burlesques républiques.

Il y avait donc alors à Paris sept amateurs assez favorisés de la fortune pour posséder des Corrientes.
Ils excitaient l'envie de bien des gens, et vraiment, en nous reportant à ce jour, était-ce la peine de
s'en faire tant de tracas ?

Mais non, soit amour-propre , soit autre chose, on en vint alors jusqu'à trouver des personnes qui
avaient assez de temps à perdre pour contester l'authenticité de ces timbres. Des connaisseurs qui,
soit dit entre parenthèse, n'y connaissaient rien du tout , les reniaient avec un aplomb imperturbable,
disaient n'en faire plus cas que de la boue de leurs souliers, parvenaient ainsi à faire de beaux
discours, influencer les esprits faibles et se croyaient encore, après assertions pareilles, le droit
de porter, la tête haute, le titre de savant en matière de timbres.
Malheureusement pour ces savants, qui, comme nous l'avons dit plus haut, n'y connaissaient absolument
rien du tout, voilà-t-il pas que, trois mois après, des Corrientes se permettaient d'arriver, non
pas expédies par le premier venu, mais bien par un personnage dont le nom défendait qu'on mit en
doute la valeur de son envoi. La lettre avec la signature et les explications, tout cela était on ne
peut plus clair : ces affreux Corrientes existaient véritablement.

Errare humanum est !

Ces derniers arrivés étaient en petit nombre. Ils avaient la valeur biffée par un trait d'encre et
étaient expédiés connue timbres neufs. On verra par la suite ce qu'il en était.

Paris rêvait Corrientes depuis trois nouveaux mois et commençait à désespérer, quant tout à
coup le bruit se répand dans la ville que les timbres tant désirés sont arrivés en nombre, que tous
les amateurs vont être satisfaits, et qu'il n'y a pas moins de deux cents de ces exemplaires si impatiemment
attendus. En effet, ce n'était pas une fausse nouvelle, ils étaient à Paris et, de plus, offrant
les mêmes garanties que les précédentes, car ils provenaient de la même source.

Nous avons eu des feuilles entières sous les yeux.
Ces timbres, cette fois-ci, étaient tous sans valeur indiquée. Chaque feuille portait trente-deux timbres,
huit types répétés quatre fois. Nous avons recueilli les Corrientes que nous tenions de la personne
influente qui envoyait ces derniers, et nous avons pu reconnaître chacun des types venus des
deux sources précitées, sur les huit types nouveaux débarqués. A partir de ce moment, nous eûmes la
certitude que les premiers timbres que nous avions eus n'étaient pas l'effet d'une spéculation honteuse.

Dans la même enveloppe que ces deux cents Corrientes se trouvait une lettre avec quelques renseignements.

Tout le monde sait que l'Etat de Corrientes fait partie des provinces unies du Rio de la Plata ou
République Argentine. Le chef-lieu, du même nom, est situé sur le Parana et compte maintenant
24,000 habitants. Le commerce de cette ville est actif et florissant.

Le premier timbre-poste parut le 10 février I856; il était d'une valeur d'un real, monnaie courante et
comptait huit types bien différents. Vers 1860, par suite d'une dépréciation du papier-monnaie, on
porta le taux des lettres a trois réaux (1), et la poste délivra les mêmes timbres que par le passé, ceux-
ci, toutefois, ayant la valeur biffée par un trait d'encre. Peu de temps après, on lit une rectification
sur la planche et une variation du cours du papier-monnaie, on laissa vide la place où précédemment
se lisait : Un real.

C'est donc la même planche qui a fait les timbres d'un real et ceux qui ne portent pas la valeur. Le
timbre d'un real est resté rare à Paris; celui qui ne porte pas de valeur et qui est en cours actuellement
à Corrientes vaut un franc et trente centimes.

Les contrefaçons de ces timbres viennent d'apparaître, arrivant on ne sait de quel pays, et ce qu'il y a
de singulier, c'est que les deux premières copies que nous ayons vues avaient été recueillies par les
personnes qui s'étaient si fort acharnées contre les premiers Corrientes qui, eux, étaient irréprochables
en tous points. E. R.

(1) Les renseignements que nous avons reçu de ce 
pays, nous donnent 3 centavos. [Note de l'éditeur.) 
Errata N°17 : 
Réception des Corrientes à Paris. Page 28, au bas 
de la deuxième colonne, lisez : parvenaient ainsi à 
force de beaux discours, au lieu de : à faire de beaux 
discours. 

Page 29, au haut de la deuxième colonne, lisez : 
on fit une rectification sur la planche, et vu la varia- 
tion, au lieu de : et une variation. 

 

Page 29 - L'ADMINISTRATION DES POSTES EN ANGLETERRE, par Alphonse ESQSUIROS (L'Angleterre et la vie anglaise. Paris. Hetzel).
Page 30 - LE TIMBRE DE WINTERTHUR.

