« Nous sommes si pauvres l'un et l'autre, ajouta-t-elle, que
nous avons imaginé ce moyen de
» correspondre et d'affranchir les lettres. »
» Le voyageur, continuant son chemin, se demanda si un système
fiscal donnant lieu à de si
misérables fraudes, n'était pas un système vicieux. Le soleil
ne se coucha avant que M. Rowland
Hill (car c'était le nom du voyageur) n'eût rêvé organiser le
service de la poste sur une nouvelle
base. Il s'était dit qu'en Angleterre, où les affaires de
familles sont très-fortes, mais où les membres
vivent ordinairement fort dispersés, où l'esprit de commerce et
d'entreprise ne connaît pas de bornes,
la correspondance n'était limitée que par l'énormité des
frais de poste et qu'en abaissant cette
barrière, on rendrait un grand service à la société, sans
nuire aux ressources du trésor.
» Ses vues furent agréées par le gouvernement anglais, et le
10 janvier 1840, les lettres ne payérent
plus que dix centimes pour circuler dans toute l'étendue des
Iles Britanniques.
» Cette innovation hardie dépassa bientôt les espérances des
législateurs; dix ans plus tard, en
1850, le nombre de lettres s'était accru de 1,500,000 à
7,239,962. »
De tout ce qui précède, il résulte que les premiers timbres
datèrent réellement de 1653. Faut-il
conclure de là que MM. Treffenberg et Rowland-Hill n'aient été
que les exécuteurs d'une idée
émise avant eux, ou, qu'ignorant l'existence de timbres
antérieurement à leur époque, la même
idée ait germé à la fois dans l'esprit de chacun d'eux ?
Les deux hypothèses sont admissibles. Nous avons même une
tendance à croire à la dernière.
En effet, les timbres de 1653 n'ont eu cours que pendant un
certain temps et leur usage se restreignait
à la seule ville de Paris, car, si l'on en excepte les francos
en blanc usités à la cour de
Charles II et à celle de Louis XIV, et qui n'étaient pas faits
pour le public, l'on n'en a trouvé, jusqu'ici,
aucune trace ailleurs.
Il n'y aurait donc rien d'extraordinaire à ce que MM.
Treffenberg et Rowland-Hill n'eussent pas
eu connaissance d'un fait d'administration locale qui s'est
passé 180 ans avant eux, fait tellement
ignoré de notre époque, qu'il a fallu compulser des archives
pour en constater l'existence presque
éphémère.
Quoi qu'il en soit, que MM. Treffenberg et Rowland-Hill aient ou
n'aient pas connu les
timbres du XVIIe siècle, il n'en est pas moins vrai que c'est à
leur initiative, à celle du dernier surtout,
que nous devons le système d'affranchissement dont nous
apprécions tous les jours les facilités.
Tout en laissant aux contemporains de Louis XIV leur part
d'honneur de l'avoir les premiers
imaginé, nous estimons que le monde entier doit savoir gré à
l'Angleterre d'avoir réalisé ce que
d'autres avaient, avant elle, dédaigneusement déclaré
irréalisable, et d'avoir su conduire à bien ce
que la France avait jadis si insouciamment laissé tomber en
désuétude.
Page 25 - Les timbres-poste considérés au point de
vue de l'histoire.
Les timbres ont, dans ces derniers temps, attiré l'attention
des journaux, qui, tous, ne les ont pas
appréciés avec une égale bienveillance. A ce propos nous
avions réuni en un article tous les arguments
qui plaidaient en faveur de cette « manie » comme disent ces
feuilles, lorsque, en réponse à un article
du Sémaphore de Marseille, que l'on trouvera plus loin, un
correspondant de Paris, qui s'est caché
sous le voile d'un pseudonyme, nous envoie l'article ci-dessous
qui envisage les timbres sons un jour tout
nouveau et fait bonne justice des attaques qu'ils ont eu à
subir.
Il est presque impossible que deux personnes ayant à traiter lu
même sujet, relativement aussi restreint
que le nôtre, ne se rencontrent pas par-ci par-là.
C'est un peu ce qui nous est arrivé quant à l'article que nous
avions préparé, lequel , en quelques
points, côtoie, pour ainsi dire, celui de notre correspondant.
Mais ce dernier émet des considérations si
judicieuses et des idées si neuves, que nous lui accordons
non-seulement et avec le plus grand plaisir
l'hospitalité, mais encore la priorité.
« Un journal du midi de la France s'est plaint dernièrement,
peut-être avec raison, des importunités
auxquelles donne lieu la passion du timbre-poste.
» Cette passion nouvelle, qui se répand avec une fureur
croissante, dégénère sans doute en timbromanie;
beaucoup de gens recherchent les timbres à divers titres : les
uns par originalité, les autres par
goût; ceux-là par vanité, ceux-ci, et ce sont les plus
nombreux, les recherchent pour faire comme
tout le monde; ajoutons ces négociants d'un nouveau genre, et
enfin la gent collégienne qui, elle
aussi, fait une concurrence acharnée à tous les
collectionneurs.
