Le Timbre-PosteAnnée 1866

Journal du collectionneur, de Moens en février 1863.

https://archive.org/details/timbreposteetlet18631brus

 

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N°37
8 pages
Janvier 1866

 

Chronique.

...

Nous venons de parcourir la cinquième édition de l'album timbres-poste, signé : J. Lallier, annoncée
depuis quelque temps à grands coups de tam-tam.
Quoiqu 'en dise M. Maury, cet album fourmille d'erreurs, ce que nous prouverons le mois prochain,
l'espace ne nous permettant pas de le faire aujourd'hui. Les armoiries en chromo, annoncées si pompeusement,
brillent par une absence complète, ainsi que toutes les dernières émissions, telles que : Belgique,
Brunswick, Bermudes, Cap, Colombie, Nouvelle-Grenade. Vancouver, Australie occidentale,
etc., etc.; mais une place a été réservée au portrait du signataire de l'album, afin de compenser
sans doute l'acheteur de ces omissions.
...
Les conventions postales entre la France et la Belgique, en vigueur depuis le commencement du
mois, permettent d'obtenir aujourd'hui des mandats-poste, payables à vue, dans tous les bureaux
de poste de ces deux pays. La taxe des lettres a été réduite, depuis la même époque, à 30 centimes par
lettre simple, réduction qui pourrait bien amener, en France, l'émission d'un nouveau timbre de 30 centimes.

On lit dans le Journal du Havre : « On assure que l'une des dispositions du projet de budget de
1867 autoriserait l'administration des postes à faire imprimer le type ordinaire des timbres-poste de 5,
10, 20, 40 et 80 centimes, avec reproduction exacte de leur nuance respective , sur des enveloppes qui
seraient émises aux prix d'un centime en sus de la valeur de chaque timbre.

Les particuliers seraient autorisés à faire également imprimer le type des mêmes timbres sur du
papier à enveloppes et sur des feuilles de papier à lettres, ainsi que le type des timbres-poste de toute
valeur sur du papier destiné à la confection de bandes d'adresses pour l'expédition des objets de
correspondance affranchis à prix réduits. Les moyens d'application de cette innovation seraient déterminés
par un règlement d'administration publique. »

...

Page 6 - SUR CERTAINS TIMBRES DES ÉTATS CONFÉDÉRÉS ET ILES SANDWICH.

- UN ATTRIBUT DE L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE DES POSTES EN EUROPE.

Beaucoup de personnes se demandent ce que signifie cette trompe ou ce petit cor de chasse qui se
voit sur quelques timbres , soit dans de dessin typique, soit en filigrane.

C'est tout simplement un attribut consacré par un ancien usage et qui a été adopté par le service
des postes de presque tous les pays civilisés.

Nous trouvons dans un vieux recueil, qu'en Allemagne , les postillons portaient comme marque
distinctive, «une petite trompe d'argent qu'ils mettaient en écharpe comme un cor de chasse et de
« laquelle ils se servaient pour faire ouvrir les portes des villes, lorsqu'ils y arrivaient pendant la nuit;
» en outre, la figure de cette trompe était brodée en jaune , par devant et par derrière leur justaucorps.»
»De nos jours, nous avons vu les courriers de malles , les conducteurs de grandes diligences et les
postillons se servir d'une petite trompe, toutes les fois qu'ils approchaient d'un relais ou qu'ils en-
traient dans une ville.

De même que les postillons allemands , ils portaient le petit attribut en question, mais brodé en
argent, sur leur collet , sur leur coiffure et sur les basques de leur habit.

De Rives de Seine.

Page 7 - DE LA CLASSIFICATION DANS LES ALBUMS.

Beaucoup d'opinions se sont produites au sujet du système à adopter dans les albums pour la classification
des marques d'affranchissement; beaucoup d'amateurs se sont livrés entre eux à de
longues discussions, afin de faire prévaloir leur opinion sur cette matière ; voici quel a été le fruit
de ces débats, voici le système qui a obtenu les faveurs de la majorité et qu'on a appliqué dans la
généralité des albums :

Les pays étant placés dans l'ordre alphabétique pris par chaque partie du monde classée dans l'ordre
géographique, réserver des pages spéciales contenant exclusivement soit les essais, soit les timbres,
soit les enveloppes, soit les réimpressions, et classer pour chaque pays ces différentes catégories
dans l'ordre ici indiqué ; classer également chacune de ces catégories par séries d'un même type en
commençant par les petites valeurs pour finir par les grosses, chacune de ces séries d'un même type
étant autant que possible placée dans l'ordre chronologique ; puis enfin, suivre l'ordre précité pour
les types isolés et ne mettre ceux-ci que pour cause majeure et par exception entre deux séries de types
semblables.

Qu'on ait maintenu une classification pareille à une époque où l'ordre chronologique était chose inconnue,
je le veux bien; mais aujourd'hui que, grâce surtout aux recherches persévérantes du timbrographe
qui me fait la faveur d'imprimer ces lignes, nous avons eu des renseignements précis sur les
dates des timbres de presque tous les pays, pourquoi persister à admettre un ordre basé sur une
convention, sur un système, tandis qu'il nous en est donné un tout simple, délaissé de tous, et que
la force des choses doit nous enjoindre un jour d'adopter, eussions-nous pris la résolution la plus
suprême de le combattre éternellement ? Laissons cette classification cherchée, compliquée, tortueuse
à des pays encore ténébreux comme ceux de l'Australie ou de l'île Maurice, et n'allons pas, lorsque
nous classons les premiers timbres de la Grande-Bretagne, finir la première rangée par le timbre
actuel d'un penny quand nous l'avons commencée par un Victoria Régina ; lorsque vingt-cinq ans
creusent un intervalle entre deux timbres, pourquoi les placer côte à côte comme s'ils étaient jumeaux ?

Qu'eussiez-vous fait, vous, lecteur, qui jetez peut-être un regard sévère sur ce début, si, collectionneur
dès 1840, vous eussiez été assez puissant pour vous procurer tout ce qui paraissait d'essais,
à la surface du monde, tout ce qui surgissait de timbres, d'enveloppes et tout ce qui devait se tirer
de réimpressions ? Qu'eussiez-vous fait si, dès cette époque, vous eussiez pris le parti de rassembler et
de classer tous les timbres qui devaient naître jusqu'en 1866, pour en former de quoi servir d'exemple
aux collectionneurs à venir ? Ayant pris un vaste album, vous eussiez placé à la première page d'Angleterre
tout ce qui avait été proposé avant 1840, puis les enveloppes Mulready, puis, en suivant toujours,
tous les essais, tous les timbres, toutes les enveloppes et toutes les réimpressions au fur et à
mesure qu'ils paraissaient, au fur et à mesure qu'ils auraient paru , et cela jusqu'à aujourd'hui,
suivant sans le chercher l'ordre chronologique. Vous eussiez fait de même pour chaque pays, et, vous trouvant,
aujourd'hui à la tête d'une collection complète et dans un ordre chronologique parfait, que réponderiez-vous
à celui qui voudrait nous faire adopter un système de son invention, comment traiteriez-vous
la classification qui est le sujet de la réprobation de cet article, quand vous vous trouveriez avoir,
vous, la classification naturelle et fondamentale ?

Je vous fais juge, cher lecteur, du différend qui nous sépare, et voyez si, ayant lu attentivement ces
quelques lignes pour lesquelles je réclame toute votre indulgence, vous ne vous sentirez pas prêt à
abdiquer un système usé et à le remplacer par la loi naturelle :
Les pays étant placés dans l'ordre alphabétique, classer dans chacun de ces pays, sans distinction
de catégories, les essais, les timbres, les enveloppes, les réimpressions dans l'ordre où ils ont
paru successivement, dans l'ordre naturel et chronologique. De plus, commencer par les petites valeurs
pour tous les spécimens jumeaux.

E. RÉGNARD.

Page 8 - Les enveloppes-mandats de Saxe.

- DES TIMBRES-POSTE DE CINQ FRANCS.

Nous avons lu, dans quelques journaux de Paris, une réclamation en faveur des timbres de 5 francs,
qui seraient destinés à l'affranchissement des gros paquets et qui serviraient en outre à des envois
d'argent de peu de valeur.

C'est bien moins un timbre-poste qu'une sorte de papier-monnaie qu'on demande; par cela même, les
réclamants ont peu de chance de succès auprès de l'administration des postes.

Non-seulement il en résulterait un déficit pour le Trésor, qui serait fort souvent privé du droit
qu'il perçoit sur les envois d'argent; mais encore nous croyons que, dans la pratique, il y aurait danger
à créer des timbres d'une valeur trop élevée.

Quels que soient les moyens de perfectionnement dont on dispose pour mettre les timbres à l'abri de
la contrefaçon, il ne faut pas tenter la fraude: c'est déjà beaucoup que d'émettre des timbres d'une
valeur supérieure à cinquante centimes.

De Rives de Seine.

 

N°38
8 pages
Février 1866

 

Chronique.

Page 13 - A PROPOS DES TIMBRES GRECS.

Dans une intéressante dissertation publiée par le timbrophile, sur les filigranes, nous trouvons à
l'article des timbres grecs, le moyen de reconnaître entre elles les deux différentes impressions de ces
timbres : la première faite à Paris, la deuxième à Athènes.

Si l'on n'avait pour s'éclairer que les 10 lepta, impression française, et les 5, 10, 20,40 et 80 lepta,
impression grecque, qui seuls portent les chiffres distinctifs au revers, le moyen serait imparfait, puisqu'il
faudrait que les timbres fussent détachés pour qu'on pût les reconnaître et qu'il manquerait totalement
pour les timbres placés dans les albums, si nous n'avions un autre moyen plus complet et plus rationnel.

En effet, la gravure du timbre parisien est infiniment plus fine, plus artistique que celle du type
d'Athènes, dont les traits sont très fortement accentués et les ombres épaisses et dures, ce qui provient
de la retouche faite à la planche originaire.

Nous connaissons de ces deux impressions les timbres suivants :

IMPRESSION FRANÇAISE.   IMPRESSION GRECQUE.
Sans indication de la valeur au revers   Sans indication de la valeur au revers
1 lepton, brun.   1 lepton, brun foncé, brun.
2 » jaune.   2 lepton jaune p., jaune f.
5 » vert.   avec chiffres au revers
20 » bleu.   5 lepta, vert, vert-olive.
40 » brun-violet.   10 » rouille, bist, bist. f.
80 » carmin.   20 » bleu, bleu foncé.
Avec grands chiffres au revers.   40 » brun-violet, violet.
    80 » carmin, rose.
10 lepta, rouille.   Avec chiffre plus petit au rev.
    5 lepta, vert.


De Rives de Seine.

Page 14 - LES TIMBRES TÉLÉGRAPHES DE BELGIQUE.