Les deux dernières livraisons du Magasin Pittoresque nous apportent la suite de l'article sur la
Suisse. Nous voyons avec plaisir que M. Nathalis Rondot, dans les détails si intéressants et si neufs
qu'il donne sur quelques timbres, recherche avant tout l'exactitude : tous ses renseignements étant
puisés aux sources les plus officielles.

Nous extrayons de son article le paragraphe suivant, relatif au timbre dit : de Winterthur,
dont le pays d'origine est mis en doute :

« On donne a un timbre 2 1/2 rappen ancien (0,057) le nom de timbre de Winterthur ; on l'attribue
aussi à la ville de Zurich. La petite ville de Winterthur est dans le canton de Zurich et n'a
jamais eu de timbre-poste qui lui fût propre.

« On prétend avoir trouvé des exemplaires du timbre dont il s'agit sur des lettres de Zurich, de
Fribourg, de Sion, mais la provenance certaine de ce timbre est encore inconnue. Comme les timbres
de 4 et 6 rappen de Zurich ont été retirés à la fin de 1849, et comme les timbres fédéraux de 2 1/2
rappen, poste locale, n'ont été émis qu'en avril 1850, ce timbre dit : de Winterthur ne serait-il pas
celui dont on aurait fait usage à Zurich et dans les villes du canton de Zurich, pour le port local, de
la fin de -1849 à avril 1850, avant rémission du timbre fédéral ! Cela expliquerait que ce timbre
soit si rare, puisqu'il n'aurait servi que pendant très peu de temps, et qu'il porte toujours les marques
d'oblitérations employées à la poste de Zurich, la croix fleuronnée ou les lettres PP. »

Page 31 - LES COLLECTIONNEURS EN ITALIE.

 

N°17
8 pages
Mai 1865

 

Chronique :

 

 

On vient de graver à Paris un projet de timbre destiné à la Grèce et dont ci-dessus
le fac-similé. Obl., imp. coul. fond blanc, péristyle du Parthénon avec fronton à bas-reliefs.
Au milieu, médaille ovale occupant presque toute la hauteur de l'édifice, depuis les gradins de
la base jusqu'au milieu du fronton. Le médaillon se compose d'un premier ovale perlé et d'un second
ovale intérieur. Au centre, le portrait du roi George I er . Dans les deux angles supérieurs l'inscription
20 AEUr; dans les angles inférieurs, le chiffre de la valeur et, entre eux, l'inscription :
e^^ rpamm. Ce type a été tiré en huit nuances, toutes assez peu franches, sauf le noir : noir,
orange, lilas, paille, vert-clair, carmin-clair, bistre et bleu...

Page 36 - NOUVEAUX DÉTAILS SUR LES ANCIENS TIMBRES D'ESPAGNE.

page 37 - LES SOI-DISANT TIMBRES DE RETOUR D'AUTRICHE.

Page 37 - ANCIENS TIMBRES DE SICILE ET DE NAPLES.

Page 38 - LES COLONIES ANGLAISES.

(Suite. — Voir le numéro du 15 Mai).

 

 

Pub : Les Timbres-poste illustrés :

 

 

Edition luxe :

 

 

N°18
8 pages
Juin 1864

 

Chronique.

Page 44 - LA TIMBROMANIE DE MON AMI GALIMAR.

Page 46 - LE ZEITUNGS STARIPEL ET SA CONTREFAÇON.

Page 47 - L'OCÉAN PENNY POSTAGE.

Page 48 - LA DEXTRINE SUBSTITUEE A LA GOMME ARABIQUE.

 

N°19
8 pages
Juillet 1864

 

Chronique.

Page 51 - A PROPOS D'UN ESSAI DE BELGIQUE.

Page52 - L'OCÉAN PENNY POSTAGE.

(Suite. — Voir le numéro du 15 juin.)

Page 55 - LA TIMBROMANIE DE MON AMI GALIMAR.

- LE TIMBRE-POSTE APPLIQUÉ A LA TÉLÉGRAPHIE, par E. De Rives de Seine.

Page 56 - UN ENFANT TERRIBLE.

 

N°20
8 pages
Aout 1864

 

Chronique.

Page 59 - TOUJOURS LA CONTREFAÇON.

Page 60 - LA TIMBROMANIE DE MON AMI GALIMAR, par Des Rives de Seine.
(Suite et fin.— Voir le N° du 15 Juillet.)

Page 61 - L'ADMINISTRATION DES POSTES EN ANGLETERRE, par Alphonse ESQUIROS.

(Suite. — Voir le numéro du 15 Avril.)

 

N°21
8 pages
Septembre 1864

 

Chronique.

Pages 68 - MESSIEURS LES CONTREFACTEURS.

...

Quelques-uns de ces faussaires qui inondent l'Europe des produits de leur industrie clandestine,
Messieurs Spiro frères, à Hambourg, ont été dénoncés comme mettant en circulation de faux timbres
de Brème, que l'on suppose avoir été gravés par eux.

...

- L'OCEAN PENNY POSTACE.
(Suite. — Voir le n° du 15 juillet.)

