Page 51 - Les Timbres-poste de l'Hôtel
des Monnaies.
Le Figaro, toujours bien renseigné, a annoncé il n'y a pas
longtemps que M. le Président de la Commission
des monnaies et médailles avait installé à la Monnaie de
Paris, une collection de timbres-poste comme
il n'y en a pas de semblable « la plus complète qui ait jamais
existé » a dit notre grand confrère.
Pas d'ambiguïté dans cette annonce : c'est clair, concis,
précis, mais rien n'est moins vrai.
Nous en revenons, de la Monnaie de Paris, où nous étions allé,
croyant voir des merveilles, mais
quelle désillusion nous y attendait ! Au lieu d'une collection
sans rivale, on nous mit en présence de
quelques malheureux timbres collés en plein sur carton blanc,
dans de longs cadres exposés au soleil
et placés dans un tout petit cabinet. Il y a huit tableaux dont
deux carrés pour les timbres de la France
et de l'Angleterre. Ces derniers, les plus rapprochés de la
fenêtre, sont recouverts d'une toile verte, ce
qui n'a pas empêché maître Phebus d'aller caresser de ses
rayons brûlants les augustes visages de Leurs
Majestés Victoria et Napoléon III, fort défraîchis
aujourd'hui. Avis au conservateur des collections.
La fantaisie seule a présidé à l'arrangement de la collection.
Ainsi le premier tableau contient une
partie de l'Allemagne ; les deuxième et troisième, quelques
colonies anglaises par ordre alphabétique (?)
le quatrième, l'Espagne, l'Italie, la Turquie, la Grèce ; le
cinquième, quelques pays d'Amérique;
le sixième, les pays du nord de l'Europe, les Pays-Bas et
colonies, la Belgique et une partie de
l'Allemagne ; le septième, la Grande-Bretagne et les Indes, et
le huitième tableau, la France.
Quant à la collection elle-même il est aisé de voir qu'elle
est formée à peu de frais et ne provient
que d'échanges faits avec divers États, auxquels la direction
du Musée a sans doute fait parvenir une
série des timbres français; plusieurs des timbres portent même
le mot spécimen , appliqué très
souvent par l'envoyeur en pareille circonstance. C'est en vain
qu'on rechercherait au musée un
seul timbre rare. Il n'y a qu'une faible partie des timbres en
cours ; quelques timbres périmés que
tout le monde possède, mais qui sont ici réimprimés.
C'est tout un, nous a-t-on dit au Musée;
et point d'enveloppes cela prend trop de place,
paraît-il. Il va sans dire qu'en collant les timbres
en plein on n'a pas voulu faire la distinction des papiers et
filagrammes et encore moins celle des
timbres dentelés et non dentelés. Cependant, il faut le
reconnaître, lorsque la direction a obtenu des
timbres dentelés et non dentelés, témoin ceux du Piémont
1855-63 et Belgique 1850, elle les a exposés
tout aussi bien que les limbres de certains pays qui figurent en
double ou quadruple exemplaire,
nous n'avons pu deviner pourquoi.
Est-il bien digne d'un pays comme la France, d'exposer au public,
comme curiosité, une collection
qui n'a absolument rien de curieux. Et en supposant qu'elle eût
quelque intérêt pour la direction,
n'eùt-il pas élé préférable de prendre préalablement l'avis
de quelques personnes compétentes pour ne
pas commettre les grosses bévues que nous voyons ?
Quand on a la prétention de vouloir instruire le public, il faut
ne pas s'exposer à paraître plus ignorant
que lui.
Que remarquons-nous, d'abord : des émissions supprimées
considérées comme actuelles et des
émissions actuelles regardées comme anciennes (voir Malacca) ;
des timbres fiscaux d'un gouvernement
déchu, placés dans la série des timbres du gouvervemement qui
lui a succédé (les 6 et 9 cents Parme,
intercalés parmi les timbres du Gouvernement provisoire), des
erreurs de date à foison et enfin, erreur
capitale : prétendre que le Danemark se sert de timbres en
cents, lorsqu'il est au su de tout le monde
que le système décimal n'y est pas en vigueur. Que dirait-on de
celui qui rechercherait un franc de
Cléopâtre ?
Le timbre auquel nous faisons allusion est le 3 cents des
Antilles danoises, placé au milieu des
timbres danois.
Voici, le plus brièvement que possible, ce que contient cette
collection, qui fait l'admiration du Figaro.
On verra s'il y a de quoi.
Disons d'abord que contrairement au système généralement suivi
jusqu'ici, c'est la plus forte valeur
qui, dans l'arrangement a le pas au Musée, sur les autres
timbres.
Premier tableau.
...
8 e Tableau.
France. Quatre exemplaires des timbres suivants :
République. 20 cent, noir; 1 franc; 40; 20 bleu;
25 bleu; 15; 10 cent, réimprimés.
Présidence. 25 et 10 cent, réimprimés.
Empire. 1 franc, réimp.; 80 carmin; 80 rose; 40;
25 réimp.; 20; 10; 5; 1 cent, non dentelés.
80; 40; 30; 20; 10; 4; 2; tête laurée.
Colonies françaises. 80; 40; 20; 10; 5 et 1 cent.
Timbres mobiles. 25 timbres de 10 francs à 5 cent.
Télégraphe. 2 fr.; 1 fr.; 50 cent.; 25 cent.
Et c'est tout.
Il est pour nous un fait certain, c'est que la personne chargée
de l'arrangement de la collection n'a
que de très faibles notions en timbrophilie. Il est très
possible et nous aimons à croire qu'elle a la
volonté de bien faire ; que son travail lui a causé bien des
peines et ennuis; mais ce sont là peines
perdues, rien n'étant fait. Car il faut bien que nous le
constations, aucun ordre général n'a été suivi :
d'une part, nous voyons admettre les timbres dentelés et non
dentelés du Piémont, Belgique, Hambourg;
d'autre part, nous remarquons que ces variétés encore en usage
manquent totalement pour
la France. On élimine les enveloppes parce qu'elles tiennent
trop de place ; on recueille sans raison
certains timbres en double et quadruple exemplaire et l'on
encombre inutilement les cadres, de timbres de
commerce, douane, reçu, etc., etc., des Indes et de la France
qui ne font pas partie du tout de la
collection timbro-postale.
A propos de la France, n'est-il pas réellement fâcheux de voir
que tous les anciens timbres ne sont
que des réimpressions ? Et que vient faire dans la série des
timbres de la république le 20 cent, bleu
qui n'a jamais existé, jamais été décrété ?
L'exposition des timbres classés d'une façon définitive dans
des cadres comme l'est celle du musée
de Paris, n'est pas chose possible et il suffira de quelques
émissions ou acquisitions nouvelles pour
dérouter tout-à-fait M. Dumas, s'il a le désir de continuer la
collection.
Nous ne voyons qu'un seul moyen praticable pour parvenir au but
qu'il veut atteindre, c'est le classement
des timbres placés sur charnières, avec toutes leurs
indications sur feuilles volantes exposées
dans des vitrines. On nous objectera peut-être que dans de
semblables conditions la collection
prendrait des proportions énormes. Nous le savons fort bien.
Mais si l'on consacre plusieurs salles à
l'exposition des monnaies et médailles, il nous semble qn'on
peut en faire autant pour les timbres-poste,
les deux collections étant surs.
Vanden Slagmolder.
Page 55 - Des Enveloppes timbrées, par le Dr Magnus.
(Suite. Voir le numéro 78).
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