LA 5 e EDITION D'UN ALBUM TIMBRES-POSTE dit : DE LALLIER.

Avant d'examiner en détail l'album immuable de.... M. J. Lallier, il importe que nous fassions
connaître d'abord , quelles sont les ficelles qui ont été employées, pour tâcher de regagner au public,
une confiance qui avait été compromise, par suite des quatre premières éditions du même ouvrage,
parues antérieurement.

M. Lallier commence par adresser modestement une lettre, à MM. Mahé et Maury pour les remercier,
ainsi que MM. Herpin, Régnard, Donatis, etc., etc., du concours utile (et très-nécessaire) que ces
MM. ont bien voulu lui prêter pour mener à bonne fin son entreprise, qu'il n'aurait pu tenter seul avec
honneur. Il nous indique, par la même lettre, le 1 er septembre comme étant la date à laquelle paraîtra
cette cinquième édition, si vivement réclamée par le public, qui y apprend là seulement toute son
impatience.

Cette date n'était pas réelle, et M. Lallier le savait bien, mais elle lui permettait de pouvoir en annoncer
une autre, afin de maintenir l'éveil du public.

Après la publication de cette rassurante lettre, MM. Mahé et Maury nous apprennent, à leur tour,
ce que la modestie ou plutôt la prudence de M. Lallier n'a pu nous faire connaître. On sait par le
premier, que cet album ne contient pas moins de 300 pages, qu'il a été fait sous la direction des
grands timbrophiles parisiens , que toutes les lacunes ont été comblées, que l'impression en a été
confiée à une des premières maisons de Paris et qu'il contient comme complément, les armoiries, en chro-
molithographie et de plus, des places réservées aux portraits de tous les souverains, qu'on peut se pro-
curer, — ne l'oublions pas, surtout ! — au prix de 10 centimes pièce.

Voyons ce qu'il y a de vrai dans cette réclame :

1° Nous sommes dans une grande perplexité au sujet du nom de l'auteur de cet album : M. Lallier
dit que c'est lui et ne parle que de communications d'albums des principaux timbrophiles parisiens et
de conseils qui lui ont été donnés; M. Mahé qui sait à quoi s'en tenir sur les capacités de celui qui s'en
dit l'auteur, nous apprend que cet album a été fait sous la direction des grands timbrophiles parisiens ;
M. Maury, qui tient énormément à ce que l'on sache qu'il a contribué pour une très grande part au fini
de cette œuvre (sic), prétend qu'elle est due à une collaboration parisienne. N'est ce pas le cas de demander :
Quel est donc ce mystère?

2° Les 300 pages annoncées, se résument en 145 feuillets; ceci pour éviter tout malentendu.

3° Les armoiries destinées à faire le plus bel ornement de l'album , n'existent que dans les annonces;
ajoutons, pour être vrai, qu'on peut les acheter séparément et, dans ce cas, il est laissé à
l'acheteur la faculté de placer ces armoiries, à l'endroit où il le jugera convenable , attendu qu'aucune
place spéciale n'y est indiquée. A ce compte-là, cet album contient ce que l'acheteur y voudra mettre.

4° Des places ont été effectivement réservées aux portraits des souverains, mais dans quel but ? Et
pourquoi ne pas y ajouter également, les portraits de tous les membres de la famille de chaque souverain,
qu'il n'y avait pas de raison d'exclure, pas plus que leurs ancêtres ?

5° L'impression est parfaite, et en cela nous sommes d'accord avec M. Mahé; la couleur bistre,
qui a été substituée à la noire, trouvera certes des adhérents; mais on sait que les nuances les plus
bizarres trouvent également les siens.

(La suite prochainement.)

Page 15 - LES TIMBRES DE VICTORIA.
(Suite. — Voir le numéro de décembre dernier.)

 

N°39
8 pages
Mars 1866

 

Chronique.

...

En ce moment une nouvelle marque d'oblitération est à l'étude, et doit avoir pour but d'empêcher
le lavage des timbres, afin qu'ils ne puissent plus être utilisés. Divers dessins ont été proposés, depuis
l'estampille portant l'étoile d'Italie jusqu'à celle aux dessins les plus impossibles.

 

 

Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs, trois de ces marques d'oblitération: c'est, cette dernière qui
est jusqu'ici là préférée; son numéro doit représenter celui du bureau de poste. L'adoption de cette
griffe serait un retour vers l'ancien système, abandonné une première fois et qu'on ne saurait reprendre
sans condamner ce qui a été fait précédemment.

...

Page 20 - LA 3 e ÉMISSION DES TIMBRES DU PIÉMONT.

- LE TIMBROPHILE ACCUSATEUR.

Page 21 - Le service des Postes sous Louis XV.

Monseigneur le cardinal de Fleury est un de ceux qui ont le plus contribué à l'amélioration du service
général des postes ; on en fait le plus grand éloge dans les écrits du temps.

Ainsi que le prouvent ses ordonnances, rien n'échappait à sa vigilance, et il ne craignait pas de
descendre dans une foule de détails, ce qui le mettait à même de prévenir les abus et les inconvénients
qui pouvaient porter atteinte à la marche de ce service, si loin alors du degré de perfectionnement
qu'il possède aujourd'hui.

Un des plus curieux arrêts de cette époque, où l'administration en général et celle des finances en
particulier étaient fort en désarroi, est celui du 30 mai 1730.

« Sur la requête présentée au Roy en son conseil ou le rapport du sieur Orry, conseiller ordinaire
» au conseil royal, contrôleur général des finances : le Roy en son conseil a ordonné et ordonne que
» les arrests et règlemens rendus sur le fait de Postes seront exécutez selon leur forme et teneur, et
» conformément aux dits arrests fait Sa Majesté deffense à tous messagers, propriétaires,
» fermiers, loueurs, et conducteurs de carosses, coches, carioles, charettes, muletiers,
» rouliers, voituriers, poulaillers, beurriers, coquetiers, mariniers, marchands, colporteurs et
» à toutes autres sortes de personnes, déporter tant par eau que par terre aucunes lettres ni paquets
» de lettres. Ordonne en outre Sa Majesté que toutes les lettres et paquets de lettres, soient portez aux
» boëtes et bureaux des postes, à l'exception seulement des lettres de voiture qui concernent les
» marchandises dont les dits conducteurs, voituriers,et autres sont chargez, fait sur défenses à
» tous hôtelliers, cabaretiers, aubergistes et autres de quelque état et condition qu'elles soient, de recevoir
» dans leurs maisons aucunes lettres ni paquets de lettres, sous quelque prétexte que ce soit
» à peine de cinq cens livres d'amende, etc. »

Cette longue énumération d'industriels et de marchands est délicieuse ; elle nous prouve qu'à cette
époque qui n'était pas le bon temps pour bien des gens, chacun avait sa spécialité et ne cherchait
pas à empiéter sur le terrain de son voisin. Mais nous avons fait de grands progrès depuis 1730;
nous avons conquis bien des libertés et avec elles, une passion extrême d'éreinter notre prochain. Les
spécialités s'en vont chaque jour, pour faire place aux généralités et aux bazars ; le boulanger fait
de mauvais gâteaux, le perruquier vend des bonbons qui sentent le cosmétique, le confiseur vend
de la parfumerie au risque de donner un bâton de cire à moustaches, pour un bâton de chocolat et
de mettre le savon en pastille et le sirop en chol-cream, le vanier vend des pianos, le marchand de
pianos vend de la poterie; d'autres vendent de tout, excepté ce dont on a le plus besoin, etc. Quel gâchis,
quel gâchis!
Mais revenons aux postes : l'arrêt que nous signalons n'était pas le premier de ce genre, car si on
respectait le bien du voisin, il n'en n'était pas de même du fisc qu'on frustrait de toutes les façons.
« Le roi est bien assez riche, » disaient les imbéciles et les innocents, sans songer que les coffres royaux
ne s'emplissaient pas tous seuls.

Les gros impôts ont toujours provoqué la fraude, cela n'a pas besoin d'explication; c'est ce qui fait
qu'en matière postale comme en toute autre, elle tend chaque jour à disparaître; qui donc voudrait
risquer une amende de 50 à 1000 francs et même la prison pour 20 centimes ?

On doit au cardinal Fleury plusieurs ordonnances utiles :

1° Celle du 31 mai 1728, qui enjoint au fermier général des postes, d'établir des courriers pour
conduire la malle ordinaire de Paris à Strasbourg, passant par Nancy, trois fois par semaine et autant
pour le retour.

Trois fois par semaine, ce n'était pas trop ; cette ordonnance était d'autant plus nécessaire, à faire
exécuter surtout, que le plus souvent, ainsi qu'elle le reproche aux maîtres de postes : « La malle restoit
« dans leurs écuries à la disposition des postillons qui vouloient bien s'en charger et que plusieurs
» fois les cadenats en ont été brisez et plusieurs paquets ouverts et volez; »

2° Celle du même jour qui établit des malles extraordinaires pendant la tenue du congrès de Soissons,
où il allait jouer lui-même un rôle politique contre l'Autriche ;

3° Celle du 8 novembre 1728 que nous avons cilée dans un précédent article, portant : « Réglement
» pour la diligence et la seureté des malles ordinaires de la route d'Aix à Nice ; »

4° Celle du 27 décembre même année, portant : « Défenses à tous courriers et va- de-pieds de
» toutes les routes du royaume.de se charger d'aucune lettre, etc. »

De Rives de Seine.

LA 5° ÉDITION D'UN ALBUM TIMBRES-POSTE dit : DE LALLIER.
(Suite et fin. — Voir le numéro précédent).

Quant aux réclames cousues de fils blancs, de M. Maury, dont chaque coup d'encensoir vient briser
le nez de M. Lallier, elles nous rappellent la fable : L'Ours et l'Amateur des jardins, de La
Fontaine, dont nous extrayons les quelques vers suivants pleins d'à propos :

Un jour que le vieillard dormait d"un profond somme,
Sur le bout de son nez une (mouche) allant se placer,
Mit l'ours au désespoir; il eut beau la chasser.
« Je l'attraperai bien, dit-il, et voici comme. »
Aussitôt fait que dit : le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec roideur,
Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche;
Et, non moins bon archer que mauvais raisonneur,
Raide mort étendu sur la place il le couche.
Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami ;
Mieux vaudrait un sage ennemi.
Le pavé de l'ours, c'est tout bonnement ici la louange outrée : en voulant trop prouver la perfection
de l 'œuvre, M. Maury la déprécie. Voici, au reste, ce que nous écrit à ce sujet un de nos correspondants :

« L'album Lallier, si ridiculement préconisé par le petit De Boissy-Maury du sénat Philatèle, je ne
l'ai pas vu, mais on peut en juger par l'article du Collectionneur. »

Mais laissons là le Collectionneur et sa critique et arrivons enfin à l'énumération des erreurs, qui
sont restées inaperçues pour l'œil expert du rédacteur en chef et propriétaire de ce journal.