« Nous convenons que la persévérance, souvent indiscrète, de
ces derniers est bien faite pour exaspérer
les gens les plus froids ; mais convenons aussi qu'il y a certain
plaisir à trouver dans les trésors de
la réserve, de quoi enrichir les albums plus gracieusement
présentés.
» Il ne faut pas croire, cependant, que tout se borne à former
ces mosaïques qui provoquent les
dédains de la feuille en question : le timbre-poste, avant de
porter la marque d'annulation, est une
sorte de papier-monnaie ayant une valeur représentative qui lui
donne cours dans bien des circonstances
autres que celle de l'affranchissement. C'est à ce titre
incontestable que les numismates l'ont
déclaré digne de figurer dans les collections.
» Si parmi ces carrés de papier il en est qui, par leur type,
sont d'une insignifiance extrême, il en
est d'autres, au contraire, qui nous offrent des portraits
frappants d'un grand nombre de souverains.
Ces portraits ont l'avantage énorme d'être plus exacts et plus
agréables à la vue que ceux des
monnaies actuelles.
» La gravure des timbres-poste, généralement traitée avec
art, est durable, tandis que celle des
monnaies s'efface promptement par l'usage. Le timbre-poste est en
outre infiniment plus répandu
que la monnaie, qui exige des efforts, des soins et des frais
qu'on ne saurait reprocher au timbre-
poste.
» Nous ne regrettons qu'une chose, c'est que les divers États
n'adoptent pas pour leurs timbres-
poste, l'effigie du souverain concurremment avec ses armes ou
celles du pays qu'il gouverne.
« Nous faisons encore des vux pour que le timbre
d'annulation soit disposé de manière à ne
pas détruire complètement le type, ainsi que cela a
malheureusement lieu en Angleterre, en Belgique, etc.
» Les timbres d'enveloppes sont généralement d'une exécution
parfaite, malheureusement c'est
encore de l'art perdu, car le relief disparaît par l'effet de la
pression, s'il n'a déjà disparu par l'apposition
du timbre d'annulation.
« Que MM. les administrateurs du service des Postes veuillent
bien lire ces quelques lignes et faire
étudier les questions qu'elles agitent, nous sommes convaincu
qu'ils y trouveront l'occasion de satisfaire
bien du monde, tant au point de vue de l'art et de la science,
qu'au point de vue de l'histoire.
« Il serait à désirer aussi que MM. les graveurs apportassent
plus d'art dans la reproduction des
effigies, plus d'exactitude dans les traits des souverains; qu'il
n'y eût pas, surtout, des portraits officiels
en contradiction flagrante avec les portraits vrais. Nous ne
pensons pas que l'histoire puisse
gagner quelque chose à la galanterie exagérée de ces
messieurs.
» Les anciens ont perpétué les faits glorieux de leur histoire
au moyen de leurs monnaies.
» Ce sont les monnaies qui ont éclairé plusieurs points de
l'histoire; elles ont agrandi son domaine
en conservant l'image la plus juste, la plus exacte des
vêtements, des armes, des ustensiles, des costumes
des anciens ; elles nous ont conservé les traits des grands
hommes de l'antiquité, ainsi que
la forme de plusieurs grands édifices que le fer, le feu et le
temps ont détruits. Véritables pages de
l'histoire, elles servent de témoignage, de justification ou de
démenti aux Tacite, aux Tite-Live, aux
Salluste. Elles constatent les dates des grands événements des
peuples, elles nous font connaître l'origine
des villes, des provinces et des colonies romaines.
» Peut-il en être de même aujourd'hui? Hélas! non. Parce
qu'aujourd'hui des intérêts plus grands
ne nous permettent pas de distraire la monnaie de son véritable
but, et qu'il a fallu sacrifier à la commodité
tout ce que l'art et l'histoire confiaient à la monnaie antique.
» C'est par ces monnaies que nous connaissons, que nous
possédons même, ces beaux types des
Nerva, des Trajan, des Antonin, etc. Nous doutons qu'on trouve
jamais dans une postérité aussi
reculée une seule de nos monnaies de bronze.
» Il est vrai que des médailles spéciales relatent
non-seulement les faits principaux, mais encore
bien des faits d'un intérêt secondaire que les anciens
dédaignaient. C'est une compensation sans
doute, mais elle n'est pas satisfaisante, en ce sens que leur
nombre est excessivement borné relativement
à la monnaie ; quelques cabinets seuls les possèdent, tandis
que la monnaie se répand profusément.
» Or, puisque les monnaies ne peuvent plus aujourd'hui, comme au
temps de Rome, servir à perpétuer
les faits de l'histoire des nations, pourquoi ne consacrerait-on
pas le timbre-poste à cet usage ?