 

 

Page 69 - DÉTAILS HISTORIQUES SUR LES POSTES D'ITALIE.

Page 70 - DES TIMBRES DE FACTAGE.

En présence des services rendus par les timbres-poste et de la révolution complète qu'ils ont faite
dans le service administratif, quelques esprits, toujours à l'affût du progrès et de l'innovation, ont
imaginé depuis quelque temps d'en appliquer le système aux paquets. L'idée au premier abord, ne
manque pas de séductions. Exposée il y a plus d'un an déjà dans quelques journaux de Belgique, avec
les raisons à l'appui, elle passe pourtant assez inaperçue du public. Nous ne l'avons vue reparaître
que tout récemment dans une circonstance mémorable. C'était à la veille de nos élections du 11 août,
dont nos lecteurs étrangers ont sans doute ouï parler.
Elle faisait alors partie d'un programme politique dans lequel l'auteur, un candidat législateur, avait
réuni une collection de réformes qui devaient, s'il était nommé, assurer à tout jamais la prospérité du
pays,

Malheureusement le candidat fut évincé, son programme se perdit dans le naufrage et les timbres de
factage s'en allèrent à veau l'eau, au grand regret de bon nombre d'électeurs-timbromanes, frappés
ainsi à la fois dans leurs opinions politiques et leurs sympathies privées. Quoi qu'il en soit, ajourné chez
nous à des temps meilleurs, le système vient d'être adopté depuis peu en Angleterre. Une compagnie
s'est formée à Londres pour le transport des paquets, dans cette ville seulement et a créé à cet effet un
timbre dont voici la description :

Rect. largeur : 4 centimètres sur 3, litb. imp. coul. Dans un ovoïde, une voiture à deux roues
destinée au transport des colis: elle porte l'inscription Express parcels. Autour de l'ovoïde, l'inscription
prepaid parcel one penny. Au haut du timbre, dans l'encadrement : Express 1 D parcels ; au bas :
Delivery Company (limited: à di'Qite : Chief office 269 Strand; à gauche un numéro d'ordre appliqué
avec un timbre à main ; dentelé. Nous ne connaissons qu'une valeur de ce timbre, 1 penny rouge.

Inutile d'ajouter que cette grande vignette n'a pas la moindre prétention artistique.

L'emploi de ce timbre comme mode d'affranchissement, droit offrir plus d'une difficulté, dont il
serait oiseux d'entretenir le lecteur.

(La suite au prochain numéro.)

 

N°22
8 pages
Octobre 1864

 

Chronique.

Page 74 - DES TIMBRES DE FACTAGE.
(Suite. — Voir le N° du 15 Septembre).

Page 75 - TIMBRES ADMINISTRATIFS D'ITALIE.

 

 

Page 78 - DETAILS HISTORIQUES SUR LES POSTES D'ITALIE.
(Suite. — Voir le N° du 13 Septembre).

Page 79 - LES TIMBRES-POSTE DE BUENOS-AYRES.

 

N°23
8 pages
Novembre 1864

 

Chronique.

 

 

On se rappelle que la Turquie avait commandé des timbres en France. Ils seraient émis maintenant,
sans «quelques difficultés qui se sont élevées et que l'on espère pouvoir aplanir bientôt. » ce sont textuellement
les expressions d'une correspondance officielle. Un autre correspondant — non officiel —
nous assure que le véritable «pourquoi» se traduit plus exactement ainsi : Point d'argent, point de Suisses.

Un graveur de cette ville a exécuté pour le compte d'une maison
française, un timbre à l'effigie de la reine Isabelle II, au millésime
de 1865, destiné, dit-on. à l'Espagne. Il ne vaudra guère mieux
que ses prédécesseurs.

...

Page 82 - TIMBRES ADMINISTRATIFS D'ITALIE.
(Suite. — Voir le N° du 15 Octobre).

Page 83 - NOUVEAUX DETAILS SUR LES TIMBRES DE BUÉNOS-AYRES.

- DES SERVICES RENDUS PAR LES FAUX TIMBRES AUX COLLECTIONNEURS EN GÉNÉRAL

ET A MM. LES CONTREFACTEURS EN PARTICULIER.

Page 85 - DETAILS HISTORIQUES SUR LES POSTES D'ITALIE.
(Suite.— Voir le N° du 13 Octobre).

Page 87 - COLLECTIOMANIE ET POLITIQUE.

 

N°24
8 pages
Décembre 1864

 

Chronique.

Page 92 - DES SYSTEMES POUR ADAPTER LES TIMBRES ET LES ENVELOPPES SUR LES ALBUMS.

Page 93 - TIMBRES ADMINISTRATIFS D'ITALIE.
(Suite. — Voir le numéro du 15 Novembre.)

Page 94 - PROJET DE SYSTEME DE CHARGEMENT DES LETTRES RENFERMANT DES VALEURS, par De Rives de Seine.

Page 95 - OBSERVATIONS SUR QUELQUES TIMBRES HAWALLENS.