Au premier abord, il semblerait que le classement des timbres, ait été fait par ordre alphabétique
dans chaque partie du monde ; mais en y regardant de plus près, on acquiert bientôt la conviction
qu'aucun ordre régulier n'a été suivi. En effet, ce n'est ni un ordre alphabétique, ni un ordre géographique
car il est tout de fantaisie.

Les colonies françaises de la Réunion et de la Nouvelle-Calédonie, qui appartiennent l'une à l'Afrique,
l'autre à l'Océanie, sont placées à la suite de la France, tandis qu'un ordre tout différent a été
adopté pour les colonies anglaises. La France commence l'album, puis l'Allemagne et ainsi de suite
en continuant un ordre plus ou moins alphabétique, interrompu à tout moment. Nous trouvons aussi, à
la suite de l'Amérique, la Turquie et le Mecklem-bourg-Strélitz,qui n'appartiennent pas positivement
à cette partie du monde. De plus, la classification des timbres, qui devait commencer, selon la préface,
par les plus petites valeurs, a été abandonnée sans raison pour Brème, Espagne, timbres de journaux!!!
Naples, Guyane, etc. On peut, cependant, avec de la patience, beaucoup de recherches et le secours
des quatre ou cinq tables, parvenir à se tirer de ce dédale.

Maintenant qu'on connaît le système de classement de M. Lallier, nous allons le suivre pas à pas :

France. Pourquoi dans un Album timbre-poste un chiffre-taxe affiche ?
...

L'exiguïté de notre journal ne nous permettant pas un luxe inutile, nous cessons cet article qui
menace de prendre des proportions effrayantes. Nous croyons, cependant, avoir prouvé suffisamment que
cette merveille, due à... ??? et pour laquelle on avait convoqué l'arrière-ban de la réclame, est loin
d'être aussi parfaite qu'on l'avait annoncé. Quant au rapport des monnaies, M. Lallier n'a pas dû
faire de grandes recherches, car ayant trouvé le nôtre à sa convenance, il n'a pas manqué de le copier
textuellement, ce que nous prouverons, s'il le croit nécessaire. Nous pensons qu'en pareil cas, les
convenances exigent qu'on cite au moins, la source d'où l'on tire ses renseignements.

Un dernier mot avant de terminer. M. Lallier annonce, dans sa préface, « qu'on trouvera à la fin
du livre TOUTES les indications bibliographiques relatives à l'histoire et à l'étude des timbres-poste. »
Notre journal, Le Timbre-Poste, a été exclu, malgré la promesse si pompeuse de donner toutes les
indications bibliographiques ; mais il faut bien faire aussi quelques concessions à ses c... , à ses c... ,
ma foi, nous ne trouvons pas le mot et le compositeur attend. Si nous nous en rappelons, nous ne
manquerons pas d'en informer nos lecteurs.

Page 24 - L'OCÉAN PENNY POSTAGE. (Suite. N° 21.)

 

N°40
8 pages
Avril 1866

 

Chronique.

...

Les timbres-poste au Sénat français. 

Nous lisons dans le Moniteur Universel du 21 février 1866 (procès-verbal officiel de la séance du
20 février, rapport des pétitions) :

M. Suin, rapporteur:

Le sieur Thouvères, domicilié à Arinthoc, chef-lieu de canton du département du Jura, demande que l'effigie
qui est gravée sur les timbres-poste soit remplacée par le timbre impérial.

La raison qu'il en donne, « c'est que l'effigie de l'Empereur reçoit et garde sur les timbres-poste, à chaque minute
du jour et par milliers, dans toute l'étendue de l'Empire, les coups multiples du timbre oblitérant, » et
cela paraît peu conciliable avec le respect et l'admiration dus à l'Empereur Napoléon III.

Le pétitionnaire avoue lui-même que cetle préoccupation pourra bien être regardée comme naïve, mais enfin
elle le poursuit depuis trop longtemps.

Nous ne voulons pas, en présence des bons sentiments qui la lui ont inspirée, qualifier sa demande plus sévèrement
qu'il ne l'a faite lui-même; toutefois nous pensons qu'il ne doit pas y être donné suite.

En conséquence, la commission dont je suis l'organe, m'a chargé de vous proposer de passer à l'ordre du jour.

(L'ordre du jour est adopté).

La plupart de nos lecteurs trouveront sans doute aussi que la préoccupation du pétitionnaire est en
effet naïve, et que l'apposition de la griffe d'oblitération sur un timbre-poste portant l'effigie d'un
souverain, n'a rien d'inconciliable avec le respect, dû à ce souverain.

D'un autre côté, ils ne s'étonneront pas autant que M. Suin, le rapporteur de la pétition, en voyant
se produire cette opinion, à laquelle il ne fait pas l'honneur de la discuter ; il est à supposer que cet
honorable sénateur n'a jamais vu de collection de timbres-poste et n'a pas encore eu l'occasion de
s'occuper de timbres.

Dans le cas contraire, il aurait peut-être reconnu que la question, bien peu importante en apparence
pour un homme d'état, du choix des types de timbres-poste, et du procédé admis pour les oblitérer,
pouvait se rattacher au domaine de la plus haute politique, et conduire tout naturellement à comparer
les principes fondamentaux du gouvernement des monarchies de droit divin absolu et des monarchies
constitutionnelles . — Nous allons essayer de l'indiquer sommairement.

Nous savons tous que S. M. Ferdinand II avait prescrit l'emploi de timbres à armoiries pour ses
États de terre ferme, et n'avait admis pour la Sicile l'usage du timbre avec son portrait, qu'après la confection
d'un timbre oblitérant, qui encadrait la tête royale en la respectant. L'apposition de cette griffe,
à une place déterminée, était certainement prescrite sous les peines les plus sévères, car c'est tout au
si on remarque à cet égard, de légères divergences.

Comme le roi de Naples, tous les souverains d'Italie avaient adopté les timbres à armoiries. Ils
admettaient évidemment comme lui qu'il y aurait, sinon crime de lèse-majesté, au moins manquement
grave à la majesté du prince, dans le fait de l'oblitération de son portrait. Cette opinion paraît, du
reste, se fonder sur les traditions déjà anciennes, de l'antiquité païenne. Nous lisons, en effet, aujourd'hui
même dans le Magasin pittoresque, mars 1866, page 101 ; « Il est nécessaire de se rappeler que
» depuis l'établissement de l'empire chez les Romains, la moindre négligence apportée à la conservation
« des images impériales pouvait conduire à l'exil, sinon à la mort, et qu'on se rendait coupable
» de lèse-majesté en ne respectant pas l'empereur, même à l'état d'image muette. »

Nos lecteurs savent que la Sardaigne a de tout temps fait exception, pour ses timbres-poste, au principe
que nous signalons ; nous croyons avoir saisi la cause de cette différence : notre explication ressortira
de la suite de notre article.

Passant à l'Allemagne, nous y retrouvons la même tradition , bien que primitivement moins
accentuée. Constatons d'abord, que plusieurs pays n'ont jamais émis que des timbres à armoiries; ce
sont : la Bavière, le Wurtemberg, le Brunswick, l'Oldenbourg et le Mecklerobourg.

Quant aux autres États, nous remarquons qu'ils suppriment tour à tour leurs timbres à effigie de
souverain, afin de les remplacer par d'antres à armoiries. C'est en 1861 , la Prusse ; en 1863, l'Autriche
et la Saxe ; nous savons que les projets, actuellement à l'étude au Hanovre, n'ont pas d'autre
but; seul, le grand-duché de Bade conservera donc, dans un avenir prochain, le portrait de son
souverain sur ses enveloppes, et encore y a-t-il lieu d'observer, que dans la pratique actuelle, l'oblitération
de l'effigie n'y est pas nécessaire. On pourrait admettre qu'elle n'est qu'accidentelle; d'ailleurs,
lorsqu'on la rencontre, elle ne frappe d'ordinaire que l'encadrement.

Nous croyons pouvoir, sans risque de nous tromper beaucoup, rattacher ce changement, d'un côté,
à l'accentuation plus vive des théories de la royauté de droit, divin, faite par le roi de Prusse actuel, lors
de son couronnement, et de l'autre, à la présence en Allemagne des princes italiens exilés.

En tous cas, la tradition italienne qui considère comme inconciliable avec le respect dû au souverain,
le fait de frapper son effigie d'un timbre d'oblitération, a complètement gagné l'Allemagne, et c'est
sans doute à une idée analogue, que nous devons les timbres à armoiries russes.

Nous serions donc fondé à dire, que nous rencontrons maintenant les armoiries, sur les timbres
de tous les pays à monarchie de droit divin comme contre-partie de ce principe, nous trouvons le
portrait du souverain, sur les timbres de tous les pays à monarchie constitutionnelle, quelques différentes
que soient les constitutions, mais en excluant cependant celles, octroyées comme en Prusse. Nous
avons donc : l'Angleterre et ses colonies, la Belgique, l'Espagne, la France, la Hollande, l'Italie de Victor-
Emmanuel et le Portugal, ayant tous sur leurs timbres-poste l'effigie de leur souverain.

Ne serait-ce pas quelque théorie de droit divin qui aurait fait rejeter en Danemark, en 1852, l'essai
de 8 resk. à effigie; quelque motif analogue qui aurait inspiré le changement récent des timbres de
Norvège ; ne serait-ce pas la contagion exercée par le voisinage de l'Allemagne, sur l'administration des
postes du Luxembourg, qui aurait fait disparaître des timbres de ce duché le portrait de son grand-duc
Guillaume, qui continue à figurer comme roi Guillaume III sur les timbres de Hollande ?

Nous voyons le prince Couza s'empresser d'affirmer par ses timbres-poste son éphémère souveraineté,
les souverains successifs de Honolulu enrichir nos albums de leurs portraits, et, par contre, le roi
Olhon s'inspirer évidemment des traditions de la cour paternelle, en adoptant Mercure pour les timbres
grecs, au lieu de sa propre effigie.

On comprend que l'empereur Maximilien a choses plus pressées à faire, que d'examiner s'il y a lieu de
substituer son portrait aux armoiries mexicaines.

Mais qui nous expliquera l'amour persistant du Brésil pour ses affreux chiffres ?

O. B.

Page 40 - CURIOSITÉS POSTALES.

Nous avons le plaisir de mettre sous les yeux de nos lecteurs deux documents fort curieux, extraits
de la magnifique collection d'autographes de notre obligeant et fidèle collaborateur M. De Rives de
Seine.