» Il y a en moyenne dans chaque État, six timbres-poste en
service : le premier et le dernier porteraient
l'effigie du souverain ; le deuxième et l'avant-dernier
porteraient les armes et aussi les couleurs
de l'État; les timbres intermédiaires seraient réservés aux
faits principaux.
» Les quatre premiers subiraient les changements de dynastie ou
de règne; les autres seraient
renouvelés plus souvent.
» Serait-ce un inconvénient ? Nous ne le pensons pas, puisque
dans certains États, le renouvellement
se fait à peu près chaque année, afin de prévenir la fraude.
» Quant au dernier grief exposé par la même feuille, nous
pensons qu'il n'est pas sérieux; nous
ne pensons pas davantage que le commerce des timbres-poste ait
jamais eu un but illicite. Beaucoup
d'amateurs, nous le confessons nous-mêmes, ont en effet essayé
de purger, en partie, le timbre, de certaines
griffes d'annulation qui le recouvrent affreusement; nous savons
par expérience que ces essais,
poussés aussi loin que possible, n'ont donné aux amateurs que
des résultats désastreux.
» Sans doute, l'administration a raison de se préoccuper d'une
question qui semble menacer les
intérêts financiers; mais nous sommes convaincus que, loin de
leur être nuisible, l'extension extraordinaire
de cette nouvelle branche de commerce, qui vient de surgir d'une
manière si étrange, leur est infiniment
productive, puisqu'à côté de ces ballots de timbres-poste
oblitérés, qui, à notre avis, ne s'expédient
à l'étranger que pour aller tapisser les appartements de
quelques célébrités excentriques, il s'exporte
pour des sommes considérables de timbres neufs destinés à
orner les milliers d'albums qui s'ouvrent
chaque jour dans toutes les parties du monde.
Paris, le 25 mars 1863.
E. De Rives de Seine.
Page 27 -
On lit dans le Sémaphore.
« Tout homme qui est dans les affaires ou qui est soupçonné
d'avoir des correspondances n'importe
avec quelle contrée, mais surtout avec celles qui sont le plus
éloignées, ne peut se présenter
aujourd'hui dans une maison sans y être accueilli par cette
question : Avez-vous des timbres-poste ?
Les enfants et même de grandes personnes se livrent aujourd'hui
avec une véritable furie à la collection
de ces petits carrés apposés sur les lettres pour
l'exonération de la taxe, ces carrés, qui reproduisent
des têtes de souverains, des bonnets phrygiens, des animaux et
une foule d'autres attributs
destinés à aller figurer dans un album où ils forment une
assez étrange mosaïque. Les élèves de
nos pensionnats ne se bornent pas, dans notre ville, à réclamer
des timbres à leurs parents ou amis de
la maison ; ces jeunes et fervents collectionneurs se rendent aux
abords de la direction des postes et
adressent leur petite requête à nos négociants qui, on le
sait, ont assez l'habitude d'ouvrir et de lire
leurs correspondances sur la voie publique.
« Cette manie de collectionner les timbres-poste est arrivée
à un tel point qu'il en résulte un trafic
considérable, qui a dû éveiller, s'il faut en croire une
feuille parisienne, l'attention de l'administration
des postes. On a appris, par exemple, que les timbres français
ayant déjà servi étaient envoyés
par ballots en Allemagne et surtout en Angleterre, et l'on s'est
demandé si c'étaient bien des collectionneurs
de timbres-poste qui absorbaient en si grande quantité ces
estampilles sans valeur, et s'il
n'y avait pas derrière ces timbromanies quelque industrie
illicite. Enfin, si ces mêmes timbres maculés
d'encre et marqués de la griffe de l'administration des postes
n'étaient pas l'objet d'un trafic
coupable, et si, soumis par exemple à un lavage quelconque, ils
n'étaient pas remis en circulation.
Une commission a été, dit-on, nommée par le directeur
général des postes, pour examiner cette question
et aviser aux moyens de prévenir les fraudes qui pourraient
résulter de l'emploi réitéré des
mêmes timbres-poste.
» On assure qu'un amateur de ces sortes de collections,
blessé par ce soupçon, a donné des explications
les plus satisfaisantes sur les timbres-poste envoyés en
Angleterre. D'après lui, le but des collectionneurs
serait non-seulement irrépréhensible, mais encore louable et
même admirable, car le produit
de la vente de ces timbres-poste est destiné à racheter un
malheureux esclave, qui jouit ainsi, par
la grâce du timbre-poste et des collectionneurs, des bienfaits
de la liberté.
» Avis aux négrophiles. »
Page 27 -
DE LA TIMBROMANIE, SON ORIGINE ET SON DÉVELOPPEMENT.