Le premier de ces documents a dû accompagner la dépêche adressée au ministre de la guerre par le
général de Grouchy, qui lui rendait compte des événements de Lariole et de Valence (2 et
3 avril 1815), en lui annonçant qu'il partait de Lyon avec des forces pour soutenir le mouvement
du général Pire, marchant à la rencontre des royalistes commandés par le duc d'Angoulême. (Cette
supposition est en parfaite conformité avec les mémoires du temps).

Le deuxième est relatif aux dépêches que l'aide de camp de l'empereur, le général Corbineau,
adressait au gouvernement sur les événements qui ont amené la capitulation du prince.

Page 31 - LES POSTES ET LES TIMBRES-POSTE EN EGYPTE.

Page 32 - LES TIMBRES PROVISOIRES DE L'URUGUAY.

Page 33 - LES TIMBRES DE VICTORIA.
(Suite. — Voir n° 38.)

Page 34 - TOUJOURS DES VARIÉTÉS (Nouvelle-Grenade).

- LES POSTES PONTIFICALES.

Page 35 - Le 4 cuartos lithographié d'Espagne.

Page 36 - Les enveloppes a deux timbres, d'Angleterre et des Etats-Unis.

 

N°41
8 pages
Mai 1866

 

Chronique.

...

FRANCE. 

Il y est toujours question d'enveloppes. Nous donnerons le mois prochain, le fac-similé d'un type, 
qui a chance, dit-on, d'être adopté. 
...

Page 39 - Les réformes postales de la république de Honduras.

Page 41 - LES TIMBRES DE L'ILE DE LA REUNION.

La chasse continuelle, donnée aux timbres de cette île, n'a toujours produit que des résultats peu satisfaisants : les plus fins
limiers ont fait buisson creux. Flairant une bonne affaire, MM. les gros bonnets , qui ne les dédaignent pas (les bonnes affaires), ont, à leur
tour, remué ciel et terre, pour arriver, hélas ! à une non-réussite des plus complètes : l'heureuse
spéculation des timbres Corrientes ne pût être renouvelée. Et cela s'explique facilement : D'abord,
ces timbres qui étaient réservés à la correspondance locale, furent peu usités; l'affranchissement n'étant
pas obligatoire. C'est à peine, nous écrit-on, si pendant les huit années qu'ils furent en usage,
quelques centaines en furent débités parla poste.
L'administration des postes prétend que le public se servit peu de ces timbres parce qu'ils n'étaient
pas gommés ! ! comme si l'on ne pouvait, à l'instar de MM. les Sandwichiens, remplacer la gomme ab-
sente par de la mélasse ! (Voir notre n° 33, pag.71).
Et ce qui vient ajouter encore à la rareté de ces timbres, c'est l'autodafé qu'en fit l'administration des
Postes, de tout ce qui restait, lorsqu'elle reçut, en 1860, les timbres à l'aigle impérial, encore em-
ployés aujourd'hui. Elle fit faire depuis, dit-elle, mais en vain, d'activés recherches pour retrouver
de ces timbres. Mais ce résultat n'était-il pas à prévoir, si l'on avait détruit tout ce qu'il en restait?
Maintenant, à moins qu'un banquier ou un négociant n'en retrouve l'un de ces jours, au fond d'un
tiroir on dans son portefeuille, comme il en a été pour certains timbres de Maurice , si nous en
croyons l'histoire véridique qu'on a faite récemment, nous pouvons faire notre deuil de ces deux
mythes.

Afin de tâcher de convaincre tous les disciples de saint Thomas, qui ne croient pas à l'émission de ces
deux timbres, voici l'arrêté local par lequel ils furent créés *

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.

Nous Gouverneur de l'île de la Réunion,
Vu l'article 11 de la loi du 24 avril 1833 sur le régime législatif des Colonies;

Vu les dépêches ministérielles des 13 juin et 14 août derniers, nos 230 et 330, concernant
l'affranchissement facultatif des lettres à destination de la France et de l'étranger et l'usage des timbres-poste ;

Sur le rapport du Directeur de l'intérieur,

Le Conseil privé entendu,

Avons arrêté et arrêtons ce qui suit :

Art. 1 er . A compter du I er janvier prochain l'affranchissement des lettres pour la France et les pays
étrangers auxquels la France sert d'intermédiaire, pourra avoir lieu au moyen de l'usage de timbres-
poste, conformément aux tarifs A et C, annexés au présent arrêté, soit que les lettres soient acheminées
par la voie des navires de commerce se rendant en France, ou transmises par la voie britannique.

2. Toute lettre expédiéede la Colonie pour la France par les bâtiments du commerce doit, savoir :

1° La taxe applicable en France aux lettres circulant à l'intérieur de bureau à bureau, et dont le tarif
est fixé ainsi qu'il suit:

Pour les lettres pesant 7 /12 grammes et au-dessous fr .25
dito de 7 1/2 gr. à 15 gr. .50
dito de 15 gr. à 100 gr. 1.00
dito de 100 gr. à 200 gr. 2.00

Et ainsi de suite, en ajoutant 1 fr. en sus pour chaque poids ou fraction de poids de 100 grammes.

2° Un droit lixe de 10 c. pour port de voie de mer depuis le lieu d'embarquement jusqu'au port de
débarquement en France.

3° Les lettres de la Colonie pour la France transportées par les paquebots britanniques sont passibles
du droit suivant :

1 fr. si la lettre pèse 7 1/2 grammes.

2 fr. si la lettre pèse de 7 1/2 gr. à 15 gr.

3 fr. si la lettre pèse de 15 gr. à 22 1/2 gr.

Et ainsi de suite, en ajoutant une taxe simple ou
1 fr. en sus de 7 1/2 gr. en 7 1/2 gr.

Cette taxe représente tous les frais de port dus à l'Angleterre et à la France depuis Alexandrie jusqu'à
destination.

Les lettres expédiées de la Colonie pour les pays auxquels la France sert d'intermédiaire, pourront
être affranchies en timbres-poste aux conditions énoncées aux tableaux A et C, ci-joints, savoir :

1° Celles expédiées par la voie des bâtiments du commerce aux conditions énoncées au tableau A;
plus le droit fixe de voie de mer de 10 c. par lettre.

2° Celles expédiées par la voie de Suez aux conditions énoncées au tableau C.

4. La taxe de 10 c pour la voie de mer n'est point applicable aux lettres adressées en France par les
sous-officiers et soldats, militaires et marins, lorsque ces lettres ne sont point acheminées par une voie
étrangère.

5. L'affranchissement pour les lettres parcourant la Colonie pourra également avoir lieu au moyen de
limbres-poste de 30 c. pour les lettres simples de 7 1/2 gr. et au-dessous.

Les lettres pesant plus de 7 1/2 gr. payeront proportionnellement à leur poids à raison de 30 c. par
7 1/2 gr. en sus sans portion de poids.

6. Si l'affranchissement était reconnu insuffisant, le surplus de la taxe serait dû par le destinataire.

7. La taxe locale relative à l'affranchissement des lettres pour l'extérieur reste fixé à 15 c., quelque
soit le poids de la lettre. L'affranchissement pourra aussi avoir lieu au moyen de timbres-poste qui
seront fournis par l'administration à quiconque voudra en faire usage, moyennant payement préalable
pour chaque timbre.

8. Les timbres-poste seront délivrés dans tous les bureaux de distribution des lettres contre leur valeur
en argent.

Il y aura des timbres de 10 c., 25 c. et 1 fr. pour les lettres destinées à la France ou à l'étranger, et des
timbres de 15 et 30 c. pour le service intérieur de la Colonie.

9. Quiconque aura fait usage d'un timbre-poste avant déjà servi, sera puni des peines de simple police.
l
10. Les taxes ci-dessus, pour l'extérieur, sont indépendantes de celles dues aux postes anglaises pour
les lettres expédiées par la voie d'Egypte jusqu'à Alexandrie.

11 . Le Directeur de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté qui sera publié et enregistré
et inséré au Bulletin officiel de la Colonie.

Saint-Denis, le 10 décembre 1831.



Par le Gouverneur:

Le Directeur de l'Intérieur,

Ed. Wakès.

Nota. — Toute lettre qui parviendra en France revêtue de timbres-poste français, quelles que soient
d'ailleurs sa destination el la voie par laquelle elle aura été acheminée, sera considérée comme affranchie
et traitée en conséquence si ces timbres représentent une somme au moins égale à celle qu'aura à
payer le destinataire de la lettre en cas de non enregistrement. Si les timbres-poste ne couvraient qu'une
partie de celte somme et que la lettre fût à la destination de la France, de l'Algérie ou des bureaux français
du Levant, l'administration ferait payer au destinataire la différence existant entre la valeur des
timbres et la somme due pour la taxe d'affranchissement jusqu'à destination. Mais dans le cas où la lettre
devrait être livrée à un office étranger, elle serait considérée comme non affranchie conformément à ce
que prescrit l'arrêté du Président de la République du 4 juillet 1849, relativement aux lettres de la
France pour l'étranger, insuffisamment affranchies en timbres-poste.

Les deux timbres qui nous
occupent et dont l'existence
vient d'être constatée par l'ar-
rêté local qu'on vient de lire,
étaient imprimés en noir, sur
papier azuré. Ils étaient com-
posés de dessins typographiques,
tels que nous les reproduisons.

Chaque feuille devait porter, pensons-nous, six timbres, disposés sur deux rangées et différent quelque peu entre eux par
le placement des dessins ou inscriplions. Le seul et unique tirage qui en fut fait vers la fin de 1851,
élait de 7,500 timbres de chaque type. Leur usage commença le 1er janvier 1852 et cessa le 1 er janvier 1360.

Il n'a jamais existé de marque spéciale pour leur oblitération ; les timbres que nous avons rencontrés
annulés, l'étaient d'une barre faite à l'encre. La marque d'oblitération pour la colonie, n'est devenue
obligatoire qu'en 1860; c'est-à-dire depuis l'emploi des timbres-poste coloniaux actuels, servant
pour l'intérieur et pour l'extérieur. Cette griffe, imprimée en bleu, est à peu près la même que celle
des postes de France, sauf qu'elle ne contient pas au centre, le numéro du bureau d'origine.
Depuis le 1 er janvier 1866, cette colonie comme au reste toutes les autres, fait usage de deux valeurs
nouvelles: 20 et 80 centimes. Elle a donc aujourd'hui 6 timbres : 1,5, 10, 20, 40, 80 centimes

Puisque, grâce à la photolithographie, les bibliothèques dépourvues de certains ouvrages anciens,
se complètent en remplaçant aujourd'hui ces raretés introuvables, par des reproductions photographiques
imprimées lithographiquement sur papier à la main, imitant parfaitement celui de ces anciens ouvrages;
pourquoi, nous sommes-nous dit, ne tenterions-nous pas aussi de remplacer le tirage des timbres
de 1852 par un autre de 1866, qui serait fait sur les anciennes planches, dans le cas où elles
existeraient encore; cette impression nouvelle dont l'âge seul formerait la différence des deux tirages
viendrait réparer la regrettable mesure administrative, qui condamna si malheureusement au feu toutes
ces premières richesses.

Nous donnâmes aussitôt suite à notre idée et après un échange de quelques correspondances, nous
eûmes la satisfaction d'apprendre que les anciennes planches existaient encore et qu'on voulait bien
nous réserver exclusivement un tirage, malheureusement trop restreint que pour compléter toutes les
collections. Ce tirage permettra cependant de combler bien des vides, ou de remplacer les nombreuses
contrefaçons qui existent de ces deux timbres et dont bon nombre d'amateurs n'ont encore que des
photographies de ces mêmes imitations.

Chaque feuille de ces réimpressions que nous venons de recevoir porte six timbres, soit, six compositions
typographiques différent légèrement entre elles et placés sur deux rangés. Les trois premiers
timbres sont de 15 centimes; ils différent principalement entre eux par la position irrégulière des huit
petites boules, dont les ombres viennent de divers côtés; les 30 centimes sont composés plus régulièrement,
et l'on ne peut juger de leurs différences que de visu. Les deux tirages ne se reconnaissent
entre eux, que par le papier qui était, au principe, très légèrement glacé.

Page 43 - LES TIMBRES DES JOURNAUX D'AUTRICHE (1)

(1) Quelques renseignements nous manquaient; nous les avons complétés, d'après ceux donnés par M. Nathalis Rondot,
dans le Magasin pittoresque

 

N°42
8 pages
Juin 1866

 

Chronique.

 

 

France

Le spécimen d'enveloppe ci-dessus est gravé, dit-on, par M. Barre. Le même auteur en a soumis deux autres à reliefs,
dont les dispositions d'ensemble sont les mêmes qu'ici; leur ovale, qui est perlé, mesure 2 millimètres de plus dans la largeur,
et l'un des deux a les armoiries du haut, remplacées par la couronne impériale.
N'eût-il pas été préférable de substituer au mot timbre-poste, tout à fait superflu, renonciation de la valeur en toutes lettres ?
Nous le pensons. On peut se demander aujourd'hui si cette lettre c, qu'on voit au bas du timbre, désigne des cents,
des cuarlos ou des centimes.

Nous avons vu des épreuves imprimées en diverses nuances et sur quantité de papiers différents.
Il y en a même des dorées, qui ont été soumises à l'empereur ! On expérimente les machines,
nous écrit-on, de là toutes ces épreuves. Nous le voulons bien. Mais si le résultat de ces expériences
doit amener, comme on dit, le prix de revient de ces enveloppes à une valeur inférieure à celle que
coûtent les timbres-poste, comment se fait-il qu'on nous fasse payer les épreuves un prix si élevé ?
MM. les gros bonnets, qui ont en mains cette affaire, devraient se rappeler qu'ils ont toujours été
grands partisans de l'achat des essais proposés, au prix de revient. Au lieu de se faire marchands, que
ne saisissent-ils l'occasion, qui leur est fournie aujourd'hui, de mettre en pratique ce qu'ils réclament
sans cesse d'autrui ! .

...

Page 46 - Le timbre local d'Helsuigfors.

- LES TIMBRES DES ANTILLES DANOISES.

Page 47 - La République de Libéria.
(Suite et fin. — Voir n° 29.)

Page 48 - L'ADMINISTRATION DES POSTES A HAMBOURG.

- LES TIMBRES DE VICTORIA.
(Suile et fin. — Voir n° 40.)

...

Il nous reste à entretenir nos lecteurs, des diverses estampilles d'oblitération qui ont été en usage
en cette colonie. Nous allons les passer rapidement en revue.

La première marque d'oblitération
créée en 1850, avec le timbre 2 pence
(trône) est celle reproduite ici ; elle
représente un ovale, au centre du-
quel est la lettre V, première du nom
de la colonie; le chiffre qui la sur-
monte, qui est parfois 2, 5, 18, 28,
37, etc., est le numéro du bureau d'origine.
Son usage a été assez régulier jusqu'en 1860; mais à dater de cette époque, nous ne la revoyons guère,
employée qu'eile élait, supposons-nous, par un ou plusieurs bureaux persistants. Un timbre de 1 p. (type 
actuel) nous prouve qu'elle n'a pas encore cessée d'exister. 
La deuxième estampille a dû voir le
jour vers 1852, en même temps que,
le 2 pence (buste), avec lequel elle
disparaît en 1854. Nous ne l'avons
rencontrée que sur les trois timbres
au buste, imprimée en bleu et en noir.

Ce n'est pas sans étonnement que nous l'avons retrouvée portant le n° 37 du bureau, appliquée sur un timbre de la
Nouvelle-Galles, 2 pence, bleu (vue de Sydney). Qui nous donnera le mot de cette énigme ?

Vers 1854, le 2 pence (trône)
rentre en faveur, mais au lieu
d'être imprimé, comme primiti-
vement, sur la planche même,
il en est fait un report lithogra-
phique. C'est alors que nous
arrive aussi, la marque ci-contre

variant par les chiffres et même par le nombre de lignes courbes, porté parfois à deux seulement,
de chaque côté. Elle est encore usitée aujourd'hui.

Au commencement de
1855, nous sommes gra-
tifiés d'un timbre à date
comme ci-contre. 11 en
existe plusieurs variétés:
Nous en voyons d'abord
avec l'inscription du bas,
remplacée par le mot Melbourne;

il y en a ensuite où l'on a substitué au mot : Newspaper (journaux), celui : Melbourne, et selon M. Magnus, le mot : Paid;
à ces deux dernières variétés, la couronne est moins large et plus élevée et les deux petites croix font
place à de gros points ou à des étoiles; la mystérieuse lettre placée entre le mois et la date est
des plus variées, Nous avons a. b. c. d. i. etc. Cette estampille a été supprimée à la fin de 1855 et
ne se retrouve que sur les l p. (buste), et 3 p., selon M. Magnus.

Ce n'est qu'en 1860 que nous arrive
cette griffe, formée de trois lignes
VICTORIA horizontales inégales, placées au-des-
sus et en dessous du mot : Victoria
et présentant ensemble un petit ovale.
Depuis son introduction, elle est restée en vigueur
jusqu'à ce jour.

Les bureaux de poste ne commencent à se servir à deux usages, de leur timbre à date, que vers 1861.
Nous croyons que cet emploi ne doit avoir lieu que dans des moments pressés, car ce système d'oblitération,
le plus logique et le plus expéditif de tous les systèmes, n'amène pas la suppression des autres
estampilles avec lequelles il continue à vivre de bonne amitié.

En 1862, se présente le modèle
ci-contre. Nous en avons vu éga-
lement qui portaient, au centre,
un numéro. Cette griffe est très-
peu usitée.
La même année, nous avons encore
un autre spécimen d'oblitération, con-
sistant en un ovale, au centre duquel
nous trouvons les chiffres 2, 3 ou 4.

 

 

Enfin, pour terminer, voici trois griffes qui doivent être spéciales à certains bureaux de poste. Nous
n'avons découvert la première que sur un 6 pence jaune non dentelé (3e type); la deuxième a dû être
émise en 1862 avec le 9 e type, et se présente assez régulièrement sur tous les timbres; quant à la troisième,
elle n'a été visible pour nous, que sur un 4 pence (8e type), oblitéré déjà de la petite griffe
ovale représentée ci-haut, niais portant le n° 3 au lieu du n° 2.

Voilà toutes les estampilles que nous avons pu trouver; elles nous ont permis de contrôler en grande
partie, les renseignements qui nous avaient été transmis de Melbourne et que nous avons trouvés de la
plus parfaite exactitude.

Page 51 - Les diligencias de la République de l'Uruguay.

 

N°43
8 pages
Juillet 1866

 

Chronique.

Page 55 - Les timbres et essais de Sicile.

Page 60 - LES COLONIES ANGLAISES.
(Suite et fin. — Voir le numéro 17).

 

N°44
8 pages
Aout 1866

 

Chronique.

Page 66 - Les timbres-taxe de la poste de Constantinople.

- De l'influence dn fusil a aiguille sur les timbres allemands.

Page 67 - LE PRÉJUGÉ.

- UNE HISTOIRE TÉNÉBREUSE.

Pub Album Moens :

 

 

5 e ÉDITION.
Revue avec soin, et augmentée d'armoiries nouvelles. Cet album dont chaque page est entouré d'un encadrement
fleuronné, contient, outre les armoiries des principaux pays, cinq jolies caries géographiques et un tableau
des monnaies.

 

N°45
8 pages
Septembre 1866

 

Chronique.

...

FRANCE.
Des timbres de 30 centimes et 5 francs sont à la veille de paraître.

...

Nous recommandons vivement aux timbrophiles, l'excellent ouvrage « The illustrated catalogue of
postage stamps, de M. J.-E. Gray, que l'on peut obtenir au prix minime de 1/6, chez MM. Alfred
Smith et Co, Queen square House, à Bath. Les éditeurs de ce livre ont eu l'heureuse idée d'y intercaler
les gravures (environ 150) qui ont servi à leur journal.

...

Page 71 - Des couleurs et des nuances en matière de Timbres-poste.

Quand on compare entre eux les catalogues des diverses époques, on est étrangement surpris du
nombre de timbres qui se sont accrus en si peu de temps.

Le premier de ces documents, publié par M. Moens, au commencement de 1862 (1), conte-
nait déjà 959 timbres connus; le dernier, publié par M. Mahé vers la fin de 1865, en compte 2,580
environ , et nous sommes déjà bien loin de compte. Il ne faut pas croire cependant que les émissions
qui se sont succédées depuis .quatre ans, ont à elles seules grossi le premier chiffre d'une manière
aussi considérable; elles forment, au contraire, la minorité. Sans doute, les découvertes qui ont été
faites parmi les émissions anciennes y ont contribuées quelque peu ; mais il faut y ajouter un grand
nombre de variétés qui se sont produites sous les investigations des amateurs. Tout d'abord, c'est la
piqûre qui a établi une distinction nouvelle entre les non dentelés et les dentelés; puis les papiers,
qui se distinguent en papiers vergés, mécaniques, à gros grains, lisses, blancs, mi-blancs ou teintés;
puis les filigranes, qui sont venus jeter le cri de guerre dans le camp quasi-paisible des timbrophiles;
il y a eu, en outre, les fils, les fautes d'impression, les fautes d'orthographe ; tous ces petits phénomènes
de la fabrication, ou plutôt tous ces petits riens qui ont peu à peu conquis leur importance, comme
ces monnaies anciennes ou modernes, qui ont pris un caractère de rareté à cause d'un coup de poinçon
reçu de travers.