I
De tous temps il s'est trouvé des esprits observateurs qui se
sont plus à réunir des objets divers,
auxquels les sciences, les arts ou les traditions attachaient
quelque prix. De là viennent les galeries
de tableaux, les cabinets de physique, les bibliothèques, etc.,
où l'on peut, presque d'un coup d'oeil,
se rendre compte des progrès des sciences et des arts, et en
étudier avec fruit la marche progressive
et l'état dans tel ou dans tel siècle passé. Au-dessous de ces
collections par excellence, viennent se ranger
celles d'une valeur intrinsèque moindre, quoique d'un intérêt
souvent plus grand. Tels sont en général
les collections d'antiquités et d'objets historiques.
Le respect du passé en fait toute la valeur ; et, l'imagination
aidant, en voyant, en touchant des objets
qui ont appartenu à des personnages célèbres dans l'histoire,
on croit revoir ces personnages eux-mêmes.
De même qu'en contemplant des ruines, on évoque le peuple
auquel elles ont survécu, de même,
par exemple, la Bible de Marie Stuart, la canne de Voltaire et la
fameuse table sur laquelle fut signée
l'abdication de Fontainebleau nous rappellent : et la reine
malheureuse, et le poète sarcastique et le
vainqueur d'Austerlitz.
Enfin, en dernier lieu, et tout au bas de l'échelle, nous
trouvons ces niaises réunions de bibelots de
toutes espèces, de tabatières, etc., voire même de boutons de
guêtres, qui ne doivent leur existence
qu'à la monomanie d'un désuvré quelconque dont
l'intelligence est presque toujours en raison inverse
de la fortune.
Sans élever des prétentions assez hautes que pour assimiler en
rien le genre de collection dont nous
nous occupons spécialement, à celles dont nous avons parlé en
premier lieu, nous ne craignons pas
de dire que, si modeste, si innocente que puisse paraître une
réunion de timbres-poste, elle est
digne d'être classée bien au-dessus des objets de la dernière
catégorie, qu'elle dépasse de toute la distance
qui sépare l'utile de l'inutile, l'uvre de l'esprit,
enfin, de celle de l'ineptie.
Mais avant que d'arriver au cur même de notre sujet « les
timbres-poste » on nous permettra de
jeter un coup d'il rétrospectif sur l'époque qui a
précédé la création des timbres et par conséquent
des collections.
II
Parmi les découvertes dont peut se glorifier le XIXème
siècle, et qui lui assureront à jamais la supériorité
sur ses devanciers et le respect des siècles futurs, il faut
citer en première ligne celle de la
vapeur, ou, tout au moins, l'application à l'industrie et
surtout aux chemins de for et à la navigation,
de cette puissante force motrice. Avec elle les distances sont
rapprochées et n'existent plus, des contrées
ayant jadis à peine connaissance les unes des autres sont mises
en rapport; les deux mondes, que
sépare l'infini de l'Océan, sont maintenant porte à porte et
nous sont plus familiers, que ne l'était à nos
pères l'extrémité de leur province. Ces facilités de
communications ont produit un mouvement commercial
sans précédent dans l'histoire du monde, et auprès duquel le
commerce de Tyr, de Carthage
et de Venise la grande ne sont que jeux d'enfants.
Mais ce serait peu que les forces de la vapeur servissent
seulement à la satisfaction de nos intérêts
matériels; une mission bien autrement noble et grande leur est
dévolue : celle d'être le véhicule de
la pensée. Qu'est-ce qui nous rapproche de nos parents
éloignés et nous parle d'eux ? Qu'est-ce qui
parle de la patrie à l'exilé transporté dans une autre
hémisphère, ou simplement banni du sol natal, au
soldat combattant et s' acclimatant sous la zone torride, au
voyageur que le négoce envoie aux antipodes ;
qu'est-ce enfin qui, tous tant que nous sommes, nous fait causer
quelques instants avec ceux qui
nous sont chers, à quelque titre que ce soit, lorsque le hasard
ou le malheur nous en a séparés ? C'est la
lettre. C'est elle, frêle missive à laquelle nous avons confié
nos joies, nos peines ou nos vux, qui s'en
va dans tous les recoins des continents, à travers les détroits
et les isthmes, porter discrètement une
partie de nous-mêmes : nos idées.
Si donc la correspondance est si éminemment moralisatrice, il
faut accueillir avec bonheur tout ce
qui tend à la développer, la vulgariser et la rendre facile et
peu coûteuse à la classe la moins aisée,
c'est-à-dire, dans tous les pays, à la masse. Or, après la
vapeur, ce qui a multiplié en quelques années,
dans une si étonnante proportion, les lettres et correspondances
de toutes sortes, c'est assurément
et sans contredit le timbre-poste.
Que nos lecteurs veuillent bien se transporter avec nous à
quelques années en arrière, ils seront
étonnés de cette foule d'obstacles qui se posaient devant la
mise en circulation d'une simple lettre : des
tarifs élevés, presque toujours peu connus du public, dans les
grands centres, des pertes de temps incroyables
pour l'affranchissement des lettres, des lenteurs sans pareilles
dans la transmission des dépêches,
des difficultés de correspondre avec telle ou telle contrée,
enfin, pour l'administration, une comptabilité
triple pour un chiffre d'affaires infiniment moindre : voilà, il
n'y a pas encore bien longtemps,
quels ennuis nous valait à tous, administrateurs et
administrés, l'ancienne organisation.
Telle était, disons-nous, la situation, lorsque M.
Rowland-Hill inventa le timbre-poste, dans les
circonstances que nous avons déjà rapportées (voir ci-dessus).
Nous disons « inventa » c'est peut-
être à tort, puisqu'il paraît prouvé que bien avant M.
Rowland on eut un mode d'affranchissement analogue,
mais rien ne prouve, cependant, qu'il connût Velayer et
Treffenberg. L'histoire est d'ailleurs
pleine de ces découvertes qui eurent plusieurs auteurs, et, si
l'on veut bien nous permettre de lui
emprunter deux exemples, plus célèbres, il est vrai, nous
rappellerons que les Chinois imprimaient bien
avant nous. La célébrité de Gutenberg lui en est-elle moins
justement acquise ? Nous ne le croyons pas.
D'autres que Colomb ne crurent-ils pas à l'existence d'une terre
au-delà de l'Atlantique ? C'est
possible, c'est même probable. Mais le premier il ne se borna
pas à rêver ; il agit, et nous dota d'un
monde. A nos yeux, ceux-là seuls sont des hommes de génie qui
savent, à travers mille obstacles, exécuter
ce qu'ils ont conçu, ceux-là seuls, enfin, sont des inventeurs
véritables.
Nous ne nous appesentirons pas sur les bienfaits qui sont
résultés de la mise en usage des timbres-
poste; ils sont patents et hors de toute discussion : tous ceux
qui écrivent en apprécient la valeur ;
nous nous bornerons ici à examiner les timbres au point de vue
des collectionneurs.
III
C'est en Belgique que germa l'idée de collectionner des
timbres. Nous osons même dire que des
premiers à Bruxelles nous devinâmes que le timbre-poste
n'était pas qu'un chiffon, uniquement destiné
à être maculé par la griffe postale, et nous pressentîmes la
curiosité qui s'attacherait un jour à ces petits
carrés de papier multicolores, alors à peine honorés d'un
regard dédaigneux ou distrait; aujourd'hui,
quelle que soit leur valeur, recherchés avec fureur et
conservés religieusement dans d'innombrables
albums. C'est même à cette foi prématurée que nous avons eue
dans l'avenir des timbres-poste
comme objets de curiosité, que nous sommes redevables de
posséder une des plus brillantes collections
qui existent. Pendant près de douze ans, alors que personne n'y
songeait, nous avons amassé une à
une, au prix souvent des plus grands sacrifices, ces petites
effigies, et alors pourtant nous n'avions encore
d'autre mobile que la passion du collectionneur, nous n'étions
encore mû que par « l'amour
de l'art, » si l'on veut bien nous pardonner une expression,
exagérée, sans doute, mais qui rend bien
notre pensée; en un mot, le commerce n'existait pas et nous
n'étions pas encore marchand. Il nous
en souvient encore. Amateur fervent, nous allions de temps en
temps nous extasier devant les 100 ou
150 timbres qui paradaient dans l'établissement de M.
Vandermaelen, ce vaste caravansérail de toutes
les curiosités du globe; et ni les oiseaux empaillés, ni le
cabinet de physique, ni la gigantesque mappemonde
ne captivaient noire attention : nous n'avions d'yeux que pour
les timbres, objets de nos
désirs les plus vifs et contre lesquels nous eussions troqué
volontiers toutes les curiosités de la terre,
voire même le clou où Napoléon accrocha, dit-on, son épée la
veille de Waterloo et que les habitants
du lieu vendent tous les jours aux Anglais. C'était alors
l'enfance de la timbromanie : elle ne comptait
encore que quelques adeptes; depuis lors, elle s'est faite
grande, et a pris une extension dont peuvent
difficilement se rendre compte les personnes qui n'ont pas, comme
nous, les moyens d'en suivre la marche
envahissante. De Belgique, le goût s'en est répandu en France,
puis en Angleterre, puis en Allemagne,
puis, enfin, il a franchi l'Atlantique, et à cette heure, les
timbres se prélassent aux États-Unis,
sans que les Confédérés paraissent en vouloir arrêter les
progrès. Pour ce qui regarde l'Europe, les
timbres ont eu tous les genres de succès, même celui de la
critique. Oui, vraiment ! ces pauvres timbres
ont été non-seulement critiqués, mais encore calomniés. On ne
les accusait de rien moins que de
développer chez la jeunesse le goût de l'intérêt et du luxe,
de la détourner de ses études, et quant aux
grandes personnes, d'absorber leur esprit au détriment de leurs
occupations plus sérieuses, d'exciter
les citoyens à la haine et au mépris... non, pas de ceci, c'est
déjà bien assez de griefs comme cela. Ne
vous semble-t-il pas, chers lecteurs, entendre un réquisitoire?