Quoique la timbrophilie ait à juste titre la prétention de faire suite à la numismatique, elle
n'a pas comme cette dernière, l'embarras des ans dans la nuit desquels se perdent les conjectures.
On en est encore à disserter sur l'origine de certaines médailles qui apparaissent tout à coup après
trois mille ans d'existence, tandis qu'à cette heure, on est bien près d'avoir tout dit, sur ces petits carrés
de papier dont le plus ancien a à peine atteint l'âge de majorité. Il a fallu fouiller des milliers de
volumes et d'écrits avant qu'on ait pu constater l'identité de la plus rarissime des médailles qui
aura occupé des centaines de savants, de vrais savants, ma foi ; tandis qu'il n'est pas un timbre-
poste dont on ne puisse obtenir l'acte de naissance dûment légalisé et enregistré. C'est sans doute ce
qui fait que MM. les timbrophiles, à bout de ressources, ont improvisé un champ nouveau dont ils
se promettent des merveilles.

Après les couleurs, qui sont passablement variées, on a cherché à distinguer les nuances, et
déjà nous voyons des catalogues qui, après s'en être tenus aux couleurs officiellement reconnues, sont
entrés dans le domaine des nuances, c'est-à-dire de l'infini.

Selon les timbrophiles, un timbre quelconque peut avoir plusieurs couleurs ou plusieurs nuances :
cela s'est vu sans doute, mais cela n'a rien qui oblige à encombrer les collections de toutes ces variétés
dont la plupart sont sans valeur, à moins cependant qu'on ne les recueille comme des éléments
de comparaison.

Quiconque connaît le mécanisme administratif le comprendra facilement. Il ne peut y avoir qu'une
seule couleur pour chaque timbre : la loi, en le créant, ne s'occupe que de l'ensemble du système ;
elle laisse les détails d'exécution au règlement d'administration, qui complète la pensée de la loi. La loi
dit bien que tel timbre sera bleu, rouge, vert ou jaune, mais elle n'indique pas la nuance. C'est ce
qui fait que, dans le pays où l'action administrative est molle, indolente, comme en Italie, par exemple,
ou en Turquie, on trouve beaucoup plus de variétés que dans les autres, tels que la Belgique, l'Angleterre,
la France, etc., où l'action du contrôle se fait mieux sentir. Aussi croyons-nous que la fraude est
plus difficile là où l'on se rapproche plus simplement du type arrêté, que là où les variétés abondent :
habitué à une nuance soutenue, le contrôleur se rend plus facilement compte d'un indice qui lui fait présumer
une contrefaçon, que lorsque les variétés se multiplient sous ses yeux.

Il nous serait facile d'énumérer les .causes qui produisent les nuances si diverses qui tendent à
envahir les collections :

1° Le défaut de soin dans la préparation des bains de teinture ;

2° Le caprice ou la négligence du préparateur, qui dose mal les substances servant à la composition
des couleurs ou qui emploie indifféremment des substances diverses ;

3° Les milieux dans lesquels les timbres séjournent, tels que l'air, la lumière, l'humidité, la chaleur,
etc., et qui influent plus ou moins sur les couleurs ;

4° L'action du temps ;

5° Les lavages ;

6° Les acides et les sels dont les fraudeurs ne manqueront pas de faire usage pour attraper les naïfs.

La nuance est la fusion presque insensible, et habilement ménagée des tons différents d'une même
couleur. C'est aussi un assortiment des différentes teintes de la même couleur.

Il y a encore le ton qui exprime la nature des teintes, leurs différents degrés de force ou d'éclat :
de là les tons clairs, les tons obscurs.

Meyer, professeur à Goettingen, a calculé que les cinq couleurs employées dans la teinture, pouvaient
par leurs combinaisons, donner lieu à 819 mélanges. Mais, indépendamment de ces mélanges, dit Chaptal,
l'art en compose journellement et forme des nuances si nombreuses que l'échelle des combinaisons
est infinie.

Pour se convaincre de cette infinité que les corps possèdent à divers degrés, il nous suffira de citer un
exemple : un gramme pesant de cuivre, dissous dans le sel ammoniac , colore sensiblement 250 mè-
tres cubes d'eau, et, d'après le calcul de Musschenbroek, il subit ainsi une division en 800 millions
de molécules appréciables; or, si chacun de ces molécules, ce qui peut se vérifier au moyen du colorigratie,
exerce sa part d'action colorante, il en résulterait 800 millions de nuances différentes pour
cette substance seulement.

Ceci n'est pas aussi absurde qu'on serait tenté de le croire : les catalogues distinguent bien les variétés
principales, telles que foncées ou vives, très foncées ou très vives ; claires, très claires ; pâles,
très pâles. Mais nous défions bien de placer côte à côte deux nuances les plus rapprochées l'une de
l'autre sans trouver des nuances intermédiaires.

Il en est de la chimie comme de la physique : deux opérations conduites d'une manière identique
produiront des effets distincts.

Le mortier-éprouvette, par exemple, tirant dix coups dans les mêmes conditions de pointage, de
charge, avec le même projectile, et la poudre de même provenance, donnera dix portées différentes.

De même que dix feuilles de papier trempées l'une après l'autre dans la même cuve, donneront
dix teintes diverses.

Il est rare que les couleurs simples qui, par leur combinaison, forment une couleur composée, jouissent
de la même fixité et se comportent d'une manière égale avec les réactifs : ce qui fait qu'on peut
décomposer une couleur composée et en extraire les éléments séparément. Cela explique pourquoi le
vert devient avec le temps, bleu ou jaune, selon que les principes, jaune ou bleu ont plus ou moins
de fixité l'un que l'autre.

On sait encore combien les eaux contribuent essentiellement à la qualité des teintures; or, nous
pouvons ajouter que les diverses couleurs, et les mêmes couleurs, dans leurs différents états, exigent
une grande variété dans la nature des eaux, et, par conséquent, des soins qu'il n'est pas toujours possible
de prendre.

De là ces variétés innombrables que le temps fera surgir sans qu'on s'en doute et qui augmenteront la
confusion qui tend déjà à s'introduire, dans celte énumération de couleurs et de nuances qui se heurtent,
se cognent et se détruisent le plus souvent.

Ainsi, par exemple, les noirs se divisent en noirs vifs, ternes, violacés, verdàtres, roux, bleus, gris,
gris-bleutés, gris-perle, gris-jaune, gris-vert, etc.

Les rouges nous donnent les rouges briques, bruns, violacés, jaunes vifs, sales, le saumon, le
carmin, l'amarante, le cramoisi, le lie de vin, le chair, le rose, le groseille, le cerise, etc. Les bleus
sont aussi riches que les rouges; les verts le sont plus encore.

En fait de jaunes, nous avons le jonquille, le jaune d'or, l'orange, le citron, le chamois, l'ocre, le
fauve ; il y a aussi le jaune serin, nuance très commune de nos jours.

Tâchez, chers lecteurs, devons y reconnaître au milieu des 6 pence du Ceylan, qui vous offrent si
généreusement tous les bruns possibles.

Du reste, rien n'est plus arbitraire ni plus capricieux que toutes ces dénominations empruntées au
hasard, et qui ne peuvent, en aucune espèce de façon, servir de terme de comparaison.

Le grand siècle de Louis XIV a créé les couleurs Céladon, d'Astrée, d'Espagnole malade, d'amarante,
de fille émue, de barbe de Neptune, d'inconstant, de Clélie; que sont-elles devenues, toutes
ces nuances, les unes charmantes, à n'en pas douter, les autres assez cocasses ? Ce que devient ici-
bas tout ce que la frivolité fait naître.

La régence ne pouvait créer que des noms passablement décolletés, quand ils n'étaient pas obscènes.

Bachaumont nous apprend comment l'infortuné roi Louis XVI mit la couleur de la puce, à la mode.
Ce fut une rage : cette couleur, qui n'est autre chose que le ton de la terre de Sienne brûlée, eut ses
nuances subordonnées à tous les degrés de la vie de cet aptère. On fit intervenir la loupe, qui, avec sa
complaisance ordinaire, constata qu'il y avait lieu de différencier le dos, le ventre, la cuisse, la tête.
On consulta son état civil pour savoir son âge ; car il y eut la vieille et h jeune puce. On scruta encore
sa vie privée, ses mœurs, ses habitudes, dont on tira les nuances de puce effrayée, de puce en colère,
de puce à jeun, de puce après déjeuner, de puce en mal... de dents, de puce en goguette ; Dieu sait
ce que l'intempérance bien connue de cet animal d'insecte a dû produire de nuances.

Pendant une nuit devant Sébastopol, nous en avons massacrées 84 une première fois, et 52 une
autre: quel intéressant sujet d'étude c'eût été pour MM. les teinturiers de 1774 ! car tout a une fin, et
ils allaient être bientôt à bout de ressource, lorsque Monsieur eut la chance de trouver que les cheveux
de la reine étaient, sous la poudre, d'un gris cendré; il n'en fallut pas davantage pour renvoyer la
puce à ses criminelles occupations.

La révolution eut aussi ses couleurs, dont les noms furent plus ou moins énergiques et caractéristiques.

Sous l'empire, il y eut le bleu Marie-Louise et le caca du roi de Rome, qui durent naturellement
être remplacés, sous la restauration, par le bleu de roi et le caca Dauphin, comme on remplaça les
aigles par les fleurs de lis. Ainsi va le monde.

Pour le bleu, il n'y eut de changé que le nom ; quant au ... passez-nous le mot, il dut y avoir
autre chose qu'une nuance politique...

Toutes ces choses, on le voit, n'indiquent, en fait de couleurs, que la servilité de certaines gens, et
surtout l'habileté des marchands à s'emparer de ces faiblesses, pour en faire les auxiliaires de la mode.

De nos jours, l'enthousiasme a emprunté à des faits glorieux des noms qui pourront bien, dans la
postérité, embarrasser quelque peu les étymologistes et les savants. Que peuvent avoir de commun avec
Magenta et Solférino les nuances qu'on désigne aujourd'hui sous ces litres ? Du reste, notre siècle
ne fait qu'imiter ses aînés, si l'on s'en rapporte à l'origine attribuée, en Espagne, à la couleur lsabelle.

Revenez à la question, me direz-vous, chers lecteurs ?

Permettez : Pour revenir à la question, il aurait fallu en sortir, et nous ne croyons pas lui avoir
faussé compagnie; car , croyez-le bien, toutes ces nuances que nous venons d'énumérer d'une manière
fort incomplète, les fantaisistes ne manqueront pas de les trouver parmi les timbres passés, présents,
futurs, nouveaux; et, au besoin, les fraudeurs en inventeront; avec un petit peu de ci, un petit peu
de ça, comme le disait un professeur de peinture en retouchant une étude, ils vous en feront voir de
toutes les couleurs.

On a bien fabriqué de faux timbres qui ont trompé plus d'un amateur; on fabriquera plus facilement
encore des nuances.