Il ne manque que des considérants et un arrêt, et voilà les
timbres condamnés en bonne et
due forme. Étaient-ils donc si coupables, ces timbres,
que pour s'attirer de telles accusations ?
Nous ne le pensons pas, et nous allons tâcher de présenter ici
leur défense, en demandant pardon
aux collectionneurs de la présenter si mal.
IV
Les premiers qui se passionnèrent pour les timbres, quand
ceux-ci commencèrent à sortir de leur
obscurité, ce furent les enfants, les écoliers, les
collégiens, et en cela il n'y avait rien que de rationnel
et de conforme aux lois de la nature. L'enfance, qui ne juge que
par les yeux, qui ne procède pas encore
par la froide raison , mais aimant d'instinct tout ce qui est
brillant, vif et jeune comme elle,
pouvait-elle ne pas s'éprendre d'amitié pour ces petits carrés
de papier, rouges, verts et bleus, qui,
réunis et pittoresquement disposés, forment un ensemble bien
autrement attrayant à ses yeux que la
plus précieuse collection de médailles romaines ?
Assurément non. La véritable sagesse consisterait donc à faire
tourner au profit des études et de l'intelligence,
ce que l'on ne prenait jusqu'ici que pour un plaisir frivole; et
nous croyons que ce résultat
est déjà presque obtenu. Ici nous nous adressons spécialement
à ceux de nos lecteurs qui , depuis
plus ou moins longtemps, ont quitté les bancs de l'école, et
que nous supposons plus à même de juger
sainement les choses.
Après les mathématiques, une des sciences dont l'étude est la
plus aride, c'est sans contredit la géographie,
au moins d'après les méthodes que suivent beaucoup de
professeurs. Pour l'élève, ce n'est
qu'une longue nomenclature de caps et de golfes, de mers de
toutes couleurs , un dédale de fleuves , un
labyrinthe d'îles; il n'entend que des noms barbares, qui ne lui
disent rien, ne lui apprennent rien;
bref, l'écolier qui sort des classes sait généralement que
l'Amérique est à l'Ouest de l'Europe, et que la
Belgique est divisée en neuf provinces; mais quant à la
géographie vraie, c'est-à-dire à la subdivision
des continents en royaumes, à la situation de ceux-ci, leurs
formes de gouvernement , leurs dynasties,
leur commerce et leurs monnaies, ne lui en demandez pas un mot :
cela n'était pas dans le programme.
Eh bien, dussent les doctes professeurs s'en fâcher, ce que leur
science et leur routine n'ont pu faire,
les modestes timbres-poste l'ont fait, et de plus, ils ont amusé
leurs élèves, ce qui n'était jamais arrivé
à MM. les professeurs. Quinze jours passés à manier ces
brimborions de toutes nuances donnent
plus de connaissances qu'on n'en acquière souvent en des années
de collège, car, pour le peu qu'on
s'en occupe, il faut nécessairement apprendre la position
géographique de leurs pays respectifs ;
l'effigie ou la vignette vous apprend, la plupart du temps, la
forme de gouvernement qui les régit , et
enfin, et ceci doit surtout fixer l'attention des personnes
sérieuses, un collectionneur doit de toute
nécessité connaître les diverses monnaies ayant cours dans le
inonde : Dollars, Livres, Kopecks,
Kreutzers, etc., etc., et leur rapport avec le Franc, notre
unité de monnaie.
Quant au reproche adressé à cette collectiomanie d'exciter chez
la jeunesse l'amour du gain, il n'est
guère plus fondé que le premier. Nous l'avons trouvé formulé
entre- autre, et d'une façon assez spirituelle
du reste, dans une publication parisienne « le Journal Amusant
» qui a bien voulu consacrer aux timbres
deux pages de croquis. Merci au Journal Amusant.
Cette accusation a été lancée en vue de cette petite bourse
aux timbres qui se tient à Paris au
Jardin des Tuileries ou au Luxembourg ; mais nous croyons qu'elle
est imméritée et que l'on s'est beaucoup
exagéré la portée de cette bourse dont les opérations se
réduisent, en fin de compte, à un simple
commerce d'échanges auquel l'envie du gain est bien étrangère
, et dans lequel les négociants en herbe
n'apportent que la passion bien innocente du collectionneur.
Après s'être emparés en quelque temps de l'attention de la
jeunesse, les timbres ne se sont pas arrêtés
en si beau chemin et se sont attiré aussi les regards plus
sagaces de l'âge mûr, qui, s'il est moins prompt
à s'enflammer, comprend mieux aussi que le jeune âge, et par le
secours de sa raison et de son expérience
développe, met à profit, fait produire des résultats imprévus
à telle fantaisie de la jeunesse ,
à laquelle celle-ci n'attachait d'abord d'autre importance que
celle d'un plaisir passager. Les collections
de timbres ont maintenant l'assentiment d'une foule de personnes
sérieuses : négociants, savants,
magistrats, etc., qui ont été frappés, comme beaucoup, de
l'attrait que présente cette foule de vignettes
coloriées et blasonnées dont l'intérêt est destiné à
s'accroître encore avec le temps , et de
l'immense ressource que seront ces collections, pour les
historiens et les écrivains qui, dans un siècle ou
deux, feront l'histoire de notre temps, au triple point de vue de
la politique , de l'industrie et du
commerce. Pour bien apprécier les services que, nous n'en
doutons pas, elles sont destinées à rendre
plus tard comme documents historiques, il faudrait supposer un
instant que nous en eussions déjà depuis
ces trois derniers siècles, par exemple. Que de renseignements
utiles sur les rapports commerciaux
des nations et leur industrie, nous posséderions et qui nous
font presque complètement défaut sur les
temps antérieurs au nôtre. Mais plus heureux que nos pères,
nous avons à notre disposition , pour
transmettre à nos descendants l'histoire contemporaine, des
moyens qu'ils n'avaient pas : c'est à nous
d'en user. Au reste, maintenant la voie est tracée et suivie par
des milliers de collectionneurs qui travaillent,
beaucoup sans s'en douter, pour la postérité.
Aussi ne craignons-nous pas d'avouer que nous sommes heureux
d'avoir, dans la limite de nos
petits moyens, contribué quelque peu à activer le mouvement de
la timbromanie; et que si elle est devenue
à la fois un objet d'étude et de commerce si universellement
répandu , nous sommes pour quelque
chose dans ce résultat. Et qui sait ? peut-être les érudits et
les historiens de l'avenir sauront-ils
gré à la génération actuelle de leur avoir conservé d'aussi
précieuses archives.
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MÉMOIRES D'UN TIMBRE-POSTE DE LA NOUVELLE-ECOSSE. par Léon Chandelier.
Page 31 -
Hambourg et ses offices particuliers.
Page 33 -
Quelques observations sur le service des postes en Belgique.
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Les timbres et la direction des postes de France.
Il paraît que l'administration des postes de France a pris au
sérieux l'histoire des ballots de timbres
oblitérés partant pour l'étranger, à l'effet d'y être soumis
à un lavage et pouvoir être remis en circulation.
Nous avions peine à y croire, mais d'après les avis qui nous
viennent de différentes villes de
France, le fait est certain , et la défiance et la crainte du
trésor se sont déjà manifestées par plus
d'une vexation administrative et bureaucratique.
Interdire simplement l'exportation des timbres, ce n'est que de
la naïveté, car il est mille et une manières
d'exporter les timbres en les dissimulant fort bien; voici la
vexation : MM. les employés de
l'administration des postes, oubliant la maxime de feu M. de
Talleyrand « et surtout pas de zèle » ont
renchéri sur les ordres de leurs chefs et ont fait main basse
sur des collections entières renfermant
peut-être vingt timbres français contre mille à douze cents
timbres de tous pays enfin, ces messieurs
ont fait du zèle. Hâtons-nous d'ajouter que les collections ont
été restituées à leurs propriétaires,
que des excuses ont été faites à ceux-ci et que le directeur
général a fortement blâmé les employés
d'avoir si mal interprété ses intentions.
Quant à ce prétendu lavage que l'on ferait subir aux timbres,
nous ne dirons pas qu'il n'existe pas,
mais nous affirmons qu'il est de la plus entière inefficacité.
Le timbre lavé et complètement débarrassé de la griffe
d'annulation est une chimère. Il n'est pas de
collectionneur peut-être qui n'ait tenté l'essai, non pas dans
un but illicite, mais simplement pour
ajouter à la beauté d'un exemplaire, et jamais l'on n'est
parvenu à enlever l'encre qu'au détriment du
papier et de la couleur. Les expériences nombreuses auxquelles
nous nous sommes livré nous-mêmes,
ont toujours été des plus négatives dans leurs résultats, et
nous sommes persuadé que tous les chimistes
du monde, M. Orfila en tête, y perdraient leur latin et leur
science. Au reste, ce que nous disons
ici n'est pas neuf; nous ne faisons que revenir, puisque
l'occasion s'en présente, sur les observations
si justes et si bien dites de M. Desrives (voir ci-dessus).
Concluons : le lavage des timbres
est une impossibilité.
Alors, si les administrations de tous pays entendaient leurs
véritables intérêts, et loin de tracasser
ainsi de toutes façons un commerce si nouveau et déjà si
important, elles lui donnaient, au contraire,
toutes les facilités désirables, elles n'auraient,
croyons-nous, qu'à s'en féliciter en voyant leurs
recettes s'augmenter de jour en jour. Il y a plus, quand bien
même les gouvernements n'auraient pas
déjà les bénéfices de la vente des timbres destinés aux
collections, ils n'en devraient pas moins favoriser
de tout leur pouvoir une nouveauté, une mode, si l'on veut, qui
nécessite une correspondance
énorme et répond si bien à l'un des grands principes de
l'économie politique moderne : la circulation
de l'argent.