Sans doute, il ne faut pas confondre les catalogues avec les guides-manuels ; les premiers ne sont
que des documents purement commerciaux, c'est-à-dire des prix-courants. tandis que les autres
sont des documents scientifiques qui peuvent servir de texte aux albums.

Parmi ces derniers, nous n'en connaissons qu'un qui soit véritablement sérieux : c'est celui que
M. Moens a publié sous ce titre : Les Timbres-Poste.

Le Magasin Pittoresque publie une longue série d'articles qui , réunis plus tard , formeront un
ouvrage précieux pour MM. les timbrophiles.
Malheureusement , les additions et les changements deviennent si fréquents parmi les timbres-
poste qu'il est impossible d'avoir quelque chose de complet en fait de texte; on peut cependant y
parvenir en tenant les guides-manuels au courant, au moyen des journaux qui traitent de la question.
Le Timbre-poste de Moens et le Timbrophile de Mahé sont dignes d'être consultés.

En résumé, nous croyons qu'il est prudent d'être sobre de nuances ; pousser au delà des variétés
principales et bien tranchées, ce serait jeter la dépréciation sur des collections, qui n'ont pas besoin
de centupler les timbres qu'elles renferment déjà, pour être véritablement précieuses.

Le timbre-poste d'ailleurs n'a plus le monopole de la mobilité; après avoir donné le branle, il a
généreusement partagé ses facultés si riches en résultats, et le timbre-mobile en se généralisant
comme il le fait, deviendra pour l'amateur, une source inépuisable d'intéressantes recherches.
De Rives de Seine.

Page 74 - UN ACTE DE NAISSANCE INATTENDU.

Page 75 - Rubrique ça et là.

 

N°46
8 pages
Octobre 1866

 

Chronique.

...

Il n'est bruit depuis quelques temps, à Paris, que de la prochaine apparition d'un ouvrage destiné à obtenir un
bien légitime succès. Il a pour titre : Les mémoires d'un marchand de timbres-poste.

Cette publication attendue par le public, avec la plus grande impatience, s'imprime en ce moment à 50 mille
exemplaires. Ils contiendront chacun 75 grandes planches gravées sur acier, quantité de vignettes dans le texte,
le portrait de l'auteur et peut-être bien celui de l'acheteur. Il y a aura 2 volumes in-8° de 572 pages; prix, à la
portée de toutes les bourses : 2 francs!

Cet ouvrage est patronné par la Société Philatélique de Paris, qui élabore toujours ses travaux, dont on dit des
merveilles. Elle s'est réunie d'urgence, ces derniers jours, à l'effet de décider quelle serait la récompense offerte a
l'auteur de ce mémorable travail. M. Lallier proposait de lui réserver une place en son album des célébrités de ce
siècle; mais l'avis de M. Maximus prévalut et il fut décidé que dorénavant M. Maury (c'est l'auteur) aurait droit, à
l'exemple de ce qui se pratiquait chez les Romains, de faire précéder ses pas d'un joueur de flùte, rétribué par
la Société.

Depuis cette décision, le nouveau Caïus Duillius se rend chaque jour aux Champs-Elysées, précédé de son
flûtiste. Tout Paris est en émoi.

P. S. Une dépêche télégraphique nous apprend que ce livre est paru. La première édition est épuisée. C'était
à prévoir.

...

Page 79 - Dentelés et non dentelés, par le Dr Magnus.

L'objet de cet article est de démontrer aux collectionneurs qui ont la prétention de former une
collection complète, qu'ils doivent accueillir dans leur album les timbres de ces deux espèces, et de
les aider dans cette recherche. Cette distinction n'est pas nouvelle. Les deux premiers catalogues
parus l'ont admise, celui de M. Potiquet, sous le nom de timbres piqués, celui de M. Moens, sous le
nom de dentelés, et ce, avec raison suivant nous, car cette petite opération complète la physionomie
du timbre. De plus, unie aux variétés de papiers et de filigranes, elle établit des espèces qu'il nous
semble légitime d'admettre. Que dirait-on d'un naturaliste qui, faisant connaître un animal, négligerait
de mentionner l'absence ou la présence de poils à la peau, et surtout leur nature. La dentelure fournit
des caractères analogues. C'est l'étude minutieuse de ses variétés qui permet de distinguer les
timbres primitivement émis de ceux qui les ont remplacés successivement.

Nous ne pouvons comprendre les motifs qui ont fait rejeter si longtemps cette distinction par les
auteurs anglais. M. Mount Brown (3 e édition, décembre 1862) se contente de la signaler dans sa
préface, mais il omet complètement cette étude, et dans les éditions suivantes, il a dû persister dans
les mêmes errements, si nous en jugeons par les Addenda, publiés successivement dans le Stamp
Collections Magazine.

Le catalogue illustré du Dr Gray passe complètement les dentelures sous silence, mais parle des
oblitérations comme d'un objet intéressant d'observation. Le journal anglais ne mentionne pas toujours
la dentelure des timbres dans ses articles : Newly Issued or Inedited Stamps. Bien plus, dans une
lettre d'un de ses correspondants publiée dans le numéro d'août 1866, on trouve le passage suivant :
« Les Français font de petites distinctions entre les timbres piqués et les timbres divisés à la
» roulette , entre les larges piqûres et les petites; le nombre de trous faits par la machine à piquer
est la matière d'études sérieuses de la part d'amateurs parisiens. C'est ce qui ressort du fait
» que leur principal journal rapporte gravement cette circonstance, que tandis que le nombre des
« piqûres des timbres russes de 1, 3 et 5 kopecks était dernièrement de 15 sur 11, il est maintenant
de 18 sur 13. Timbromanie est vraiment le nom propre de l'acte de collectionner les timbres,
» quand il atteint ce degré d'absurdité. » Plus loin, pourtant, ce correspondantsemble nous donner
raison lorsqu'il dit : « Comme le piquage est souvent accompagné d'un changement de couleur, et que
» l'aspect du timbre est jusqu'à un certain point modifié, je pourrais dire complété, il ne semble
» pas que ce soit aller trop loin que de les admettre tous deux. » Mais cette concession ne dure pas
longtemps, car il ajoute : « Certainement, une telle réunion devra former la collection la plus parfaite,
mais les collectionneurs devront éviter les distinctions entre les diverses espèces de piqûre
» et de papier avec autant de soin qu'ils le font déjà, pour la bande en général sans valeur, des
« essais et épreuves. » Sentinel (S 1 . C. M., 1 et août 1866).

Heureusement que les esprits les plus sérieux de la Grande-Bretagne ne partagent pas cette opinion.
Nous venons de lire avec plaisir dans le même journal cette phrase d'un autre correspondant .
« Nous préférons et pensons qu'il est tout à la fois utile et convenable d'examiner le revers des timbres,
leurs bords, leur teinte, afin d'être certain de les classer convenablement. » Nous pourrions encore
opposer à l'auteur, les travaux de M. Ph. qui signalent ces variétés de dentelure, et dont la collection
admet non-seulement les timbres dentelés, mais toute la bande des essais que nous ne traiterons
pas d'une manière aussi irrévérencieuse, car elle forme, à notre avis, l'un des plus beaux joyaux
de cette collection, la plus belle d'entre les plus belles.
Chose singulière, c'est pourtant à l'Angleterre que l'on doit la première invention de la machine à
piquer et son premier emploi. C'est dans l'automne de 1847 (Stamp Collectons Magazine, juin 1864,
n° 17) que Henri Archer natif d'Irlande, qui avait été promoteur, directeur et secrétaire de l'ancienne
compagnie Festiniog, ou du North Wales RaiKvay, proposa au marquis de Clanricarde, directeur
général des postes, une machine pour percer ou piquer les feuilles, de telle manière que chaque timbre
pût être promptement séparé. Archer avait pris son idée dans une imprimerie, où il avait vu quelques
feuilles de papier percées, après avoir été soumises à la presse; mais son idée de percer le papier
n'était pas suffisante et ses deux premières machines échouèrent. Une troisième qui enlevait à l'emporte-
pièce un certain nombre de petits ronds, obtint plus de succès, mais les lords de la Trésorerie lui allouèrent
une rémunération si faible de ses dépenses primitives, qu'il la rejeta tout à fait. Nous n'entrerons
pas dans le détail des démarches faites tant pour obtenir le redressement de cette injustice, que pour
faire prévaloir un nouveau système de gravure et d'impression plus économique, démarches qui furent
appuyées devant la commission d'enquête, par la présentation de feuilles de timbres portant
l'effigie du prince Albert et qui étaient destinées à servir de type et à montrer, entre autres, la
possibilité de perforer les timbres. (Ces essais, par parenthèse ne se trouvent jamais que non dentelés,
ce qui nous semble singulier.) L'enquête établit le droit d'Archer au brevet pour le piquage des timbres,
pour lequel une somme de quatre mille livres sterling lui fut payée. Ajoutons que Henri Archer
mourut à Pau, en France, le 2 mars 1863.

Ici se place la description des machines servant à denteler les timbres. Grâce à l'obligeance de
MM. Gouweloos frères, nous sommes, en mesure de faire connaître à nos lecteurs, celle employée par
ces messieurs, pour le piquage des timbres belges.

A la suite d'un contrat intervenu avec le gouvernement, ces industriels ont construit une machine
spécialement destinée au perforage des timbres-poste et ont été chargés, par entreprise, de cette
opération. Leur machine se distingue par sa grande simplicité. Deux apprentis sont chargés de la faire
mouvoir. Elle perfore cinq feuilles à la fois. Les feuilles se placent sur un châssis mobile porteur de
deux pointes servant à fixer les feuilles à soumettre au perforage. Des points de repère imprimés en
même temps que les figurines, guident l'application des feuilles sur le châssis. Celui-ci vient s'adapter
au chariot, mû par une vis, ayant à son extrémité une roue, dont le mouvement et un certain nombre
de crans sont combinée en raison de la course du châssis et du nombre des rangées de timbres à
perforer. Chaque tour de manivelle fait avancer le chariot d'une rangée de timbres et du même coup la
perfore. La perforation se fait par des aiguilles cylindriques (sans pointe) traversant, au moyen d'un
guide, une plaque en acier percée d'autant de trous qu'il y a d'aiguilles. Celles-ci, fixées à une pièce
mobile, montent et s'abaissent par un mouvement excentrique à chaque tour de manivelle. Le châssis
mobile, arrivé au bout de sa course, est remplacé par un autre, muni de ses feuilles à perforer. Le
perforage s'opère également au retour du chariot et, par suite, il n'y a pas d'interruption dans le travail.
Il résulte des certificats délivrés à MM. Gouweloos frères, et qui nous ont été communiqués, que les
deux machines de leur système, fonctionnant à Madrid, peuvent produire chacune 3,000 feuilles par
jour. Le gouvernement néerlandais possède également une machine de ces messieurs. Celle-ci, encore
beaucoup plus simple (à pédales), ne devant produire que quelques centaines de feuilles par jour,
fonctionne aussi à l'entière satisfaction de l'administration des monnaies à Utrecht, chargée de la
fabrication des timbres néerlandais.