Un mot pour finir. Qui donc le premier a parlé de ballots, à
propos des timbres exportés de France ?
Nous n'en savons rien ; mais nous avons tout lieu de croire que
c'est un profane par rapport à la timbromanie.
Tous les journaux, depuis quelque temps, les jours où il y a
disette de nouvelles, où deux télégrammes
ne leur apportent pas à la fois la nouvelle de cinq mille Russes
battus par deux cents Polonais
et réciproquement de deux cents Polonais égorgés par cinq
mille Russes, où la politique
chôme, où enfin, pas le moindre serpent de mer n'apparait à
l'horizon ; ces jours-là, disons-nous,
les journaux daignent s'occuper des timbres-poste et parler des
ballots susdits, avec cet aplomb qu'ils
apportent à traiter indifféremment toutes les questions, depuis
les affaires de Pologne jusqu'aux étoiles
filantes.
S'est-on quelquefois demandé ce que c'était qu'un ballot ?
En terme d'emballeur, l'idée la plus commune
qu'on se fasse d'un ballot, est celle d'un colis d'une taille
déjà respectable, d'un poids idem ;
un colis tenant le milieu entre un paquet et une balle de colon,
en se rapprochant toutefois beaucoup
plus de cette dernière. Or, quand on saura que 100,000 timbres
occupent la place d'un volume
grand in-octavo, on arrive à un chiffre effrayant, impossible
pour un seul ballot. Qu'est-ce
donc lorsqu'il s'agit de ballots ? Nous comprenons que le
patriotisme français se soit effrayé à
l'idée de voir l'Europe transformée en un vaste atelier de faux
timbres et ceux-ci inonder la France,
comme jadis les faux assignats confectionnés en Angleterre.
Bref, peu s'en est fallu qu'on ne vit
l'avenir financier de la France compromis. Que de craintes vaines
l'on se serait épargnées si l'on avait
davantage raisonné la question, et si l'on s'était dit que, en
admettant qu'il soit sorti de France des ballots
de timbres oblitérés, on n'en a pas encore signalé un seul à
l'entrée, et qu'entrassent-ils même
en France, ces timbres remis à neuf, il faudrait, comme pour
toute marchandise, en chercher un débit,
qui serait d'autant plus difficile que l'on ne pourrait bazarder
ni publications ni annonces quelconques.
D'un autre côté, l'aspect nécessairement fripé de cette foule
de timbres détachés, car ils seraient
détachés, à moins que le chimiste en question n'ait trouvé le
moyen de les réunir de nouveau,
leur aspect, disons-nous, éveillerait tout d'abord la défiance
et ferait soupçonner leur coupable origine.
Mais supposons toutes ces difficultés aplanies, et ces timbres
ayant la même fraîcheur que leurs frères, il
arrivera de deux choses l'une : ou le public ignorera la
falsification, et alors quelle raison aura-t-il
de ne pas se fournir à la poste? Ce ne serait pas l'intérêt,
car, sous peine de donner l'éveil, on n'oserait
les vendre avec un rabais de quelque, importance.
Ou bien le public connaîtra le faux, mais s'il en garde le
secret, il n'ira pas jusqu'à s'en rendre complice,
dans la crainte des pénalités rigoureuses aux-quelles il serait
exposé, et continuera également
d'acheter ses timbres à la poste. Et voilà le chimiste
faux-monnayeur ayant sur les bras quelques
millions de timbres-poste.
Telles sont les réflexions que nous avons faites à la
lecture des lettres dont nous parlions plus haut.
Nous avons démontré que le lavage et la vente des timbres
lavés sont tous deux impossibles ; disons en
finissant que nous ne croyons pas à l'exportation, sur une si
grande échelle, des timbres maculés, et cela
pour deux raisons : la première, nous venons de la traiter, et
la seconde, c'est qu'aujourd'hui, au moins
la moitié des collectionneurs n'admettent dans leurs albums que
des timbres neufs, et si répandue que
soit la timbromanie, elle est, pensons-nous, loin de compter dans
le monde entier cent mille sectateurs;
or, les millions de timbres des ballots incriminés
surpasseraient de beaucoup la demande et ne tarderaient
pas à encombrer le marché. Espérons que ces quelques raisons
convaincront l'administration et
l'engageront à se relâcher de sa première rigueur.
Pour nous, qui plaidons avant tout une question de principe :
celle de la liberté de correspondance, nous
nous plaisons à croire que M. le directeur général
reconnaîtra la justesse de nos observations et saura
concilier les devoirs de sa haute position avec les intérêts et
les convenances du public.
Page 36 - La grande presse et les
timbres-poste.
(page 39 extrait...)
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