La machine employée en France et dont la description a été donnée par M. Maury diffère peu de
celle de MM. Gouweloos. Elle est, dit-on, mue par la vapeur et pique cinq ou six feuilles à la fois.

Voilà pour les machines à piquer; il est supposable que le perçage s'opère par un procédé analogue,
mais nous manquons de renseignements.

Nous nous attacherons seulement à faire connaître les produits de ces machines. Nous étudierons
successivement:

1° les diverses espèces de dentelures ;
2° quelles deutelures ont été employées pour les principaux pays, et le parti qu'on peut tirer, dans
certains cas, de cette étude;

3° nous terminerons par quelques considérations générales.

...

Page 84 - M. GEORGES HUSSEY.

 

N°47
8 pages
Novembre 1866

 

Chronique.

Page 88 - Dentelés et non dentelés, par le Dr Magnus.
(Suite. — Voir n° 46.)

Page 89 - UNE HISTOIRE TÉNÉBREUSE.
{Suite et fin. — Voir n° 44.)

Page 90 - Des timbres-poste français.

Il ne sera pas dit que l'Evénement aura vécu sans avoir parlé timbres-poste. Prévenu d'une
mort prochaine, il a voulu, avant de nous dire un dernier adieu, leur consacrer quelques lignes que
nous trouvons fort intéressantes, et nous leur ouvrons volontiers nos colonnes. Il est donc vrai,
d'après ce journal, que nous allons avoir des timbres de Guatemala. Mais laissons parler l'article-
événement :

La production des timbres-poste qui n'était que de dix-neuf millions de timbres, en 1849, s'est
élevée à quatre cent quatorze millions en 1865, et atteindra quatre cent cinquante millions cette
année. Nous sommes cependant encore loin de l'Angleterre qui en emploie actuellement huit cent millions.

La fabrication des timbres-poste a lieu sous le contrôle de l'État, mais n'en constitue pas moins
une entreprise particulière.

L'imprimerie a été établie à l'hôtel des Monnaies, au fond d'une arrière-cour, dans une aile
inoccupée. De ces ateliers, modestement installés dans un local bâti pour une autre destination, sortent
maintenant chaque jour un million et demi de timbres, que soixante ouvriers suffissent à peine à
fabriquer.

En visitant les différents services, nous devons d'abord entrer dans le cabinet du directeur, car
c'est devant sa grande et pourtant sombre fenêtre que M. Hulot, tout en surveillant la fabrication, le
burin en main et l'œil à la loupe, grave le type du nouveau timbre-poste de cinq francs.

Ce timbre différera complètement des autres ; double de grandeur, il sera deux fois plus large que
haut, semblable à un billet de banque lilliputien, et portera en gros caractères le chiffre 5 et la lettre F
à gauche et à droite de la tête laurée. Ce timbre ne servira guère qu'à l'affranchissement des paquets
destinés aux pays d'outre-mer.

Disons en passant que, sous le rapport de l'affranchissement des colis, nous n'irons pas probablement
aussi loin que les Anglais, lesquels ont expédié quelquefois, franc de port, des animaux
vivants en collant des timbres-poste sur leurs cages.

Les types des autres timbres-poste sont gravés par M. Barre. Ils seront tous, dorénavant, à tête
laurée; ceux de un et cinq centimes porteront de gros chiffres, comme les timbres actuels de deux et
quatre centimes; enfin, les timbres de dix, vingt, trente, quarante et quatre-vingts centimes ne différeront
de ceux de l'émission actuelle que par la couronne posée sur le front de l'Empereur et la
ressemblance plus exacte du portrait.

Les timbres de nos colonies et ceux de la Grèce sortent des mêmes ateliers, qui vont encore en
émettre pour le Guatemala.

Le type se compose de pièces isolées; la figurine centrale, son encadrement, les lettres, les chiffres indiquant
la valeur sont séparés et mobiles; on peut donc obtenir un timbre de valeur différente en changeant
les chiffres, sans graver un nouveau type. Les pièces qui composent le type étant assemblées, on
moule sur lui une matrice par la méthode galvanoplastique; on peut ainsi produire autant de matrices
que l'on veut. Trois cents matrices réunies ensemble sont moulées en une seule planche, toujours
par la galvanoplastie, et l'on obtient de cette façon une planche en relief (comme les caractères
d'impression) identique au type d'abord reproduit en creux par la matrice, mais le répétant trois cents
fois. C'est cette planche qui sert à imprimer les timbres. On le voit, c'est toujours, en bloc, le procédé
des imprimeries qui consiste à clicher les formes faites en caractères mobiles.

Ces opérations ont lieu dans deux petites chambres où nous entrons après avoir traversé l'atelier
de réparations et le laboratoire.

La première contient les piles de Daniel perfectionnées par M. Hulot, dont les fils conduisent, dans
les auges établies dans la seconde pièce, le courant qui précipite sur la planche matrice le cuivre fourni
par des plaques épaisses de ce métal. Ces plaques se dissolvent peu à peu dans le bain de couperose bleue
au fur et à mesure que le cuivre se dépose sur la matrice et dans ses cavités.

Quand il s'est formé, couche par couche, une planche de métal sur la matrice dont le cuivre a
rempli les creux et s'y est moulé, on détache cette planche de cuivre dur galvanoplastique, qui est
prête à servir à l'impression.

Ce cuivre dur est obtenu à l'aide d'une méthode secrète.

C'est là un mot qui va revenir comme un refrain, car l'éminent directeur de l'imprimerie de la Monnaie
garde ses procédés comme le dragon des Hespérides gardait les oranges.

Quoi qu'il en soit, par cette méthode l'inventeur obtient la reproduction mathématique de toutes les
planches de gravure.

Ce ne sont pas seulement les timbres-poste qu'il fait ainsi ; il reproduit les plus belles gravures au
burin, ce qui leur assure en quelque sorte l'éternité, puisqu'on n'imprime que par les reproductions
galvanoplastiques absolument identiques en beauté à l'original.

C'est également par les mêmes procédés que le directeur a reproduit les types du timbre-warrant et
des cartes à jouer gravés par lui.

Quelques détails à ce propos, quoique s'éloignant un peu de notre sujet, pourront intéresser le lecteur.
Le timbre, représentant l'impôt de l'État, qui doit être apposé sur chaque warrant, est deux fois plus
haut que large, gris-noir, avec caractères rouges; sa valeur varie de cinq centimes à dix francs. Le
public l'oblitère lui-même en écrivant dessus. Pour empêcher qu'un semblable timbre puisse être
employé de nouveau après un lavage, M. Hulot l'imprime en encre ordinaire à écrire, privée de son
eau et cependant maintenue plus ou moins liquide par un procédé secret. L'encre qui a servi à annuler
le timbre étant de même nature que celle de l'impression, on ne pourrait effacer l'une sans l'autre.


Quant aux cartes à jouer, peu de personnes se doutent du nombre d'établissements différents qui
concourent à leur fabrication.

1° L'État fait faire un papier spécial portant un aigle en transparent;

2° A l'imprimerie des timbres-poste, on grave et on reproduit électriquement les types des figures et
de l'as de trèfle ;

3° A l'imprimerie impériale, ces planches galvano-plastiques servent à l'impression sur le papier
à l'aigle ;

4° Des bandes devant envelopper les jeux sont estampillées au timbre ;

5° Les particuliers fabricants de cartes achètent à l'état : papier, bande, as de trèfle et figures;
peignent celles-ci, impriment eux-mêmes les basses cartes sur le papier légal, et achèvent de façonner
les jeux.

Les feuilles sur lesquelles sont imprimés les timbres-poste subissent quatre opérations successives.
D'abord elles sont enduites, par une presse à cylindre, sur toute leur surface, d'une encre
blanche de sûreté dont la composition est secrète.

Il en résulte que la partie claire des timbres-poste est aussi bien couverte d'encre que la partie
foncée, et que si un contrefacteur essayait de reporter le dessein sur une pierre lithographique, les
deux encres, la blanche et la colorée, resteraient ensemble sur la pierre ; alors au tirage, au lieu des
lignes distinctes du dessin, on n'obtiendrait qu'une tache uniforme.

Dans la salle d'impression, douze fortes presses, dont une à cylindre, fonctionnent incessamment.
Les ouvriers étalent sur des tables de marbre des encres multicolores (plus secrètes dans leur préparation
les unes que les autres, cela va sans dire.
Partout volent les feuilles de timbres; rien n'est curieux comme de voir ces petits rectangles tout
frais et luisants, qui reproduisent autour de vous, à des milliers d'exemplaires, le profil de toute
nuance du souverain.

Mais il faut s'arracher à ce spectacle pour voir gommer les feuilles imprimées, ce qui s'exécute au
pinceau et à la main, tout simplement, mais en revanche, on emploie une mixture adhésive, tout à
la fois souple, résistante et propre, dont la recette est plus mystérieuse encore que tout ce qui a précédé.
Les feuilles sèchent sur des claies empilées les unes sur les autres qui remplissent presque
toute la pièce.

La dernière opération consiste à percer autour des timbres les petits trous permettant de les séparer
les uns des autres sans instrument tranchant.
Descendues dans le quatrième atelier , établi au rez-de-chaussée et fermé à clef comme les caves de
la Banque, les feuilles sont divisées en demi-feuilles de cent cinquante timbres. Cinq de ces demi-feuilles
sont superposées et serrées dans un cadre par quelques enfants qui suffisent au travail pour sa partie
intelligente, car la besogne rude est faite par la locomobile qui met en mouvement les deux
presses à cylindre et les deux machines à pointiller les timbres.

Le cadre contenant les feuilles vient se placer avec une précision absolue sous les mâchoires de
l'appareil, dont les emporte-pièce, comme un râtelier de trois cents fines dents, découpent un rang
de timbres chaque fois que les mâchoires se ferment. Un doigt de métal pousse les feuilles et les
fait avancer rang par rang sous les emporte-pièce. Quand toutes les feuilles sont découpées, un contre-
poids les ramène sous la main des ouvriers.

Les timbres ainsi terminés sont vendus à l'État
90 centimes le mille.

Enfin, les employés du gouvernemeut reçoivent les timbres, les trient, font détruire ceux qui présentent
quelques défauts et expédient les autres, soigneusement comptés et enregistrés, au magasin
central de l'administration des postes.

Charles Boissay.

 

N°48
8 pages
Décembre 1866

 

Chronique.

Page 98 - Dentelés et non dentelés, par le Dr Magnus.
(Suite, - Voir n° 47.)